Pour parcourir ce monde en parfaite révolution, je vous propose une approche que j’ai intitulé :
Vade-Mecum , A l’usage des voyageurs, “honnêtes hommes” dans le monde des années 20.
NB: Il s’agit des années 2020-2030
(*) indique un lien documentaire sur lequel vous pouvez cliquer.
Table of Contents / Table des matières
ToggleACTE 3 : Une nouvelle économie politique pour une nouvelle politique.
Fixer le cadre de cette réflexion
Dans cette nouvelle partie, l’objectif est d’utiliser les principes que nous avons vus dans les deux précédents ACTES pour voir comment nous pourrions fixer les bases d’une nouvelle économie politique , qui permettrait de dépasser les problématiques majeures que nous avons listées en fin d’ACTE 2.
Nous disions :
Nous sommes donc en face d’une quadrature du cercle, comme concilier le théorème de Pikety pour une redistribution non confiscatoire mais équitable, celui de Marx pour une logique capitalistique différente, viable et pérenne , la finance mondiale parce qu’il faut bien avoir des outils monétaires d’échanges puissants, l’écologie parce qu’on ne peut pas laisser la terre mourir, la démographie parce que l’accroissement de la population est une donnée de masse sidérante qui relaie tous les efforts et toutes les volontés au deuxième rang, la gouvernance des peuples et leur liberté parce que sans une cohésion , nous n’aurons que des situations de conflit plus ou moins dramatique, le modèle standard de consommation planétaire car nous n’avons qu’une seule terre, là où il nous en faudrait plusieurs désormais , et bien d’autres choses encore. Nous allons donc regarder maintenant ce que serait une nouvelle économie politique.
Pour analyser ce champ des possibles, nous allons nous baser sur quelques règles et principes posés antérieurement:
- Nous connaissons le théorème de Marx et celui de Piketty (Voir Acte1) sur les principes généraux du capitalisme, accumulation-destruction-concentration et sur la nécessaire re-distribution.
- Nous savons qu’un bien est non-marchand ou marchand, qu’il est matériel ou immatériel, et qu’il y a une équivalence dans la création de valeur de ces biens pour satisfaire des besoins, eux-mêmes matériels ou immatériels, marchands ou non-marchands. Cette réalité conduit à une réflexion sur la structure d’un PIB (Produit Intérieur Brut) et par exemple la valeur de cette notion au regard de la réalité des capacités d’un pays à assurer ces besoins primaires, et ceux de sa population.
- Ce qui fait la valeur d’un bien marchand c’est précisément un marché, ou lorsqu’il est non-marchand ses coûts de production .
- Nous savons que la création de monnaie est possible sans limite si l’économie réelle produit les biens qui lui correspondent dans un délai raisonnable… à défaut nous avons des bulles spéculatives ou une inflation très forte.
- La rareté, la durabilité, le renouvelable doivent devenir les indicateurs de la production et de la consommation, c’est-à-dire être pris en compte directement pour les processus de production, les choix de consommation.
A ces principes nous devons ajouter les axes d’évolution impératifs suivants :
- Nous devons reconsidérer le modèle standard de consommation, qui ne correspond plus aux capacités et exigences environnementales et aux contraintes démographiques planétaires.
- Nous devons trouver une politique économique et sociale qui prend en compte le théorème de Piketty , sans cette prise en compte nous serons sur une poudrière.
- Nous devons tenir compte de la réalité géopolitique et démographique du monde, dans ces deux dimensions la diversité et le temps.
- Nous devons intégrer la réalité de la gouvernance du monde, et proposer un schéma de conduite.
Il sera très difficile d’en tirer un plan d’action exhaustif , des propositions concrètes immédiatement applicables, ces principes resteront forcément généraux, parfois trop anecdotiques , ou très “locaux” pour deux raisons :
- L’inventivité et le génie humain pour apporter des solutions ne sauraient être réunis par une personne ou un groupe de quelques personnes.
- Les solutions sont aussi régionales dans un sens large , elles doivent toutes être mesurées et adaptées autant aux réalités de système , économie, physiques, environnementales , qu’aux différences géographiques, politiques ou culturelles.
Le travail de fond qui est à faire est donc de concevoir et de proposer un cadre le plus cohérent possible, c’est-à-dire tenant compte de toutes les dimensions exprimées qui guident l’action, les choix et la recherche de ces nouvelles opportunités décisives qui peuvent changer le monde.
Relier les principes et l’action
Si nous partons de l’idée que l’économie fonctionne comme nous l’avons décrit, que faut-il ajouter, transformer, révolutionner, modifier, pour que son principe fondamental nous conduise vers un avenir intégrant nos nouvelles contraintes ou ces nouvelles donnes, qui viennent des transformations majeures par l’écologie, la démographie, le social, le politique, l’international …
Remarque : Nous sommes bien d’accord pour dire que ces « contraintes » ont toujours existées. Nous avons voulu garder l’illusion des ressources infinies et d’un impact sans intérêt des processus économiques sur la nature pour l’écologie par exemple. Nous nous réveillons un peu tard.
L’Ecologie,
Plus d’usage et moins de propriété, “From Ownership to the UserShip”
La transformation du modèle de consommation standard passe pour un nouveau paradigme de consommation. Il ne s’agit pas de faire la promotion de l’économie coopérative, ou celle de l’ubérisation. Il faut juste comprendre qu’il y a des disruptions salvatrices dans le principe même de ces nouveaux modes de consommation des biens manufacturiers. L’une en est justement la rupture de propriété pour passer à l’usage. Et cela tombe plutôt bien quand on constate qu’une partie des disruptions économiques récentes se font sur ce principe. En effet répartir la consommation d’un bien , dont il faut rappeler qu’il n’existe que par une destruction de ressources de toutes façons, entre plusieurs utilisateurs est une façon de baisser les consommations des ressources rares, énergie, matières, temps. Ce mode de consommation partagé diminue l’empreinte carbone individuelle, rapportée au nombre d’individus, allonge la durée d’usage comme celle de la fourche de mon aïeul , réduit au maximum la pollution et agit sur la rareté par le principe de durabilité.
MN :Intéressant de se dire que le point de départ de l’ubérisation était une plus grande rentabilité,( uber, air b and b, blablacar etc) et qu’il y a des conséquences supplémentaires qui vont dans un sens coopératif.
PDI : Oui plutôt amusant , Stéphane SOUMIER , intervenant dans “l’info du vrai”, émission sur Canal + d’Yves Calvi, du 1/07/2020, disait en présentation que “le capitalisme a compris”, que les paradigmes avaient changé, écologie, RSE… Les crises obligent le capitalisme à se repositionner, qui tout en y trouvant un avantage certain, sert une autre cause. Cependant pour beaucoup cela reste suspect !
Gérer la rareté, ce qui est rare est cher ?
Le moyen économique, en gardant un modèle générique capitalistique, pour intégrer ces contraintes est la gestion de la rareté. Nous verrons que c’est le premier principe de l’économie, qui porte bien sont nom, et une notion ancienne et fondamentale.
Nous devons donc considérer aujourd’hui que tout bien est rare , et que donc nous devons « économiser » toutes les ressources qui le composent, et qui sont donc des biens également rares, qui concourent à la production du bien. Même l’air doit être considéré comme rare, car sa qualité peut se détériorer, et il pourra manquer un jour.
Le théorème du pauvre : « Tout bien doit être produit avec un minimum de ressources tenant compte de la rareté intrinsèque de chacune des ressources qui le compose. »
Autrement dit plus la ressource a un indice de rareté fort, une terre rare parce que les ressources connues sont en quantités relativement faibles par exemple, très localisé sur terre ou difficile à extraire, plus il faut soit l’économiser au maximum soit la remplacer par un autre bien, moins rare, ou une technologie moins consommatrice. Chaque processus de production doit être analysé ainsi.
Mais il ne s’agit pas que des biens matériels. En effet même des services finalement utilisent des ressources ayant toutes une « rareté » . Un service n’est produit qu’au travers de moyens, comme l’informatique, de matériel de toute sorte, véhicules par exemple, et de temps. Il a donc aussi un indice de rareté qui établit une échelle de ressources plus ou moins rares.
Ces analyses de valeur sont parfois en cours dans les entreprises et les administrations. Mais elles ne doivent pas porter que sur les biens manufacturiers ou agricoles, il faut aussi y incorporer tous les autres secteurs et tous les autres biens et services.
Lors de la pandémie, par exemple, les restrictions de circulation ont permis à de nombreux acteurs de se rendre compte de l’impact des déplacements, le temps perdu, le coût carbone etc… Il reste l’aspect interpersonnel d’une rencontre physique, qui doit sûrement exister pour des raisons sociales, mais moins souvent.
Corollaire 1: (*)Durabilité et Renouvelabilité (sustainability)
Il nous faut chercher des moyens de réduire la rareté, d’une part en n’obligeant pas à accélérer le renouvellement des biens produits, par exemple par (*)l’obsolescence programmée et d’autre part en utilisant des ressources renouvelables chaque fois que cela est possible, comme l’énergie solaire ou l’énergie éolienne. Avec les limites déjà décrites.
