Ci-dessus « la danse macabre » , Fresque de l’abbaye Saint Robert à la Chaize-Dieu.
Une part des forces sociales, politiques et économiques du monde entier a choisi d’instituer , de promouvoir ce que j’appelle l’Ordre Noir.
Je vous explique pourquoi, quel est leur raisonnement, comment ils font et comment ils vont faire.
Au vu des premiers résultats de cette stratégie, on peut craindre qu’ils réussissent souvent .
Résumé du propos :
Devant les immenses difficultés qui s’annoncent au monde, du changement climatique à la chute de la biodiversité, ajoutés à la perte des repères géopolitiques du monde occidental , des élites politiques, sociales, économiques, pensent qu’un ordre du monde différent doit être imposé.
Que ce soit par la force , ou le plus souvent en utilisant les techniques et les savoir-faire de démiurges de l’analyse politique qui s’appuient sur les théories et les outils des *ingénieurs du Chaos, ils avancent.
De leur point de vue, la table doit être renversée pour instaurer un autre ordre, pour certains c’est celui du passé qui doit être restauré, mais pour beaucoup d’autres c’est celui d’un avenir prévisible, maîtrisé, plus rassurant, conforme à leur idéologie et plus fiable à leurs yeux.
* Voir mes articles : « de la manipulation. », en deux parties et, celui-ci : « le chaos ou Conseil au prince «
Nous pourrions dire en suivant les idées de Pierre Bourdieu dans “Sur la télévison”, 1996, que la démocratie libérale, sous ses formes modernes, glisse progressivement vers une oligocratie masquée, où le peuple vote mais ne gouverne pas. C’est dans cette oligocratie que se trouvent les principaux porteurs de cette idéologie..
Les idéologies ont montré leur force incommensurable dès lors que ceux qui en sont les partisans s’organisent , diffusent leurs messages politiques et prospèrent sur le terreau du populisme.
Elle nourrie et se nourrit du populisme, nous verrons plus loin sa stratégie politique.
Cette vision du monde est portée par des convictions et une idéologie, socle commun des oligocrates, qui partout veulent dominer le monde. Je lui donne le nom d’Ordre Noir.
Voici venir l’âge de l’ON.
Ce qui n’était qu’une idéologie parmi d’autres est devenu du fait des circonstances historiques , l’idéologie dominante au moins dans le monde occidental et maintenant au-delà.
Nous sommes donc arrivés à cette étape, où “l’Ordre Noir” se déploie , de l’Inde à l’Afrique , sans oublier les USA ou l’Europe, mais aussi la Chine.
Sur quels principes est fondée cette idéologie socio-économico-politique, comment fait-elle et pourquoi réussit-elle?
Nous allons tenter d’y répondre au moins partiellement.
NB: je dois m’expliquer sur le « Noir » de l’ordre. Je ne parle pas de fascisme, même si certaines formes des politiques que je décris en sont, c’est plutôt l’évocation mortifère comme celui de la danse macabre, nous sommes obligés de danser dans un jeu qui inexorablement nous conduit à la mort dit le poème. L’abréviation “ON” voudra donc dire Ordre Noir.
Plan de l'article.
ToggleDes principes fondateurs et idéologiques de l’Ordre Noir.
Le constat : L’immensité des difficultés que nous commençons à affronter, sur le plan climatique, celui de la biodiversité ou celui des émergences géopolitiques qui bouleversent les pouvoirs anciens, vont nous conduire à des affrontements toujours plus violents et forts.
L’origine phénoménologique de ces conflits de pouvoir peut conduire, aussi bien, vers des émeutes de la faim, des renversements politiques, des formes diverses de fascisme, vers des guerres de conquête , des guerres civiles ou des conflits armés factieux.
Les plus forts, ou ceux qui estiment encore l’être, vont tout faire pour prendre la main de quelque façon que ce soit. C’est la nouvelle forme d’une sorte de guerre mondiale secrète et hybride.
Certains vont jusqu’à provoquer, ou opportuniser, eux-mêmes ces conflits pour prendre le pouvoir , de façon apparemment justifiée.
Pour comprendre les idées qui nous portent vers cet ordre, nous allons évoquer les principes fondateurs et l’idéologie qui caractérise cet ON.
Principes Fondateurs de l’ON.
Quelles sont les analyses, les pensées, les constats qui conduisent à l’ON ?
Il s’agit de décrire ici certaines des théories, des visions, des raisonnements qui sont utilisés et fondent ou justifient l’action de l’ON.
