Vade-Mecum (1/7) ; à l’usage des voyageurs, “honnêtes hommes” dans le monde des années 20. Préliminaires

 

Vade-Mecum :
A l’usage des voyageurs, “honnêtes hommes” dans le monde des années 2020-2030

Il s’agit d’un essai qui tente avec un regard le plus ouvert et complet possible, 360°,  de donner quelques clés de lecture du monde économique, social et géopolitique, pour un public non spécialiste, dans les aspects descriptifs et explicatifs, et un public plus avertis dans les idées et propositions esquissées. 
Dans le projet il s’agit de fournir une sorte de « Vade-Mecum », c’est-à-dire, « Viens avec moi » , que l’on peut décrire comme un manuel ou guide à garder sous la main.

Le sujet de ce « guide » est donc la description et la compréhension du monde économique, social et géopolitique pour tenter de le transformer ou de vivre avec en en comprenant ses enjeux majeurs.

Réflexion sur les transitions socio-économiques et écologiques : entre rupture et adaptation

Lorsque nous évoquons le changement des modes de vie, la transition des systèmes de production agricole ou industrielle, ou les problématiques écologiques et climatiques, une tension se crée entre deux tendances. D’une part, la nécessité urgente d’agir face à la gravité de la situation, économique ou, et,  environnementale, nous pousse à réclamer un changement radical. D’autre part, une transformation trop brutale risque d’entraîner un appauvrissement considérable et des conséquences sociales déstabilisantes.

Cette dualité soulève une question fondamentale : devons-nous envisager cette transformation comme une reconstruction complète, tel un monde à rebâtir après une guerre, ou plutôt comme une transition progressive, inévitable, mais qui requiert de nouveaux choix stratégiques ?

L’image de la guerre est souvent utilisée pour souligner les changements radicaux dans l’histoire. Cependant, bien qu’une guerre puisse entraîner des destructions massives de biens et de vies humaines, les crises actuelles, telles que la pandémie de COVID-19 en 2020, ne provoquent pas le même type de destruction systématique. Elles nous font cependant entrer dans une période de transformation, dont l’issue est encore incertaine. Nous glissons dans un « toboggan », où nous ne contrôlons ni la direction ni la vitesse de manière totale.

Une longue pente : vers une nouvelle définition du progrès ?

Pour comprendre le présent, il est essentiel de revenir sur l’évolution de nos sociétés modernes. Après la Seconde Guerre mondiale, les pays occidentaux ont connu une période de prospérité économique sans précédent, les « Trente Glorieuses ». Durant cette époque, la priorité était de reconstruire, de relancer l’économie, ce qui a conduit à une expansion consumériste généralisée. Cette phase de développement, marquée par l’essor des industries et des infrastructures, a occulté les risques écologiques émergents.

En 1968, un tournant sociétal a eu lieu, marqué par les mouvements de contestation portés par la jeunesse, qui aspirait à un monde plus juste et plus libre. Ce mouvement a mis en lumière les contradictions du modèle de développement d’après-guerre, fondé sur une croissance économique sans limites. Herbert Marcuse, dans son ouvrage L’Homme unidimensionnel 1964 (1),  critique ce modèle consumériste qui engendre une aliénation sociale et environnementale. Ce que la jeunesse de l’époque rejetait, c’était ce monde « froid » et « sans amour », perçu comme une machine à produire des biens au détriment des relations humaines et de la nature.

Cette remise en cause s’est poursuivie avec des crises successives, notamment la crise pétrolière de 1973, qui a souligné notre dépendance aux ressources naturelles, et plus récemment, la crise financière de 2008. La fragilité du système capitaliste, telle que l’a révélée la crise des subprimes, a forcé les États à repenser leur relation à l’économie mondiale. En conséquence, les gouvernements ont mis en place des régulations pour stabiliser le système financier, tout en transférant les risques vers les banques centrales et les États.

L’ère de la mondialisation et ses défis

Depuis les années 1990, avec l’essor de la mondialisation, les dynamiques économiques et géopolitiques ont profondément changé. Conduite par les USA et, à moindre degré par l’Europe, durant les 20 premières années de son développement, cette mondialisation à vue les géants économiques tels que la Chine et l’Inde bouleverser l’équilibre mondial et progressivement recentrer le monde vers le Sud. L’apparition des multinationales comme les GAFA et les géants asiatiques (AliBaba, Huawei) ont redessiné les contours du capitalisme global.

Les crises récentes, comme la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine, ont remis en cause notre conception de la mondialisation. Ces événements ont mis en lumière les vulnérabilités de nos sociétés face aux interdépendances économiques. La guerre en Ukraine, en particulier, a exposé nos faiblesses en matière d’approvisionnement énergétique et de dépendance aux matières premières. En février 2022, l’invasion russe a sonné comme un « coup de tonnerre », rappelant à l’Occident que son confort et sa sécurité ne sont pas garantis indéfiniment.