Il y a déjà quelques années (1990) que des chercheurs avancent sur cette idée de durabilité, ils ont défini (*)des règles de « sustainability » , au nombre de 4
- Ne pas extraire des matières premières qui s’accumulent au delà de ce que la nature peut traiter ( décomposition , ou accumulation des métaux, mercure par ex)
- Ne pas introduire systématiquement de nouveaux produits inconnus de la nature ( les plastiques)
- Ne pas consommer plus de produits naturels que ce que la nature plus vite qu’elle ne se régénère ( déforestation)
- Ne pas mettre les hommes en société en péril à cause d’un modèle économique ( instabilité politique liée à l’exploitation des ressources naturelles)
Il faut tendre à considérer ces règles fondamentales, comme étant incluses dans tous nos projets.
Corollaire 2 : Il faut pouvoir mesurer la rareté
Mesurer la rareté simplement pour qu’elle puisse être prise en compte dans l’économie de marché et la réintroduire dans les coûts de production.
L’impact sera direct sur le prix de marché des biens marchands et indirect dans le coût de production des biens non marchands. Nous comprenons donc l’idée de la taxe carbone. Adaptée à tous les biens puisqu’elle symbolise la consommation d’énergie fossile que nous décrétons rare, et nocive pour le climat.
Décrétée rare parce qu’elle n’est pas illimitée et qu’elle induit un effet écologique grave, le réchauffement climatique.
MN: Nous la “décrétons” rare, pourtant c’est une réalité plus qu’un décret ?
PDI : Oui, c’est l’acte volontaire que je vise. “L’énergie est notre futur, économisons là” dit un fournisseur d’énergie connu en France, dans ce sens nous décidons que l’énergie est rare et qu’il faut l’économiser, dans le même temps le jour où nous pourrons utiliser la “fusion” elle sera moins rare.
(*)Nous utilisons la rareté pas seulement sous un angle quantitatif de limites physiques de ressources ( Rareté, Utilité, Valeur de Michel Langlois de l’IRD), mais sous l’angle volontariste afin de la considérer comme rare dans un processus de production parce que nous avons “décidé” d’en incorporer les conséquences environnementales dans le coût et plus loin le prix.
Corollaire 3 : Il faut entrer dans le prix, ou le coût, la rareté.
Dire qu’il suffit de déterminer un prix du carbone pour résoudre cette question est un leurre. Il ne concerne que l’aspect climatologique.
Il faut trouver un moyen de généraliser le principe de l’incorporation du coût de la rareté dans le prix.
Dans le livre « la guerre des métaux rares », Guillaume Pitron montre que la Chine par exemple a pratiqué une sorte de dumping écologique, mettant à disposition ces (*)terres rares dans des conditions de prix qui n’incorporent pas le coût du dommage écologique… sans parler du reste, le dommage social et politique par exemple.
Remarque : Pour incorporer ces “coûts cachés” notamment environnementaux, nous ne pouvons nous contenter de ne mesurer que l’empreinte carbone, il faut aussi compter la biodiversité et l’épuisement des matières, des terres , des métaux, dits rares.
Nous devons donc créer des indices de rareté qui mesurent “l’empreinte matières rares” d’un smartphone ou celui de la “Biodiversité” , utile pour choisir un lieu pour la construction d’un aéroport. Notre Dame des Landes en France , en serait un exemple, mais où en est la limite, à partir de quel moment peut-on considérer qu’on ne porte pas atteinte à la biodiversité ?
MN: Il y a des pistes, des moyens pour rassembler les paramètres de ces indices de rareté ? Est ce que c’est déjà fait et pas encore appliqué?
PDI :C’est une science nouvelle, disons qu’aujourd’hui nous tâtonnons, même si le bilan carbone, la production non carbonée, sont déjà de bons concepts. Il faudrait, d’une part, réfléchir globalement à une théorie complète autour des éléments de la nouvelle rareté, et définir des concepts comparables pour la biodiversité par exemple. La réponse à la question n’est donc pas très bonne pour le moment et en tous cas incomplète.
Pourquoi agir sur les prix, par les coûts ?
Pour influer sur la consommation sans entrer dans une réglementation stricte, c’est le prix qui va permettre de modifier les comportements d’achat par exemple. Rendre chère l’énergie fossile en sur-ajoutant une taxe est un moyen de forcer le marché à intégrer dans son prix des éléments qu’il ne considère pas naturellement. Parce qu’il les efface en ne tenant pas compte des coûts cachés de la pollution par exemple.
Remarque : Certaines Matières premières comme le pétrole posent question sur leurs mécanismes rationnels de fixation des prix, sur la question de l’élasticité Quantité-Prix notamment. En effet cette loi ne se vérifie pas sur le pétrole par exemple. Il n’y a pas de corrélation satisfaisante entre son prix et la rareté en terme de quantité. Il faudrait donc trouver une logique de fixation de ses prix différentes.
Par exemple en éviter la détermination des prix par le coût d’obtention marginal des contrats à terme d’autres énergies, qui sévit notamment en Europe. En clair , c’est un mécanisme qui fait dépendre le prix de l’énergie, dans ce cas électrique, du coût marginal moyen des autres énergies par exemple le Gaz.
Pour les autres matières rares nous pourrions créer un indice de rareté qui impliquerait une taxation.
Taxes vertes.
Dès lors que l’on mesure les indices de rareté , il faudra leur donner un prix unitaire et fonctionner comme nous l’avons fait avec la taxe carbone. (Voir méthode de calcul de la taxe carbone)
Nous pouvons dire que les “taxes vertes “ reflètent la nécessité d’incorporer des coûts cachés , induits. Aujourd’hui il y a, en France, deux taxes symboliques , la Taxe “Eco-Participation” qui vise le recyclage et la taxe Carbone. La taxe “Eco-participation” vise à inclure dans le prix de vente la prise en compte de la nécessité du recyclage. et la “taxe carbone” , vise elle à limiter la consommation d’énergie fossile. Nous pourrions ajouter une taxe terres rares ou métaux rares sur le même principe.
Nous voyons donc apparaître plusieurs types de taxe dont les objectifs ne sont pas identiques, soit entrer dans les coûts un élément non pris en compte , soit limiter un usage ou une consommation.
Il faudra aussi se poser la question de la multiplication des taxes. Pouvons nous trouvons d’autres moyens d’incorporer ou de prendre en compte ces coûts cachés ?
Normes et certificats ou comment introduire les nouvelles raretés dans la valeur sans imposer de nouvelles taxes.
Connaissez-vous la RSE, (Responsabilité Sociale des Entreprises), quelle est votre politique RSE, êtes vous ISO 26000. (Norme internationale utilisée dans les processus qualité) ?
La question se pose: comment imposer aux entreprises la prise en considération du nouveau paradigme économique impliquant l’intégration des contraintes sociales, environnementales liées à l’adaptation économique et aux changements climatiques, à la production éco responsable, et à la responsabilité sociétale.
Curieusement il est un domaine où finalement le capitalisme a pris les devants, « la finance verte ». En effet devant la demande des investisseurs qui voulaient verdir leur image et devant in fine la pression exercée par l’opinion publique, il a été établi des normes libres , établies et contrôlées par des organismes indépendants et qui certifient une notation qui concerne les règles de gouvernance, de respect de la RSE, par les entreprises. Des cabinets spécialisés de conseils assurent le contrôle et la certification vis à vis des marchés financiers d’un label de gouvernance et d’éco-responsabilité. Finalement n’est ce pas le moyen le plus sûr de progressivement responsabiliser les entreprises au respect de ce nouveau paradigme économique,
Quand nous voyons la plupart des grandes multinationales alimentaires de cosmétiques ou bien d’autres secteurs rechercher ces certifications et labels qui aujourd’hui supportent de moins en moins le Greenwashing du début de ce mouvement, et notamment dans la finance dite verte , nous pouvons espérer que réellement la prise en considération du nouveau paradigme économique est en marche.
Notons que cette notion globale de RSE ne porte pas que sur les considérations du verdissement, mais sur un comportement social de l’entreprise globalement plus respectueux des différences, des genres, des principes de gouvernance raisonnée, ou encore du respect des droits humains.
De nombreux labels éco-responsables, commerce équitable, tentent de rentrer dans la valeur de l’entreprise ces éléments qualitatifs qui ne sont pas uniquement des contraintes financières issues des taxes vertes par exemple comme la taxe carbone ou l’éco-taxe à la française.
Problématique des distances.
Une des causes principales de nos pollutions, notamment par le carbone, c’est la distance de nos déplacements. Quel qu’en soit le motif, professionnel , familial, … nous nous déplaçons trop loin et trop souvent ou nous faisons venir nos consommations de trop loin. Il ne s’agit pas de faire disparaître les voyages à l’étranger, ou toutes formes de déplacement ou d’approvisionnement, il s’agit là aussi de réévaluer notre vision, de considérer qu’il faut rechercher en priorité la proximité…
Organiser l’économie pour réduire nos déplacements
Il en va ainsi des déplacements professionnels, la crise de la COVID-19 nous a montré que nous pouvions nous passer d’un certain nombre de déplacements professionnels.
Mais cela ne peut s’arrêter là , faut-il ré-industrialiser , provoquer le retour de nos industries sur nos territoires pour ce motif ou celui de la sécurité. Quelle serait la distance acceptable ? Comment inciter à cette logique, quel mécanisme d’auto régulation peut-on envisager ? .