Théories et pensées du collapse.
Le monde collapsatique, c’est le monde de l’effondrement, celui de la fin du monde. Il se compose de multiples théories dites du “collapse” soit par incident soit par pourrissement.
- Collapse par incident c’est le black-out forcé par une tempête magnétique de notre astre solaire, ou par un astéroïde mortel, par exemples.
- Collapse par pourrissement c’est l’inexorable poussée d’un mal ancien qui tue et dont le deus ex machina est un virus , le climat , l’effondrement de la biodiversité , que sais-je ?
Ce ne sont pas des théories juste pour se faire peur, certains de ces scénarios sont très crédibles, certains empruntent leurs idées à des organismes de renseignement ou des rapports scientifiques existants, y compris ceux du GIEC, ou encore à l’imaginaire de la science-fiction. Ces visions sont assez précises, plutôt documentées et étudiées.
De fait on y retrouve les trois causes de l’effondrement humain dans tous les temps , La catastrophe, la guerre, l’épidémie, la faim. Dans tous ces scénarios un déluge de mort , de violence. Ces récits offrent peu d’échappatoire ou très temporaire et très local, minoritaire en tous cas. Il y a peu « d’happy few » et encore moins «d’happy end »
Cette peur primale instaurée, alors se développe en réponse des mouvements sociaux réels, souvent identitaires et communautaristes.
Ci-dessous quelques-unes de ces stratégies illusoires qui servent cette idéologie.
- Le survivalisme délirant : c’est une des premières réponses. On s’organise individuellement pour survivre. Astuces, stratégies, anticipations en sont les maîtres mots. Comment survivre en autonomie seul ou à plusieurs. Il y a donc des groupes qui étudient minutieusement tout ce qui permet de survivre dans un environnement qui devient de plus en plus hostile. Le problème c’est le temps, combien de temps peut-on survivre, comment rendre pérenne au delà d’une génération ces situations. L’humanité a déjà répondu à ces questions, on ne peut pas survivre très longtemps seul ou en tout petit groupe, il faut donc des stratégies plus collectives.
- Le renoncement stratégique : Ce sont ceux qui vont vouloir mourir heureux. Puisque le monde va disparaître alors vivons le plus longtemps le mieux possible. Donc on renonce à changer les choses, au mieux on s’adapte et on rêve du monde des technos solutions. Et “que les plus forts gagnent”. Ça aura comme effet de diminuer rapidement la pression démographique, puisque beaucoup disparaîtront. Ceux qui survivront trouveront des îlots de vie techno-sourcés acceptables. Le monde sera alors soumis à un état brutal de domination de quelques-uns et terminera dans un état de guerre sans fin, à la Mad-Max.
- La sécession des élites : Ils se disent, entre eux : « anticipons totalement l’état du monde, laissons mourir ceux qui n’ont pas les moyens de se bâtir une île protectrice. Abandonnons à leur sort les cohortes des nations perdues. »
Il faut donc construire un monde d’entre soi protégé par une armée de guerriers et de serfs travailleurs pauvres , qui accepteront ces tâches contre une pseudo protection. C’est un retour brillant du monde féodal.
L’histoire de l’humanité a aussi montré que la convoitise, l’appât du gain, la perte subie de pouvoir politique par le groupe dominant , l’incident extérieur incontrôlable, … ne peuvent conduire qu’à l’affrontement, la guerre et la disparition. - La dysneylisation et les mondes virtuels : D’autres dysneylisent(1) le monde, ils imaginent alors un lieu secret , mirifique , spatial, autonome, où chaque élu, happy few , intègre en fonction de ses capacités contributives des ensembles, de type entreprises-nation par exemple, offrant confort matériel et avenir à ceux qui en ont les moyens. Inutile de chercher longtemps où se réfugient ces “utopia” dans la tête de quelques méga-entrepreneurs et de leurs méga-entreprises.
Adeptes de “Matrix » surement, certains imaginent même un monde second, artificiel , où le cerveau humain ne vit plus que dans un monde virtuel éternel.
Des Utopies dont nous n’avons pas les moyens , même si certains continuent à s’acharner à vouloir aller sur mars pour sauver l’humanité et pas seulement pour l’explorer et mieux comprendre l’univers.
(1) A voir de toute urgence le film « Don’t Look Up » Déni, projet politique, utopie, amour, humour tout y est, un joyau du cinéma américain.