D’autres révolutions s’annoncent , un certain type de capitalisme, celui issue de l’usage généralisé d’internet , qui provoque l’ubérisation des professions, c’est à dire l’exercice d’une fonction autrefois professionnalisée et codifiée par des d’autres moyens déréguler ou supprimant des métiers intermédiaires , les taxis par exemple. Ce qui induit aussi une remise en cause du salariat comme source de revenu principal et principal facteur de production. 
Une économie du « Capital Cloud » qui change jusqu’au rapport de production traditionnels, en transformant chaque internaute en fournisseur de données,  devenues marchandises et capitalisées par un tiers. 

Vers un nouvel équilibre : le développement durable comme nécessité

Ces crises successives nous obligent à repenser notre modèle de développement. La prise de conscience de la crise climatique et écologique s’impose désormais comme une priorité. Il ne s’agit plus seulement de croissance économique, mais de trouver un équilibre entre les besoins humains et les limites de la planète. Le concept de développement durable, tel que défini par le rapport Brundtland (2) en 1987, repose sur l’idée de répondre aux besoins du présent sans compromettre les générations futures.

Cela soulève la question de la décroissance, une idée défendue par des intellectuels, comme Serge Latouche dans « le temps de la décroissance » 2010 (3), qui propose de réduire la production et la consommation pour préserver les écosystèmes et éviter des catastrophes écologiques irréversibles.

L’équité : une nouvelle dimension du progrès

En complément des valeurs fondamentales de liberté, égalité, fraternité, l’idée d’équité s’impose comme un nouveau paradigme. L’équité, contrairement à l’égalité, prend en compte les différences individuelles et contextuelles pour offrir à chacun les mêmes chances de réussite. Cela signifie adapter nos efforts pour que chacun puisse participer à la transition écologique de manière juste et solidaire, en tenant compte des capacités et des besoins spécifiques des différentes nations et populations.

Le populisme : un danger accru dans un contexte de crises multiples

Les crises économiques, sociales, et climatiques actuelles fragilisent les démocraties en exacerbant les inégalités et en provoquant une perte de confiance des citoyens envers les institutions. Ce climat d’incertitude nourrit la montée du populisme, un phénomène politique qui tire parti des peurs et frustrations populaires. Le populisme, qu’il soit de droite ou de gauche, repose souvent sur une rhétorique simpliste, opposant le « peuple » aux élites, et propose des solutions rapides et radicales à des problèmes complexes. Cependant, cette approche réductrice met en danger la stabilité des démocraties et la cohésion sociale. La crise climatique, notamment, est un terrain fertile pour les discours populistes niant l’urgence écologique ou proposant des solutions protectionnistes déconnectées des enjeux globaux. Le politologue Yascha Mounk, dans Le peuple contre la démocratie , 2018 (4), met en garde contre ces mouvements qui fragilisent les systèmes démocratiques en exploitant la colère des citoyens sans apporter de réponses structurelles viables. Si nous ne parvenons pas à restaurer la confiance dans nos institutions et à proposer des solutions inclusives et justes pour tous, le populisme continuera de croître, menaçant de déstabiliser davantage un monde déjà en proie à de profondes mutations.

Nos propositions de réflexions et d’analyse 

Il s’agira donc de s’intéresser à l’économie politique et à ses principes qui ont gouvernés notre monde.  Puis, après avoir évaluer la situation économique et géopolitique, il faudrait s’orienter vers une nouvelle économie politique dont nous tenterons de donner le cadre général et enfin rechercher les premières directions et propositions ou nous pourrions aller.
Pour parcourir ce monde en parfaite révolution, je vous propose une approche que j’ai intitulé :
Vade-Mecum , A l’usage des voyageurs, “honnêtes hommes” dans le monde des années 20.*
(* Il s’agit des années 2020-2030)

(1) Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel (1964) Ed éditions de minuit
(2) Rapport Brundtland : https://www.are.admin.ch/are/fr/home/media-et-publications/publications/developpement-durable/brundtland-report.html
(3) Serge Latouche et Didier Harpagès, « le temps de la décroissance » 2010-12, ISBN : 978-2-35687-202-9. Ed Le bord de l’eau
(4) Yascha Mounk,  Le peuple contre la démocratie , 2018 , Ed La relève
 

Cet essai se compose ainsi : (Liens intégrés)

Préliminaires : Vade-mecum Pourquoi et comment. (Cet article)
Acte 1 : Mise en perspectives et Principes d’économie politique.
Acte 2 : L’État du Monde.
Part 1 : Géopolitique
– Part 2 : Démographie, Ecologie , Economie politique.
Acte 3 : Une nouvelle économie politique pour une nouvelle politique.
Acte 4 : Que pouvons nous faire, prospectives.
Acte 5 : Fin de Partie, Nous y sommes.


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