Organiser nos vies pour réduire nos déplacements, densifier l’usage dans le temps et l’espace
Que ce soit pour l’éducation, pour le logement, la consommation, le travail, nous devrions envisager très vite de rapprocher les lieux, de les rendre plus polyvalents. Il faudrait probablement densifier l’usage dans le temps des espaces communs. Un stade, une salle de spectacle restent vides très longtemps dans une année en fait.
L’économie.
Les impératifs immédiats :
Gérer l’immense raz de marée monétaire qui s’annonce.
Les circonstances historiques avec la pandémie COVID-19 , viennent de créer une situation économique et monétaire inédite, inconnue à ce jour. Une des principales conséquences économiques va en être (*)une création monétaire comme jamais jusqu’alors nous n’en avions connu. Les Echos du 1 septembre 2020 contiennent un article de Patrick Artus intitulé “ Opinion: L’offre massive de monnaie, un défi pour nos économies” résumé ainsi : En raison du coronavirus l’offre monétaire des banques centrales – la création monétaire – devrait augmenter de 75 % en 2020. Et rien ne laisse penser que cette tendance va s’arrêter. Dans la mesure où l’inflation a disparu, il faudra un renchérissement important des actifs ou de l’immobilier pour absorber cette masse de liquidités, écrit Patrick Artus.
Depuis 2022, nous savons que l’inflation est réapparue massivement, c’est une des conséquences de cette masse de liquidité.
A la fin de la crise de 1929 , des économistes comme J.M. KEYNES avaient compris que la rareté des liquidités avait conduit aux faillites bancaires, et avait été une des causes principales de la dureté et de la longueur de la crise. Déjà en 2008 lors de la crise des SubPrimes, les gouvernements ont appliqué ces nouvelles recettes et ont permis de sauver le système économique en lui évitant une crise financière dramatique. Ce qui n’a pas été sans conséquences sur les dettes souveraines par exemple un peu plus tard.
MN : les nouvelles recettes, la création de monnaie ?
PDI : Oui de fait, pour remettre des liquidités dans le circuit économique, les banques centrales créent de la monnaie en masse que les autres banques et les acteurs financiers utilisent.
Mais cette fois les quantités, la durée de cette création monétaire va être sans aucune commune mesure. Alors quelles vont en être les conséquences ?
Les économistes sont partagés sur ce point , tous ou presque pensent que nous n’avions pas le choix. La différence est sur les conséquences de moyen et long terme, quelle incidence sur les taux d’intérêt, sur la solvabilité des états. Cet argent est prêté, il devra être remboursé…. oui et non disent-ils.
Que provoque la crise en arrêtant brutalement la production et la vie économique, résumée par une croissance négative ?
Réponse : Une baisse de production et des ventes, qui a deux effets: diminuer la quantité de services et de biens produits et supprimer des revenus des acteurs économiques, les empêchant d’investir , de rembourser leurs dettes , de consommer. Hors c’est bien un manque de liquidités qui ne leur permet pas de le faire parce que le circuit normal de ces liquidités a été interrompu. On peut donc penser, à juste titre, que le fait de réinjecter de la monnaie va finalement compenser ce manque de liquidités et permettre aux acteurs économiques de continuer à payer leurs salariés, leurs emprunts, de consommer. Le maintien des salaires grâce au chômage partiel est de cette nature. Alors quel est le risque? Là encore deux risques:
Le premier c’est que les liquidités injectées ne trouvent pas de biens ou services où s’investir, et donc par le jeu de l’augmentation des prix de marché, génèrent une inflation extrêmement importante. Si la suspension productive devait durer longtemps c’est ce qui se passerait, il y aurait de plus en plus de monnaie, pour un volume de produits qui n’augmenterait pas , ou pas assez vite. (Définition d’un risque inflationniste)
Le deuxième risque c’est que si les acteurs économiques, maintenant, dans un moyen ou même dans le long terme, devaient rembourser l’intégralité de cette dette, ils ne le pourraient pas. Devant l’importance des sommes , les États, comme les différents acteurs nationaux ou non , n’en auront pas les moyens. Cela provoquera une cascade de faillites, et par voie de conséquence un appauvrissement des populations, et de possibles banqueroutes d’Etats.
Pour y remédier le seul moyen déjà examiné lors de l’acte 1, sera d’annuler tout ou partie de ces dettes ou de les dégonfler. Pour ce faire il faudra trouver les mécanismes monétaires qui permettront de les escamoter, c’est à dire de les maintenir en compte tout en leur faisant perdre de la valeur, l’inflation est un de ces moyens mais il ne suffira pas non plus… il faudra user alors de toutes les techniques possibles pour arriver à ce résultat, c’est à dire éviter que toutes ces dettes soient remboursées réellement à leur valeur, jusqu’à en effacer une partie.
Gérer la crise économique très forte qui s’annonce.
Cette crise est encore pour partie invisible, elle est aujourd’hui cachée par le retour à l’activité presque normale des économies dites occidentales, Chine incluse.
Mais elle se marque par trois crises en cours :
- la crise des approvisionnements industriels provoquée en partie par les chocs successifs du Covid sur les productions et la logistique dont le transport. Auquel les tensions liées à une reprise brutale ne sont pas étrangères. ( il y a aujourd’hui des délais de 12 à 18 mois sur les fameux semi-conducteurs, incitant à des stockages qui accroissent les risques…)
- La crise agricole qui se profile , qui par un enchaînement , prix de l’énergie notamment du Gaz pour fabriquer les engrais, moindres productions liées aux problématiques climatiques , au Covid (main d’œuvre et logistique) , au prix des engrais,
- (*)La crise financière toujours possible entre dettes des états, taux d’intérêts et inflation.
Curieusement ce n’est pas forcément le plus difficile. Il peut y avoir de nombreuses disparitions d’entreprises , de groupes et de grandes pertes d’emploi, qui auront des effets de cascades, diminueront la valeur produite, ruineront des individus ou des entreprises. Mais selon le principe de la destruction créatrice, et si les conditions sociales et politiques sont favorables , la reprise économique est possible assez rapidement. Des objectifs de nouvelles croissances, imposés par le nouveau paradigme écologie-économie … vont permettre de relancer la mécanique économique. Le rôle des États et des autorités internationales, comme les banques centrales, va être important.
D’ailleurs comment faire pour retrouver ce dynamisme ? Comment s’en assurer ? Libéralisme et main invisible ou Interventionnisme d’État ?
Gérer la gigantesque dette des états.
Se pose alors la question de la gigantesque dette accumulée par les États.
Son importance est devenue colossale. Elle a d’autant plus augmenté qu’elle paraissait si simple à mettre en œuvre et si impérieuse pour sauver les économies. Les US, la France et même les pays dits frugaux ont bénéficié, usé et abusé de cette manne prodiguée par les banques centrales. Alors la question reste, devra t-on la rembourser ?
D’abord est-elle soutenable dans le court terme ? Pouvons nous payer les intérêts. En admettant que son remboursement soit différé jusqu’à une date non déterminée, avons-nous les moyens d’en payer les intérêts? Tant que les taux d’intérêt restent proches de zéro, voire par le miracle des marchés négatifs, la réponse est oui. Il n’est que de voir la volonté farouche jusqu’à une époque récente des banques centrales de maintenir ces taux proches de zéro. Mais désormais les mêmes banques centrales, (*)inquiètes d’une remontée très brutale de l’inflation remontent les taux d’intérêts depuis 2022. C’est le premier problème.
Le deuxième problème vient du risque soit d’être conduit par la suivante crise d’augmenter encore cette dette soit de devoir constater une impossibilité à. rembourser cette dette. Or si l’inflation des prix, contre laquelle luttent les banques centrales, ne permet pas de diminuer suffisamment la valeur des dettes, il faudra bien réduire leur volume en remboursant réellement les sommes empruntées.
Comme nous l’avons évoqué plus avant, il y aura bien une part de ces dettes annulée par l’inflation. Attendu que cette inflation ne provoque pas elle-même une crise. C’est la raison pour laquelle les banques centrales tenteront de la maîtriser. En une vingtaine d’années, ces dettes peuvent être allégées de 10 à 30% de cette façon.
Pour le reste seule la capacité des Etats à prélever l’impôt peut garantir un remboursement progressif dans le long terme. C’est d’ailleurs pour cette raison que les agences de notation n’ont pas dégradé la note de la France par exemple alors que la dette Française représente plus de 3200 Milliards d’euros et 112 % du PIB. au 2éme trimestre 2024 . Et c’est ce qui fait la différence avec un pays comme la Grèce, dont la capacité a prélever l’impôt était douteuse en 2018. Donc c’est l’activité de l’économie mondiale qui est en cause. Si cette activité progresse, ajoutons dans le cadre du nouveau paradigme- décarbonations et durabilité – la dette pourra faire l’objet d’un étalement et d’un remboursement progressif sans trop de restriction dans les pays endettés.
Notons aussi que la situation des pays ou des associations de pays comme l’Europe, n’est pas du tout la même. Pour exemple la situation vis à vis de cette dette des pays d’Afrique face à leurs créanciers et notamment la Chine… Une part de ces dettes devra donc être annulée, au risque dans le cas contraire de voir certains de ces pays sombrer dans la banqueroute. Remarquons que des pays beaucoup plus développés comme l’Argentine sont dans ce type de situation et doivent subir des restrictions financières drastiques pour éviter une banqueroute totale. Et la situation individuelle des nations sera déterminante pour chacune d’elle.