Même en considérant que tous ces futurs ne sont que des projections plus ou moins maladives, il reste que pour un certain nombre de personnes, n’appartenant pas toujours à l’élite mais en général assez informés des réalités du monde, « les jeux sont faits et nous n’y pouvons pas grand chose » ou si nous voulons agir « il nous faut reprendre urgemment le contrôle » , au delà de toutes idées démocratiques ou rationnelles.
Toutes ces stratégies, mêmes les plus folles, ou les plus bêtes, font le jeu de l’ON car elles déstabilisent le réel, elles alimentent la théorie du complot, le doute ou le fol espoir à l’égard de la science, mais aussi le sentiment d’être trompé par les élites, de devoir jouer le chacun pour soi. Irrémédiablement elles entraînent la chute des régimes dits démocratiques.
Ainsi se fonde, pour certains, le terreau humain de l’ON.
NB: Je ne dis pas qu’il nous faut renoncer à toute science-fiction, comme reflet psychanalytique de notre âme, elle est indispensable, mais comme fond de commerce de l’ON, il faut la ramener à sa juste valeur d’imaginaire grisant pour en comprendre les idées et les mécaniques émotionnelles qui peuvent être utiles à des desseins néfastes.
La Crise du Climat vue par l’ON.
Je ne démontrerai pas de nouveau l’inévitable réchauffement climatique et ses conséquences sur la biodiversité et le climat, la suite infinie de ces bouleversements chaotiques sont désormais bien là. Les rapports du GIEC le font et les efforts de nombreuses communautés pour étudier et projeter ces conséquences sur nos activités et chercher des solutions d’adaptation, sont très importants.
A tel point que le nouvel ordre noir ne conteste les rapports du GIEC que pour justifier son action dé-régulatrice sur toutes les contraintes issues de lois et règlements. Il a admis l’aspect chaotique et terrifiant de cette situation, et précisément il se pose en solution politique économique et sociale.
Le climato-scepticisme , en est un mantra, il supporte le discours comme une toile de fond et donc : soit les scientifiques nous mentent soit ils n’ont pas compris que la terre évolue depuis des millénaires et que l’homme n’est pas responsable de ces changements. Pour preuve, si le gulf stream ralentit ou s’arrête, nous plongerons dans une vague de froid, incroyable disent-ils, le réchauffement n’est pas une certitude.
On retrouve quelques arguments caractéristiques qui positionnent une politique et une vision sociale du monde.
- Premier argument : “Le défi est insoutenable”.
Il n’y a pas de solution, il est en quelque sorte trop tard, il faut donc s’organiser pour profiter le plus longtemps possible des avantages du capitalisme carboné et mondialisé et donc favoriser sa dé-régulation.
Déjà le monde économique des entreprises privées les plus exposées en a pris acte :- Les assurances ont été parmi les premières à se retirer des risques, climatiques non assurables, compte tenu des engagements prévisibles liés à l’évolution du climat. Aujourd’hui les compagnies d’assurances, ne pensent plus assurer à partir de 2030 un certain nombre de risques liés au climat. Retrait argileux, submersion des côtes, inondations en zone à risques.
- Les banques suivent de peu , puisque 60 à 75 % de leurs investissements minimum sont dans l’économie brune*, reflet de plus de deux siècles d’économie basée sur le carbone et donc l’énergie fossile à l’origine des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre). Elles luttent donc contre les réglementations sur les portefeuilles et leurs actifs et sur tous les engagements RSEE (Responsabilité Sociale et environnementale des Entreprises) et font du greenwashing. Voir à ce sujet la lutte actuelle auprès de la BCE autour du « Climate factor » par exemple.
*Brune, vs verte, parce que carbonnée, sans compter l’économie dite « grise » (entre les deux)
Le backlash devient alors le fond d’une nouvelle politique économique, censée libérer les énergies contenues, bridées, le grand mot étant « empêchées ». Il faut abolir des règlements ou des obligations présentées comme absurdes, kafkaïennes, oppressives. Cette politique n’a pas qu’un impact économique puisqu’ elle porte aussi une version idéologique de lutte contre le “Wokisme” et autres considérations telles le genre, l’envahissement migratoire…..
- Deuxième argument parmi les plus utilisés : “La science va nous sauver”.
Il faut parier sur des solutions techniques pour absorber le carbone, changer le climat. Sont alors invoquées les techno-solutions de la Géo Ingénierie climatique, de décarbonatation biologique ou mécanique de la mer ou de l’atmosphère. Citons :- L’aviation à l’hydrogène vert
- La captation mécanique ou chimique massive du carbone
- La géo-Ingénierie du climat dans la stratosphère
- Le stockage massif de l’énergie renouvelable.
- L’IA qui permet la résolution des problèmes climatiques.
- La bio-ingénierie du vivant qui nourrira la planète.
Des avancées ou des découvertes salutaires seront toujours les bienvenues, et elles auront lieu, comme sur la captation du carbone ou la bio-ingénierie, ou même la fusion nucléaire, mais nous le savons ce n’est pas à l’échelle, ou à temps, ce ne pourra être que des compléments utiles ou des remplacements dans le long terme . Mais plus grave, il y a celles dont les résultats ou l’efficience est improbable, comme l’aviation à l’hydrogène ou douteuse, comme le stockage massif des énergies renouvelables, voire dangereuse et mortelle comme la géo-ingénierie dans la stratosphère.
Sur-Démographie et rareté des ressources.
L’importance de ces sujets, démographie et ressources, n’échappe à personne, bien que le climato-scepticisme soit de rigueur dans cette pensée, ce n’est un problème pour eux, il n’y a finalement que les tenants de la transition climatique qui s’en inquiètent.
Que ce soit la question démographique ou la questions des ressources, voilà comment ils voient les choses :
- Vu de l’ON, l’hyper ou la sur-démographie est la source du problème.
- Quantitativement et qualitativement : Quantitativement le nombre d’êtres humains sur terre approche de 9 milliards, il faudrait 2 ou 3 terres pour permettre à chacun de vivre selon les standards des pays développés.
Il y a donc trop d’hommes sur terre et il ne sert a rien d’entretenir cette situation, notamment par des politiques d’aides, de soins, d’éducation qui coutent trop cher.
Qualitativement, sur la pyramide des âges projetée à 50 ans, la population est vieillissante, surtout dans tous les pays à fort PIB, et extrêmement jeune dans beaucoup des pays à faible PIB.
NB : Il y aurait également beaucoup à dire sur l’effondrement des taux de fécondité partout dans le monde et pas uniquement dans les pays les plus riches.
Cet éléphant, quantitatif et qualitatif, dans la pièce empêche tous regards objectifs sur notre futur démographique et convoque autant de fantasmes que de réalités possibles, sur l’émigration massive, le grand remplacement, l’aspect nuisible des politiques de protections.
Décrit et vu de cette façon, il faut réagir, limiter les coûts, chasser les intrus, fermer les frontières. - Le monde des héritiers , Incidemment c’est une autre conséquence du vieillissement démographique. Vivant de plus en plus tard, nous héritons également de plus en plus tard et de façon de plus en plus concentrée dans les mains du décile le plus privilégiés.
Ce qui a pour conséquence de scléroser les économies, de créer pour la classe moyenne un sentiment de frustration et un déclassement. De fait, émergent des populations dont les enfants n’ont plus du tout les mêmes moyens de vivre que leur parents du fait d’un glissement du travail vers la rente comme source de fortune. Les tenants du nouvel ordre favorisent cette situation qui crée des populations plus conservatrices et plus fortunées donc plus à même de le soutenir. - Le monde des migrations, que ce soit du fait des guerres, du climat ou pour des raisons économiques, des migrations massives sont toujours à l’ordre du jour. D’abord parce que les pays à fort PIB, et forte population auront besoin de cette main d’œuvre pour entretenir, soutenir leurs populations vieillissantes. Mais cela ne suffira pas à épuiser la ressource migratoire. D’autres migrations en glissement régional progressif vont se produire, en fonction des évolutions tantôt du climat , tantôt des guerres , ou des famines et épidémies et bien sûr pour des raisons économiques.
Le discours sur l’invasion par des cohortes jalouses et destructrices est donc conforté.
- Quantitativement et qualitativement : Quantitativement le nombre d’êtres humains sur terre approche de 9 milliards, il faudrait 2 ou 3 terres pour permettre à chacun de vivre selon les standards des pays développés.
- Vu de l’ON , la limitation des ressources, la décarbonation, ne sont pas des problèmes.
- Eau , énergie, alimentation , minerais nos ressources ne sont pas rares. Dans la réalité, nous épuisons notre terre, il nous en faudrait au moins deux déjà. Certes il reste encore quelques bonnes années d’exploitation mais plusieurs de nos ressources premières pour l’’énergie, les minerais et même l’eau entrent dans des tendance de décroissance, elles ont connu leur pic de production et arrivent à leurs limites d’exploitation.