La dette n’est pas un monolithe. Pour chaque pays, elle est constituée de différents supports, dont certains impliquent des acteurs privés comme les fonds de pension, les banques ou les assurances, et d’autres, des banques centrales. La part de dette conservée par les Etats ou les acteurs étatiques peut elle être plus facilement neutralisée ou conservée. Nous avions vu que la dette américaine semblait être détenue à 30% par l’État Américain lui-même.
Nous pouvons donc penser que seule une part de la dette devra être remboursée relativement rapidement. Donc s’il y a de l’inflation, raisonnablement, cette dette pourra être remboursée dans le temps.
C’est la raison pour laquelle elle n’est pas le seul sujet et la seule préoccupation du moment. Prudence , mais nous avons des raisons d’espérer et de pouvoir en maîtriser suffisamment les risques. Le risque étant que nous soyons tenté de l’augmenter ou que les circonstances nous obligent a l’accroitre.
Nous sommes donc bien en train de gérer cette dette.
L’économie administrée: nécessité ou maladie.
De toutes ces difficultés ressort l’idée qu’il y a une sorte d’équilibre à trouver entre réglementations, taxes additionnelles, et beaucoup d’autres mesures, pour conduire le marché à trouver de nouveaux équilibres de prix , ou forcer les producteurs à chercher de nouvelles alternatives , ou les consommateurs à modifier leurs comportements.
A ce titre dans la situation actuelle, une politique volontariste pilotée est indispensable. Une planification des stratégies nationales ou multinationales est utile. Au fond, il ne s’agit pas d’une planification autoritaire, mais plutôt d’une coordination des politiques publiques.
Quel pourrait être le rôle et la mission d’un outil politique et administratif de ce type ?
- Évaluer les logiques de transitions. Établir un programme de transition qui nous permettra une agilité indispensable. (Voir plus haut la marche en crabe ) Par exemple en trouvant les fameux indices de rareté et les taxes ou incitations qui permettent d’atteindre l’objectif de maîtrise de la rareté.
- Déterminer les axes majeurs porteurs de la transformation, chiffrer, évaluer les politiques associées
- Choisir les axes prioritaires du développement durable.
- Garantir un plan d’ensemble qui permette par exemple le retour à une certaine sécurité des approvisionnements ou des productions dites stratégiques. Et donc fournir la définition de ces stratégies et des produits, déterminer des secteurs à intégrer dans cette démarche.
Aparté :
Le plan gouvernemental français du début du mois de septembre 2020, porte cette idée , celle d’une planification économique, d’un plan anti-crise et d’une stratégie de la transition écologique.
Cette idée du rôle de l’État dans l’économie n’est pas récente, elle a même été développée, par un courant des économistes libéraux, depuis Toqueville ou Locke.
Aujourd’hui, pour certains économistes, l’État doit donc aider à faire des choix stratégiques , choix qui doivent être évalués à l’échelle mondiale.
Aux Etats Unis, paradis historique du libéralisme,et qui n’a pas de planification, l’État intervient pourtant stratégiquement depuis de très nombreuses années pour orienter les choix économiques dans l’objectif de garantir ou d’assurer la domination économique et politique américaine sur le monde. Dans les 30 ans à venir vont donc s’affronter deux visions stratégiques planifiées du monde, celle de la Chine avec une planification traditionnelle de l’économie et de ses grands projets, (*)la nouvelle route de la soie en est un , et celle des Etats Unis avec une vision plus libérale qui utilise par exemple un organisme d’Etat américain dans le secteur de la défense, la (*)DARPA , (Defense Advanced Research Projects Agency, ) pour inciter ,orienter les investisseurs privés et publics.
En France un économiste comme Christian Saint Etienne, du cercle des économistes, prône ce type d’approche, voir son livre (*)“Le libéralisme stratège, contre le Chaos du monde “
Le Social
Fin du monde contre fin du mois.
Limite du théorème de Piketty, cette prise en considération de la rareté et de ses corollaires a pour conséquence, dans un premier temps , d’augmenter les prix pour un grand nombre de biens . Et donc pose un problème de re-distribution dès lors que les consommateurs relativement appauvris perdent du pouvoir d’achat, au point de vivre mal. Cette situation ne peut qu’aboutir à des conflits sociaux graves , de nature à entraver les décisions stratégiques à visée écologique par exemple.
Il faut donc incorporer cette dimension redistributive dans nos décisions de réorientation des consommations et des productions de biens. C’est l’augmentation prévue de la taxe pétrolière qui a déclenché la révolte des gilets jaunes en France. Ces derniers se trouvant pénalisés pour des raisons écologiques, liées au nouveau paradigme finalement. Des mesures d’accompagnement redistributives sont donc indispensables.
Niveau de vie, niveau de soin, niveau d’éducation
La (*)pyramide de Maslow, dans ses versions modernes, par exemple, montre l’évolution progressive vers la sophistication des besoins: plus vite les besoins élémentaires sont satisfaits et plus aujourd’hui nous nous lançons dans une réévaluation permanente du besoin estimé par tous les individus. Le smartphone ou la tablette deviennent un besoin très vite atteint dans cette nouvelle hiérarchie. Alors où est le niveau de vie accepté, le niveau de soin souhaité, le niveau d’éducation visé ?
Prenons l’exemple des Etats-Unis avec l’OBAMA_Care, la vision américaine de cette “sécurité sociale” a beaucoup évolué, ce qui paraissait impensable au pays des libertés économiques et de la toute puissante responsabilité individuelle est devenu une réalité. Certes malmené par M.TRUMP, mais Joe BIDEN devrait plutôt la conforter. La crise pandémique actuelle montre bien à quel point, une politique de soin “mutualisée” visant les moins favorisés aux US va probablement s’imposer.
Nous devons donc considérer que la définition même de nos besoins évolue très vite désormais et nous pousse vers le haut de la pyramide. Ce qui veut dire que nous devons dans toute politique économique et sociale , elle porte donc bien son nom, mieux penser, mieux prévoir l’accession à la satisfaction de ces “nouveaux besoins”, et ce quel que soit le pays et son niveau économique.
Les conséquences ne sont pas qu’économiques, l’apparition et la satisfaction de ces nouveaux besoins va aussi transformer la société comme par exemple en influant sur les tendances démographiques. La diminution du taux de renouvellement peut être vu comme une conséquence de l’amélioration du niveau de vie. (voir chapitre sur la démographie)
MN : c’est important car spontanément, on calquerait la résolution des besoins des plus pauvres sur notre propre ordre de résolution alors que temps, société etc changent à toute vitesse
PDI : La culture, la géographie,les relations sociales, l’histoire, jouent un rôle extrêmement important dans cette échelle. La satisfaction même des besoins vitaux en est affectée.
L’éducation
Le nombre de raisons qui poussent à considérer l’éducation comme un point nodal de toute politique visant au développement social, économique, politique même, est considérable. La démocratie en dépend, les capacités productives de l’économie tout entière en dépendent, la qualité de vie sociale, artistique, en dépendent, la santé également. Il faut donc considérer que c’est le point le plus indirect peut-être mais le plus important de toute politique.
Aujourd’hui nous avons une vision de l’éducation et de l’apprentissage, probablement issue dans ses formes actuelles du 19ème siècle, qui comporte un cadre lié aux moyens pédagogiques, aux ressources techniques disponibles alors. L’enseignement est donc conçu comme une transmission de techniques, lecture, calcul, écriture et d’un contenu défini dans des programmes que les enseignants des petites classes aux grandes écoles , de l’école de quartier ou de village jusqu’à sa version colonialiste, transmettent de façon uniforme, cadrée, …
Le problème actuel , vient du fait que ce modèle d’apprentissage a été dépassé, détruit par les avancées technologiques , dès les années 2000 , et par les pratiques sociales en réseau qui s’imposent au cœur même de la façon dont on apprend, étendant presque à l’infini, le contenu accessible dans l’apprentissage.
Peut-on parler d’extensions-neuronales du cerveau humain par la mise en réseau via internet ?
Il est donc nécessaire aujourd’hui de prendre cette dimension fondamentale, de se tourner vers les principes de l’école inversée, de l’apprentissage du discernement plus que des contenus programmatiques.
En annexe 3 nous explorons certaines de ces dimensions d’une nouvelle éducation.
La démographie :
Dans notre bref tour d’horizon démographique de l’acte 2, il apparaît plusieurs points qui ont leur importance ici. Résumons :
La Chine :
La Chine est un pays qui s’affaiblit démographiquement. Ce qui aura des conséquences politiques internes et externes. Interne parce que cela provoquera un rééquilibrage politique d’une population plus conservatrice en vieillissant probablement plus riche avec une classe intermédiaire qui souhaitera profiter à son tour des bonheurs de la consommation… ce qui ne sera pas sans conséquences écologiques et politiques. Externe également car la Chine cherchera des ressources humaines hors de ses frontières qu’elle trouvera dans un premier temps dans les pays asiatiques voisins et en Inde. Nous assistons dejà aux premiers prémisses de cette situation… La recherche de femmes, le besoin de travailleurs émigrés, apparaît discrètement.