Le pic de pétrole disponible a été atteint en 2008 et désormais nous sommes en décroissance des quantités extraites.
L’ON lui cherche encore et prétend accroître les réserves. À écouter sa rumeur, le fonds des mers sera la solution, il faut juste déréguler, empêcher qu’on légifère sur l’usage des fonds marins.
La conférence de l’ONU sur les Océans ,qui s’est tenue à Nice début juin 2025, par son manque d’ambitions volontaires et par son échec sur la régulation globale de l’exploitation des océans en a été une preuve, l’ON est bien à l’œuvre.
- La mise en cause de l’exigence de la décarbonation. En effet , à leurs yeux, décarboner n’a de sens que si nous estimons collectivement qu’il faut le faire. Dès lors que les accords internationaux sur le climat font l’objet d’une contestation, pourquoi continuer à faire des efforts ? Ainsi l’ON pousse des pays à se retirer de l’accord de Paris, prétendant que s’il y a un problème nous trouverons des solutions techniques. Déjà les USA se sont retirés de cet accord .
- Aveuglement sur la Démographie et la soutenabilité des besoins. Là encore la pression démographique sur les ressources est strictement corrélée au nombre de personnes accédant au standard de niveau de vie établi sur le modèle occidental.
L’ON préconise cette extension des schémas de consommation occidentaux à son bénéfice financier ou d’asservissement techno-féodal*.
Le téléphone portable dernière génération doit aller partout, d’ailleurs comment en priver les pays, les peuples qui le demandent aujourd’hui ?
Les nouveaux usages comme celui des robots conversationnels génératifs, se généralisent à grand renfort d’intégration dans toutes les applications utilisées par tous les usagers d’un smartphone, et qui oserait préconiser le contraire ?
L‘ON applaudit, développer l’activité économique sans tenir compte d’aucune limite est son mantra.
- Eau , énergie, alimentation , minerais nos ressources ne sont pas rares. Dans la réalité, nous épuisons notre terre, il nous en faudrait au moins deux déjà. Certes il reste encore quelques bonnes années d’exploitation mais plusieurs de nos ressources premières pour l’’énergie, les minerais et même l’eau entrent dans des tendance de décroissance, elles ont connu leur pic de production et arrivent à leurs limites d’exploitation.
C’est cette vision globale du monde et de son développement que porte l’ON. C’est ce qui oblige aujourd’hui à réévaluer et réduire les politiques de transition et d’adaptation au changement climatique dans les pays du G20, et la plupart des gouvernements de l’OCDE..
*Voir le livre de Yanis Varoufakis, “Les serfs de l’économie”… Voir définition plus loin de Techno-féodalisme..
Principes idéologiques de l’ON.
Face à cette situation, décrite comme catastrophique, l’ON refonde les principes idéologiques de son action
L’individu libre et gagnant.
Le primat de la liberté individuelle.
Très tôt dans l’histoire politique anglo-saxonne le principe de la liberté totale des individus est posé.
Ce principe s’oppose immédiatement à celui d’un État qui entrave la liberté individuelle. C’est la logique du droit d’être armé de la constitution américaine. Nul ne peut le contester, il est le droit imprescriptible de se défendre personnellement, un devoir même pour chaque américain.
L’individu compétitif, le primat de la force et de la supériorité.
Cette conception repose sur l’idée de l’individu compétitif, qui s’impose à ceux qui ne peuvent rivaliser avec lui, quelle que soit l’origine et les moyens de son pouvoir. Plusieurs comportements en société traduisent aujourd’hui cette vision du monde et des relations humaines :
- Le Darwinisme social
Sans être partisan de sa version biologique qui conduit à l’eugénisme, une version sociologique, plus soft en apparence, se déploie, par le dogme de la compétitivité. Cette attitude permanente conduit à la valorisation de la performance individuelle, au refus des systèmes d’aide sociale, à la hiérarchisation sociale et raciale. Enfin à la considération que ne gagnent dans l’économie que les plus adaptés et donc les meilleurs.
Cet état du monde étant naturel, rien ne doit l’entraver et chacun est à sa juste place. - Le management personnel, le culte de sa personnalité.