L’Afrique :
L’Afrique est le continent majeur et très jeune du 21ème et du 22ème siècle probablement aussi. Elle sera un des pôles de développement à partir du milieu du 21ème les plus importants jamais connus. Et le théâtre c’est certain de très grands désastres humanitaires.
Si l’Afrique du Sud et le Nigéria devraient en être les plus importantes et puissantes entités, le contraste économique, social, et politique entre ces nations est saisissant. Il générera des difficultés majeures, et des conflits.
Savez vous qu’au Nigeria où l’instabilité économique et politique et la corruption règnent, le bitcoin est largement utilisé pour des transactions quotidiennes ?
Dans plusieurs pays Africains, les institutions monétaires et bancaires locales étant fragiles , le bitcoin devient la monnaie de réserve fiable, une sorte de stratégie du lingot d’or. Il devient une monnaie parallèle et presque officielle comme en RCA. Or le bitcoin n’est pas régulé par les institutions étatiques, il en est indépendant. Deviendrait-il la valeur de références des pays instables ou sous régimes politiques autoritaires ?
Et en effet pourquoi laisser la gestion monétaire aux états qui en font un usage politique. Par exemple, le bitcoin peut apparaître comme un antidote à la planche à billet, il est limité en volume à 21 000 000 de bitcoin, ce qui explique que sa valeur monte en permanence aussi régulièrement.
L’OCDE
Les pays développés de l’OCDE, US, Europe, et ceux de la péninsule Arabique, du Japon sont vieillissants mais très riches, ils attirent et vont attirer encore plus une immigration importante, pour entretenir et soigner leur population âgée. Ce déclin démographique ne durera que 50 ans. Au-delà un nouveau cycle devrait apparaître avec l’intégration des populations émigrées, comme il y a 50 ans déjà dans l’après-guerre de 1945, mais cette fois le remplacement naturel sera plus fort. C’est à dire que le nombre d’émigrés qui auront des enfants sera plus important que même après la guerre.
Les autres pôles démographiques
L’inde et le Pakistan, (*)l’Amérique latine celle du Centre et Sud ,avec le Brésil, l’Argentine, la Bolivie (Bolivie est en croissance très rapide) , le Mexique, le Chili, le continent porte environ 650 millions d’habitants, 170 millions autour de 1950. Il n’a pas une croissance démographique galopante, Il approchera 768 Millions d’habitant en 2058
Certains de ces pays sont déjà dans un vieillissement avéré, Cuba par exemple, pour le reste du continent il devrait se produire dans 40 à 50 ans. Certains basculeront vers une forte croissance démographique , en fonction soit de leur avancement économique, soit de leur déchirement endogène.
L’alimentation et l’eau – principale conséquence dramatique –
Rapidement apparaîtra le problème de l’alimentation de base de plusieurs régions du monde, Afrique et Asie, qui, comme nous l’avons vu, sont démographiquement très déséquilibrés régionalement sur les différents continents.
Sans ajouter la problématique de l’accès à l’eau qui va orienter les politiques diplomatiques et militaires de nombreux pays , au Moyen-Orient par exemple.
Il faut donc regarder de près (*)la carte de l’eau, déjà nous pouvons anticiper des crises importantes, que le changement climatique ne devrait pas réduire mais accentuer.
L’Immigration ou l’Émigration ?
Peut être, de façon contre intuitive d’ailleurs, faut-il considérer que l’émigration climatique ne sera pas si prépondérante au regard des besoins des pays qui manqueront de main d’œuvre, l’Europe, la Chine , le Japon , … les USA sont déjà dans cette transformation avec (*)la population latino par exemple qui représentera en 2060, 27,6 % de la population des USA, à la même date les noirs représenteront 15% de cette population.
Le rééquilibrage des populations pourrait se faire plus naturellement que nous le pensons aujourd’hui. En effet il sera plus “doux “ , régulier et continue dans le temps. Ce ne sera pas bien sûr sans poser de nouveau le problème aigu de l’intégration de ces nouveaux émigrés, même en Chine.
Sommes nous trop nombreux sur terre ?
Cette question revient périodiquement dans l’absolue nous pouvons y répondre en calculant la consommation moyenne d’une population et et l’étendant pour évaluer la capacité terrestre à supporter une certaine quantité d’hommes. Et nous connaissons le résultat, à fin juillet 2022, nous aurons déjà consommé plus que la capacité terrestre disponible sur un an…. Et malheureusement cela dure depuis des décennies. Voir (chapitre 14.2.1)
Mais quelle moyenne de consommation prendre ?
Le calcul doit être fait dans le cadre d’une sobriété générale ou dans le cadre d’une sur-consommation devenue l’objectif mondiale d’une majorité de la population.
Évalue t on une population future , avec quel taux de renouvellement, combien d’enfant par famille, quelle consommation, quelle empreinte carbone ?
Faut-il mener comme certain pays l’ont fait une politique de l’enfant unique ? Peut-on imposer des règles de stérilisation, ou une loi peut-elle fixer la taille maximum d’une famille en occident ?
Le vieillissement des populations doit-il entrer dans ce calcul ? mais alors que penser de nations de vieux entretenues par une immigration/émigration des pays riches en ressources humaines ?
Le nouveau monde se façonnera sur ces bases démographiques, et ce changement, que certains appellent « le grand remplacement », va se faire dans un contexte international multilatéral qu’il façonnera à son tour.
Mais n’est-ce pas l’histoire de l’humanité?
L’international.
Qu’est ce que le multilatéralisme-dynamique ?.
La France ne représente que 1% des (*)Émissions de CO2 de la planète, L’Europe 9%, la Chine 28,2 % et les Etats-Unis 14,5% en 2017.
Que faire pour convaincre nos partenaires de mettre fin à ce jeu morbide, et d’adopter des mesures fortes de réduction des émissions de CO2 ?
La Cop 21 a en partie échoué, l’accord de Paris ne sera pas respecté par plusieurs pays réputés “ Climatosceptiques ” et même si aujourd’hui le président des USA semble décidé à rejoindre de nouveau l’accord de Paris, le gap reste très grand , trop grand pour que nous puissions imaginer que nous pourrions réellement limiter le réchauffement climatique à 2, ou 3 degrés ce qui est déjà considérable.
Les accords multilatéraux de ce type vont perdurer, parce qu’ils sont dans la nécessité d’affronter collectivement au niveau de la planète les graves catastrophes climatiques et économiques qui vont survenir maintenant et dont la première pourrait être plutôt de nature économique, principalement pour les pays occidentaux, dans le cadre des conséquences géopolitiques de la Covid-19.
Dans ce contexte très complexe et anxiogène, quels choix politiques feront les peuples, qui risquent de voir leurs modes de vie se modifier profondément et pour le dire se détériorer durablement ?
Lorsque nous sommes passés du bilatéralisme d’après guerre au multilatéralisme des années 70, nous avons dû inventer un nouveau mode de relations internationales. L’avantage de ce mode c’est de ne pas nous laisser seul devant un pays dominateur, et son rival exclusif , comme ce fut le cas lors de la période de la guerre froide notamment. La difficulté vient alors plutôt de la stratégie de jeux de pouvoir et d’alliances possibles.
Aujourd’hui la stratégie du dominant, les US, vise à s’exclure d’accords multilatéraux en prétendant ne pas accepter qu’on lui impose des accords contre sa volonté. Mais ce dominant n’a plus les moyens d’imposer sa volonté.
A cette époque ( 1975-1995) ce multilatéralisme portait sur 5 à 6 grands pays, correspondant aux grandes zones géographiques mondiales, ce qui permettait la domination locale d’un de ces grands pays, Amérique du Sud avec les US, Asie du Sud-est avec la Chine, l’Afrique avec l’Europe… , un certain partage du monde s’était établi.
Depuis les années 2000 ce relatif équilibre multilatéral n’a cessé d’être remis en cause , par la montée en puissance simultanée des pays émergents et de la Chine. S’est créé alors un mouvement qui empêchera l’apparition d’un nouveau dominant, ce que je propose d’appeler le multilatéralisme-dynamique. Il est possible de le voir comme la seule réalité politique pour comprendre et résister au mouvement Brownien(1) de la politique internationale.
Consciente de ce risque et de ce nouvel état de fait, c’est peut-être une des raisons pour laquelle la Chine se refuse à endosser le costume de dominant, elle préfère tenter une stratégie plus opportuniste d’accords locaux.
La forte diminution d’influence du dominant vient également depuis 2016 de nous donner un bel épisode politique populiste aux US. Les raisons de fonds resteront et même l’arrivée d’un dirigeant plus consensuel au niveau international ne fera pas oublier au peuple américain et à son élite que le leadership du monde est en train de leur échapper, avec sa cohorte de risques, de dépendances contre lesquels les US lutteront de toutes leurs forces jusqu’à la fin du 21ème siècle.
Les puissances du monde vont devenir multiples et fortes, le seul modèle qui s’imposera par nécessité sera donc le multilatéralisme dynamique. C’est-à-dire un modèle ou d’accords régionaux en accords plus ou moins globaux, pour exemple (*)le RCEP, accord pacifique , la valse des zones d’influences et l’hyper concurrence régionale sera la constante.
Dans ce contexte, les organisations Onusiennes monolithiques vont devoir s’adapter à cette réalité géopolitique ou disparaître.
Il en résultera, de crise en crise, dont certaines seront militarisées, une multitude d’accords croisés et de coups de force qui finiront par stabiliser cette logique d’affrontements mesurés et croisés qui tendront donc à se neutraliser pour une grande part.
Patchwork planétaire
Nous ne pouvons imaginer une solution uniforme pour le monde entier. Il nous faut admettre que chaque nation se déterminera en fonction de l’état de ses moyens et ressources, de sa position dans une échelle de développement et d’accès au standard de niveau de vie qu’elle accepte comme cible, et donc en fonction de ce que son opinion publique jugera acceptable, ou de la volonté autoritaire de certains gouvernements à le réaliser pour les pays les moins démocratiques. Encore une bonne raison pour que ce multilatéralisme dynamique s’impose devant la montée de la conscience politique de leur identité propre, de plus en plus de nations, rivales par définition.
Des conflits dans le monde.
Nous ne pensions pas, chose possible, mais c’est arrivé, en deux temps, l’invasion Russe en Crimée puis en Ukraine en est le grondement puis le coup de tonnerre. La guerre conventionnelle entre les blocs Ex Est-Ouest est revenue .Elle ne doit pas effacer les autres conflits armés, ceux du Sahel ou d’ailleurs. Ces guerres conventionnelles ou non-conventionnelles ont toujours été la depuis … le début de l’histoire.
Elles ne vont donc pas disparaître. Elles ont des conséquences sur nos sociétés ou nos économies. La différence avec celle que vit l’Europe aujourd’hui c’est que nous sommes directement impactés, par l’horreur, les conséquences énergétiques et agricoles, à une grande échelle. La pénurie même réduite, contrôlée, est là en Occident. Les vagues successives, effort militaires, sanctions, pénuries, …, créent une situation inédite depuis 60 ans pour nous Occidentaux.
Ces guerres ont donc des conséquences, elles engagent le monde dans des inflexions majeures sur des décennies. Je pense qu’elles ne peuvent entraver dans le moyen ou long terme les tendances de fond, principalement parce qu’elles en sont l’expression également.
Le positionnement Américain, la fin du gendarme?
Il y a eu une inflexion régulière mais un peu chaotique des États-Unis vers une autre vision de sa place dans le monde. D’une vision démiurgique, ou les États Unis sont le grand Horloger du monde , nous passons à une vision portant essentiellement sur ses intérêts stratégiques, visant à garantir son développement, sa primauté économique principalement sur le monde. “America First”. Cette tendance se perpétuera.. plus qu’elle ne s’accentuera, car cette stratégie implique une coopération avec les autres acteurs , Europe, Chine, Afrique..pour réussir sans décliner. En bref il faut que le reste du monde soit viable et continue à acheter américain.
Quel sera l’influence des Mega-Compagnies sur cette stratégie. Quels liens entretiendront-elles avec les US ?
De l’Europe.
L’Europe vient de nous faire la bonne surprise de se réveiller un peu pour réexaminer ses basics.
On peut avoir l’impression que le relatif bonheur commun dans lequel nous vivions avait fini par nous faire oublier ce sur quoi l’Europe se fondait , un accord économique de libre Échange reposant sur la paix. La prise de conscience de la nécessité de l’union revient progressivement.
Mais l’Europe arrivera t-elle à dépasser ses démons. Je crois que nécessité fera loi.
De la Russie.
La stratégie Russe en Ukraine participe de la protection de son espace rapproché, Je l’appelle , de façon polémique , la stratégie du faible et je m’en explique. Cette stratégie va perdurer. La question est de savoir si elle résulte de la seule volonté d’un homme ou si elle est bien la stratégie “obligée” ,”naturelle “de la Russie. Ce pays est physiquement partagé entre Occident et Asie par l’Oural. De ce point de vue c’est un objet non conventionnel.
Alors il peut avoir des stratégies elles aussi non-conventionnelles. Jusqu’à quel point peut-il être stratégique pour la Russie de profiter d’une faiblesse de l’Europe , politique, sa désunion relative, économique, ses dépendances énergétiques, agricoles, industrielles, pour provoquer un chaos, jusqu’à l’utilisation de l’arme atomique localement, pour déstabiliser définitivement ce grand concurrent historique détesté, et imposer un nouveau leadership du monde avec les ex-non-alignés et donc la Chine et l’Inde principalement.
Dans quelle mesure le développement de la culture du blé en Russie, à la fois lié au traumatisme Russe sur la dépendance à l’occident et à l’évolution du climat, ou la mise en dépendance énergétique ,interdépendance pensait Berlin et Bruxelles, participe à cette stratégie globale, coûteuse politiquement dans le court terme , mais gagnante dans le long terme. Et si tout simplement, aux yeux d’un Poutine , ce n’était pas le moment de le faire. Le moment de tenter de faire plonger le monde dans une destabilisation assez radicale.
Je pensais que ce serait l’évolution climatique qui aurait ce type de conséquences notamment en redistribuant les cartes. La dépendance au Blé Russe et Ukrainien de l‘Europe, qui du coup devient une arme stratégique, comme la dépendance au gaz Russe, en apparence simple politique économique, mais où nous pourrions voir une ambition mondiale, impérialiste, plus déterministe d’un pays, la Russie, voir d’une alliance Chino-Russe.
De la Chine
La Chine appartient à une culture que nous ne connaissons pas suffisamment bien. Par exemple, on ne lui connaît pas historiquement de véritables visées expansionnistes.
Elle a toujours été plus travaillée à construire ou à maintenir son unité propre qu’à conquérir.
Sa vision philosophique de l’homme ne repose pas ,comme la nôtre, sur l’individualité, mais plus sur une vision collective de l’humain. Le brassage mondial, que nous vivons, change un peu cette donne, telle l’acculturation occidentale provoquée par la diffusion du modèle de consommation que nous véhiculons.
Quel équilibre trouvera la Chine, nous sentons bien les limites depuis Tiananmen, et ce qui semble se passer depuis la crise du Covid en Chine. Ces limites du supportable pour le peuple chinois vont obligatoirement modifier le comportement Chinois. Replis ou plus de démocratie, plus d’individualisme ?
Comment Agir , les principes ?
La Crise politique et sociale, restaurer le sentiment démocratique.
Nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion profonde sur la relation des citoyens avec leur nation (1), leur relation à la politique parce que cette relation fonde la possibilité d’agir et d’interagir.
“La démocratie est le pire des régimes politiques, à l’exception de tous les autres”. (W.CHURCHILL) et même si le (*)paradoxe d’ Arrow ne garantit nullement que le meilleur gagne, il reste que, une fois le vote fait, tout démocrate doit accepter de suivre la loi, même si au travers de sa représentation nationale, ou de son expression personnelle , il garde le droit de la contester.
Le choix délibéré de gouverner ensemble selon le principe un homme une voix, se fonde sur une conviction. Celle de penser que ce principe est juste parce qu’il donne à chacun la possibilité de s’exprimer librement et que cette égalité fonde le respect par chacune des décisions collectives.
Des États américains aux Etats européens et probablement pour ceux de l’ex-empire soviétique, hors Russie, il nous faut refonder la démocratie et l’action politique, en comprendre les nouveaux rouages et agir en mettant en place les structures, les modalités concrètes qui permettront tout à la fois de prendre en compte l’évolution des moyens et des technologies, l’évolution des mentalités, des pratiques politiques et les aspirations des citoyens.
(*)En annexe à ce VadeMecum (1), nous proposons un début d’analyse de cette situation étrange où la démocratie est en partie remise en cause par les pratiques actuelles , liées aux technologies, à la dilution progressive du sentiment d’appartenance régionale, nationale,… dans un jeu beaucoup plus complexe d’appartenance tribale définie par des liens étranges et virtuels.
La politique économique.
Ministère du plan et des transitions.
Curieusement, entre le moment où j’ai commencé à écrire ces lignes, en Mars 2020 et fin juillet 2020, ce sujet est revenu sur le devant de la scène , avec le gouvernement Macron. Désormais le mot de “planification” est de nouveau à la mode. Nous allons donc voir pourquoi.
Les sommes investies par les gouvernements aujourd’hui sont considérables, aucun plan depuis le fameux Plan Marshall , n’a mobilisé autant de moyens financiers. La seule mobilisation de ces moyens oblige à coordonner les efforts en premier lieu pour agir là où il faut et non au hasard, en second lieu pour donner une cohérence à cette action . Et nous savons bien que la cohérence actuelle est donnée par le nouveau paradigme évoqué plus haut c’est-à-dire le paradigme de l’équilibre écologique et redistributif en économie.
A la différence du plan Marshall, où l’objectif principal était la reconstruction à tout prix, la volonté affichée est désormais différente , nous parlerons de ces objectifs pour les classer, mais ils sont autour du changement climatique, de la sécurité sanitaire et alimentaire, de la préservation de la nature, de la réindustrialisation stratégique, et bien sûr du soutien économique dans la crise.
Cette objectif compte tenu de notre point de départ éloigné , demande donc naturellement une vision précise , organisée, en ce sens l’image du plan Marshall a un sens pour nous.
Il en découle donc la nécessité de planifier, de prévoir , d’explorer des scénarios
Plan d’ étapes, scénarios alternatifs.
La particularité de cette orientation et du temps pour la réaliser rend indispensable une transition par, une vision, par étape. Quelle que soit l’urgence, et en ce sens la crise sanitaire actuelle nous l’a bien montré, les conséquences sur l’économie de nos décisions brutales se font sentir dans le temps. Il y a bien urgence mais il faut planifier et gérer ce temps au mieux. Nous avons donc besoin de transitions énergétiques rapides mais par étapes, il faut des scénarios alternatifs.
Par exemple aujourd’hui, il apparaît que le tout électrique dans la voiture n’est pas la bonne solution et ceci pour deux raisons :
- La technologie employée a beau être en apparence moins polluante et moins carbone-vorace , elle n’est pas satisfaisante, les batteries restent un énorme problème de production, de recyclage, elle ne sera qu’une transition .
- La problématique du transport individuel doit être reposée, “Ownership to the Usership” par exemple.
Pour construire ce schéma en étapes en scénarios alternatifs , en fonction des impossibilités rencontrées, des retards, de la découverte d’aberration techniques ou écologiques, il faut avoir un plan d’action énoncé et clair.
Nous pourrons l’appeler comme nous voulons, en faire un ministère et nommer un haut-commissaire ou pas , nous allons renouer avec cette idée qu’il faut un développement axé, planifié et planifiable. Il faut donc une structure et des moyens pour le penser et l’organiser.
Nota : Nous avons vu que la prise en compte des raretés dans les prix était un moyen qui détourne la “main invisible” de l’équilibre Offre-demande, pour la rendre efficiente sur les aspects du nouveau paradigme et permettre une orientation des marchés.
La complexité des choix ne permet pas toujours au marché de réaliser cet équilibre naturellement.
Il y a très peu de moyens pour le faire en dehors d’une vision de l’État-stratège et d’une planification souple. Mais l’excès de centralisation conduit à des rigidités paralysantes et des absurdités totales , l’URSS en a été la démonstration flagrante,
Il faut donc que nous trouvions des moyens de politique économique et de politique tout court qui permettront en même temps d’orienter et de laisser une part suffisante à l’ajustement, l’adaptation libérale, politique et économique.
L’économie productive “raisonnée”
Partons de l’idée que nous avons trouvé les bons outils de cette nouvelle démocratie , tout simplement adaptée à notre temps. (*)Voir nos articles sur la démocratie.
Apparaît alors une autre problématique, c’est la capacité à produire un choix raisonné et une solution opérationnelle dans cette nouvelle configuration démocratique.
Pour le moment , j’accepte l’idée de “raisonné” dès lors que l’étude la plus complète possible, le partage d’idées en a été fait et, qu’elle aboutit à une solution réaliste, mesurable au mieux, et évaluée dans le temps.
MN: Cela me fait penser à l’agriculture “raisonnée”, très intéressante façon de la repenser.
PDI : Oui c’est dans cette logique du “raisonnable”, pour éviter un jugement de valeur , en tous cas parlons de ‘Raisonné’.
Alliant la nécessité de la transformation et la façon de l’organiser, des études et des propositions concrètes sont aujourd’hui faites comme celles du “Shift Project” en France ou celle de l’ex commissariat au plan (*)Planification Écologique et économie
Aparté : Nous parlons de choix raisonné, de moralité… chacun de ces concepts peuvent être interrogés, ils doivent l’être. Historiquement et dans l’espace, ces concepts n’ont pas la même acception. Cette question est philosophique, pour autant elle ne doit pas être négligée. L’interroger permet de la réévaluer dans un contexte, pour en comprendre le sens, la réalité, l’absurde. Ce qui est équilibré, raisonné pour les uns ne l’est pas pour d’autres. Il n’y a pas de solution sur ce point. Dans le réel c’est dans une négociation, l’affrontement d’idées et le rapport de forces que de toute façon ces idées et surtout leurs limites se définissent. Parlons-en donc.
Et si la loi du marché .
La loi du marché est aussi une partie de la solution. pour deux raisons me semble t-il:
- L’exemple de la taxe carbone l’a démontré, la prise en compte dans les coûts, dans les certifications, labels, … des contraintes du nouveau paradigme a une réelle influence sur l’économie et sur le verdissement des investissements et des consommations. Les habitations se transforment progressivement par exemple. Les sociétés répondent aux obligations nouvelles, d’une part par contrainte, mais surtout parce que leurs consommateurs l’exigent de plus en plus.
- Elle permet aussi de fournir un outil d’évaluation et de concurrence, pour optimiser et rechercher les meilleurs compromis techniques et financiers. Plus d’autonomie sur les batteries électriques, plus de recyclage des anciens produits – la réussite d’entreprises comme “BackMarket” ou “Vinted” en est une illustration –
La porte écologique ouverte par le nouveau paradigme.
La transition écologique :
C’est le point le plus mis en valeur aujourd’hui, mais ce n’est pas le seul, nous avons évoqué plus haut la problématique des distances lieu de vie – lieu de travail
par exemple.
(*)La transition écologique est un mouvement de très long terme.
C’est une extraordinaire opportunité aussi de développement des affaires et de l’économie dans la mesure où les principes, paradigmes nouveaux , définis plus haut y sont respectés.
- Transformer les habitations, un marché colossal pour progressivement aller vers des habitations à bilan carbone positif. C’est-à-dire qui vont consommer moins d’énergie qu’elles ne sont capables d’en produire.
- Transformer les transports, en réévaluant les moyens de transport, mais aussi en s’attaquant aux raisons de ces transports comme par exemple les déplacements quotidiens. Rechercher la moindre consommation énergétique dans les véhicules
- Transformer la production agricole et les standards de consommation, moins de viandes, plus de locaux…
- Transformer les modes de consommation, aller vers l’usage plus que la propriété,
- … et tellement d’autres pistes.
La transformation des lieux de vie :
Nous pouvons relier cette proposition à la problématique des distances. Nous devons repenser nos villes, villages, métropoles, régions.
Il y a une vision moderne qui se développe aujourd’hui, elle est appelée (*)“la ville du quart d’heure”, ou la “smart city” par exemple.
(*)Carlos Moreno, scientifique Franco-Colombien, en est un des principaux artisans.
C’est une voie indispensable, car nous touchons là au quotidien, aux principes de l’économie locale.
Nous pouvons noter aussi que la transformation des modes de relation au travail, notamment lors de la mise en œuvre du télétravail, durant la crise de la Covid 19, pousse et permet, pour les populations concernées, un changement de la relation au lieu de vie , à sa fréquentation et aux usages.
La gestion climatique
Nous devons l’admettre nous n’arriverons pas à limiter à 1, 2, voire, hypothèse vraiment dramatique, 3 degrés le réchauffement climatique avant la fin du 21ème siècle. Tout simplement parce que la masse des gaz à effets de serres déjà accumulée , quand bien même nous arrêterons toute production de ses gaz dès aujourd’hui, ne peut pas diminuer avant plusieurs dizaines d’années voir siècles. Bien évidemment cela ne va pas sans la prise en compte de catastrophes, changements profonds des écosystèmes et des impacts sur la biodiversité.
Nous devons donc imaginer comment nous pouvons régionalement nous adapter à cet état de fait. Cela suppose d’adapter nos villes, nos espaces de travail, la conception de nos monuments, la gestion de l’alimentation en eau. Il faut donc en faire une priorité de réflexion , d’expérimentation et de transformation.
Il ne faut pas seulement agir en ne mettant en œuvre que ce qui permet de limiter le réchauffement. Il faut désormais nous organiser et nous préparer à vivre avec 2, 2,5 degrés de plus en moyenne. Et comme nous l’avons compris cela veut dire réfléchir à la gestion des évènements climatiques, montée des eaux, cataclysmes fréquents , températures caniculaires.
Nous savons vivre dans ces conditions difficiles depuis longtemps.il est grand temps de préparer cette transformation à court terme de notre quotidien, en espérant que nos efforts sur les causes limiteront les effets réellement.
Il est donc impératif d’agir dès maintenant, pour concevoir des plans de transformation des cités, des lieux de travail…
L’éducation (1) doit aussi prendre en compte et transmettre les techniques et les connaissances qui permettent de comprendre et de trouver des solutions aux problèmes du quotidien.
A minima la sobriété
Un concept fait depuis quelques années un retour en force la sobriété. C’est à dire finalement la prise en considération concrète de la nécessité, de prendre en compte vraiment dans le quotidien de nos vies , la rareté, la durabilité, la nécessité de changer de mode de consommation consumériste du 20ème siècle et de ce début du 21ème.
Changement des modes d’alimentation, beaucoup moins de protéines animales, beaucoup moins d’énergie fossile. Et ainsi en suivant dans tous les secteurs de nos activités, transport, habitat…
La Science et l’homme
Il n’est pas possible de parler du monde pour agir, sans évoquer son acteur principal , et la caractéristique extraordinaire qui distingue ce Techno-Sapiens-Sapiens du début du 21 eme siècle, des autres Sapiens-Sapiens depuis l’invention de l’histoire et du type de société dans laquelle il vit aujourd’hui. Confort, puissance et vieilles dentelles.
Le progrès scientifique va où ?
La science est là, elle nous accompagne depuis quelques siècles dans sa version moderne, je ne saurai dire quand elle a germé dans notre esprit à quel moment l’observation vitale devient un savoir puis une connaissance que nous qualifions de scientifique. Où nous emmène ce nouveau savoir appliqué, qui nous a transformés en Champions de la technologie ?
Que pouvons-nous en attendre ?
Nos connaissances scientifiques du monde nous projettent vers des applications techniques, des inventions, de la lunette astronomique, à la radiothérapie, ces inventions sont incroyables, et la plupart ont des implications fondamentales dans la vie des humains et dans la société. Nous pouvons donc en attendre beaucoup.
Petite liste à la Prévert :
- La santé humaine, le corps humain devient réparable. , Quelle que soit la technique utilisée, nano-technologie, cyber-technologie, bio-technologie, thérapie génique, désormais nous savons que notre corps, que ce soit par des prothèses, ou des soins contre ses maladies, son vieillissement, est réparable, mieux, il devient “augmenté” , et nous allons encore progresser dans ce domaine.
- La maîtrise de l’énergie est probablement l’un des prochains progrès les plus importants et les plus stratégiques pour l’Humanité et cela va se faire, probablement grâce à la fusion nucléaire , et aux solutions de stockage de l’énergie. Encore heureux que nous ayons pris conscience que l’énergie fossile n’était pas une bonne solution. Aujourd’hui nos capacités à mettre en œuvre la transformation de l’utilisation des énergies fossiles vers les énergies renouvelables sont encore au balbutiement. Si nous nous en tenons à nos capacités actuelles, elle n’est pas encore possible pour un même volume d’énergie consommé. Il nous faudra des solutions intermédiaires, l’énergie nucléaire de la fission en est une parmi d’autres, mais il faudra trouver une meilleure solution qui est probablement envisageable ou possible d’ici 50 ou 70 ans avec la fusion nucléaire.
- L’intelligence artificielle, douloureux concept pour les bio-humains, la machine nous rattrape, elle pense déjà. Elle aura des performances qui ne feront que croître au point de nous dépasser dans notre capacité à comprendre et agir dans ce monde, à nous de négocier le bon protocole, celui qui nous conduira au delà du code d’ Amourabit de l’IA, pardon les lois d’Azimov, sans risque pour nous qui devenons progressivement hybride bio-humain-cyber
- Les solutions climatiques, nous serons capables d’agir directement et réellement sur le climat, par exemple par des techniques aérosol massives. Les techniques de géo-ingénierie sont balbutiantes et probablement exorbitantes en terme de coût mais elles sont bien présentes dans le débat voir article sur cette question de l’Ifrii ou celui de One Earth reprenant une proposition d’un chercheur de Harvard, sur le « Solar Regulation Management » ou ,SRM. Ces propositions relèvent de l’idée d’intervenir physiquement sur la nature pour modifier le climat. Cette idée n’est pas très récente, certaines pratiques agricoles sont de cet ordre, comme tirer du canon anti-grêle pour éloigner les orages , sans que l’on puisse vraiment en démontrer l’efficacité. Apparemment l’union soviétique a utilisé de tels procédés pour dissiper le mauvais temps lors d’envoi de fusées dans l’espace depuis longtemps et avec succès semble t-il (documentation à trouver). Dans l’article SRM en lien ci-dessus, l’idée en est clairement exprimée et fait partie des hypothèses avancées et controversées pour une solution technologique au réchauffement climatique. Ces expériences auront lieu , ou ont déjà certainement eu lieu. Une très grande prudence doit accompagner ce type d’expérimentation dont nous ne maîtrisons pas toutes les conséquences notamment en ce qui concerne la durée de son effet ou sa dispersion géographique par exemple. Mais admettons que nous ayons une solution pour écarter un ouragan, ou faire pleuvoir sur un désert, ou limiter l’effet de serre , ne devrions-nous pas l’utiliser ? Lire le très bon article de Stéphane Foucart dans le monde : :Climat : « Certaines des technologies envisagées pour maintenir habitable la Terre relèvent du cauchemar »
- La biodiversité c’est le laboratoire génial de la terre, c’est là que se testent au quotidien toutes les solutions évolutives de la vie et que se règlent tous les équilibres du monde vivant. Si cette biodiversité change c’est notre propre système vital qui évolue , sans que nous en ayons la maîtrise. Pour éviter un tel risque , d’un point de vue économique, nous allons devoir intégrer dans nos raretés et leur gestion, la prise en compte de cette biodiversité. A défaut sa détérioration, son changement, vont se rappeler durement à notre bon souvenir. Mais la nature ne nous attendra pas, si la biodiversité que nous connaissons disparaît, une autre s’imposera, serons-nous un élément viable de cette biodiversité ? Et là aussi les vrais progrès de la science sont à venir.
La bombe ou le GPS (Global Positionnement System) .le débat éthique et moral.
Très bien , nous aurons,grâce à la science, une partie de nos solutions, c’est certain. Mais les découvertes d’Einstein nous ont permis de créer des inventions dont la portée humaine est contradictoire, elles nous sauvent ou nous perdent.. Nous ne pourrons jamais choisir entre l’invention de la bombe ou celle du GPS, elles sont toutes les deux issues des mêmes lois scientifiques, dont il faut ne jamais perdre de vue la “relativité” de toute connaissance, sans jeu de mots.
Finalement le meilleur garant de ce choix éthique, n’est-il pas le besoin pressant, puissamment révélé par les grandes crises, et qui nous oblige à chercher , ou plutôt à inventer les outils dont nous avons vitalement besoin. C’est à nous qu’il revient de le dire, de le comprendre, de le réguler.
Et l’homme dans tout ça ?
La santé, le corps mutant.
L’éternelle jeunesse, le corps bionique, tout est désormais possible. Nous pouvons penser, qu’à condition d’en avoir les moyens financiers, nous pourrons échanger des organes, augmenter ses performances physiques , allonger de dizaines d’années notre espérance de vie, corriger des maladies génétiques.
Les maladies, connues à ce jour, n’auront plus prise sur nous, à condition que nous n’en générions pas nous-mêmes de nouvelles.
Les prothèses que nous imaginons concerneront toutes les fonctions vitales, et également le cerveau humain. Nous pourrons probablement implanter dans le cerveau des moyens de communication, d’apprentissage, de mémorisation, et bien sûr d’intelligence artificielle. Nous serons alors des sapiens-sapiens-augmentés.
Alors s’ouvre pour nous la nécessité de repenser ce qu’est la vie , ce que veut dire vivre. Et pourquoi vivons-nous et mourrons-nous ?
Jusqu’à quel point pouvons-nous changer comme des pièces détachées d’un véhicule , des parties du corps humain ? Pourquoi faire survivre des vieillards, bien-portant certes , au détriment de jeunes adultes ? Quelle existence pouvons-nous prévoir pour nous devenus des cyborg , (cyber-organismes) ?
Se mêlera à cette tendance lourde du développement scientifique, celle, non moins forte, du développement économique des industriels de la santé et de leurs immenses moyens d’entreprise-nation . Nous sommes déjà dans une économie de la santé dominée par les grandes multinationales, où les États ne sont plus beaucoup présents en dehors du point de passage régalien de l’autorisation de mise sur le marché. De ce point de vue , l’épisode COVID, et sa cohorte de multinationales du vaccin, a bien montré l’importance de ces très grandes organisations et des difficultés pour les États à les contrôler pour s’assurer d’un minimum de gestion partagée et équitable de la production de vaccins. L’Europe a peiné à se trouver une voie, les pays pauvres n’ont pas eu les mêmes chances d’accès aux vaccins. Il y a donc une vraie question de politique économique et de géopolitique.
Quel rôle un jour pourrait jouer ces multinationales de la santé, dans le monde multipolaire du multilatéralisme dynamique ?
L’homme social, la société humaine
Considérer l’homme comme seulement réductible à son individualité serait une erreur. L’homme ne vit que dans l’humain, et c’est donc dans son histoire, sa langue, sa culture, sa société qu’il faut le considérer.
L’individualisation, la réduction à l’être physique , que nos sociétés occidentales ont favorisées , ne peut suffire à expliquer ce qu’est et ce que sera la société humaine et donc l’être humain.
La forme que nous en connaissons aujourd’hui et qui représente notre mode de vie, notre forme de société se devra de se transformer profondément pour intégrer les évolutions , dont certaines sont radicales , celles du corps humain, celles du social-networking, celles du mode d’apprentissage, celles de la procréation.
Cette nouvelle humanité qui va naître sera probablement celle qui annonce une nouvelle civilisation.
En fin de cet ACTE 3 , nous avons évoqué les axes sur lesquels nous devrions avancer.
Le nouveau paradigme économique et social , poussé par l’urgence climatique et sociale, devrait nous permettre de réorganiser nos sociétés.
Passons au dernier Acte pour se projeter dans l’avenir.
Cet essai se compose ainsi : (Liens intégrés)
Préliminaires : Vade-mecum , Pourquoi et comment.
Acte 1 : Mise en perspectives et Principes d’économie politique.
Acte 2 : L’État du Monde.
Part 1 : Géopolitique
Part 2 : Démographie, Ecologie , Economie politique.
Acte 3 : Une nouvelle économie politique pour une nouvelle politique.( Cette article)
Acte 4 : Que pouvons nous faire, prospectives.
Acte 5 : Fin de Partie, Nous y sommes.
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