Le retour sur un individu compétitif , seul , qui doit développer des performances et atteindre l’excellence , avec son corps, mais aussi avec sa réussite personnelle et professionnelle. Ce dogme renvoit ainsi l’individu à sa seule performance et le conduit à l’agressivité à l’égard des autres vus comme des concurrents en tout. Cette concurrence permanente conduit inexorablement à l’exclusion des plus faibles, à leur marginalisation, à leur invisibilisation. De plus, cette injonction s’appuie sur l’idéologie sous-jacente du monde sans limites. - La démocratie comme ennemi.
La démocratie vue sous cet angle n’est pas une bonne organisation politique, elle ne permet pas aux solutions rationnelles de l’oligocratie , les plus efficaces, de s’imposer. Ses hésitations, ses doutes sont la marque de sa faiblesse. Seule une action coordonnée, guidée par la volonté de rendre les individus libres permet de retrouver une société politique stable, équilibrée qui avance pour le bien de tous , ou du moins de ses oligocrates. La démocratie n’est là que pour confirmer les choix de l’élite technocratique et, ou économiques. Un régime non démocratique illibérale, ou un régime autoritaire lui est préférable.
L’identitaire comme force fédératrice .
Pour fédérer ce peuple d’individus libres et performants, dans une société où chacun est à la place qu’il mérite, il faut une vision transcendantale. Cette vision c’est la nation, et son support le patriotisme.
Pour assurer le lien entre tous ces individus , il faut ce ciment identitaire, défini comme la volonté d’un ensemble d’individus adhérents à un certain nombre des principes, évoqués ci-dessus, autour du primat de l’individu. Ces individus se soumettent à quelques règles communautaires sur un territoire sanctuaire à défendre entre patriotes et où tous se rassemblent pour vivre ensemble le sentiment national.
Ces idéologies de l’identitaire , ne sont pas à confondre avec les communautarismes. Il ne s’agit pas ici de créer une communauté , de personnes vivant ensemble et appliquant les mêmes règles, puisque précisément chaque individu est libre et peut faire ce qu’il veut et donc les pratiques individuelles et les pratiques locales sont par définition multiples et non définies par des règles universelles.
Cette vision de l’identitaire autorise donc une multitude de pratiques locales, régionales, de sous identités nombreuses et très variées autorisant de petites communautés qui vivent selon leurs désirs, et savoir-faire, et de grands ensembles sociologiques de “communautés virtuelles” qui partagent un style de vie, des *memes. A Los Angeles, New york ou Pékin, Singapore ou Moscou, les Amishs, évangélistes, mormons, et les communautés new yorkaises, californienne, peuvent cohabiter au delà de leurs caractéristiques diamétralement opposées.
S’identifier a , c’est aussi reconnaître l’existence d’autres identités, et selon l’acceptation de l’identité choisie, tout individu n’y appartenant pas devient un opposé, un risque, un ignorant, un exclu.
*Un mème ou meme, sur les réseaux sociaux est une image, une vidéo, un texte ou un contenu multimédia qui se diffuse rapidement et massivement sur Internet, souvent avec une touche humoristique, satirique ou ironique.
La lutte contre la raison et la science. La vérité alternative comme support quasi unique du discours.
Une autre caractéristique de cette idéologie, nihiliste sûrement , est de proclamer qu’il y a des vérités plurielles, ou une post-vérité. Une vérité qui n’est pas celle diffusée par les élites intellectuelles et qui serait la vraie.
Il y a la vérité que l’on perçoit immédiatement, que nous sentons par intuition. Celle qui n’interroge que ma perception, mon ressenti, c’est elle qui me conduit à la vérité selon l’ON. L’histoire des sciences aura beau démontrer tout le contraire, cela ne sert à rien.
Dans cette idéologie , tenter de raisonner scientifiquement est même contre productif, car il vient de ces élites honnies et montre les hésitations, les retours arrières, de la science exploités alors comme des failles de la vérité scientifiques qui devient relative, voire délibérément fausse. Le processus scientifique lui-même avec ses doutes, ses zones déclarées de non-compétence, devient une proie facile.
Ainsi une fake news doit-elle être du domaine de l’acceptable dans un montage idéologique plausible. Puisque le complot veut qu’on nous mente. Il est alors primordial de commencer par dénoncer un mensonge, et il n’est aucunement important qu’il soit réel ou totalement imaginaire. Il est seulement important qu’il vienne appuyer ce qui apparaît comme évident ou qui correspond à ce que l’on veut montrer. Les biais cognitifs de confirmation, de cadrage , ou de faux consensus, viennent alors remplacer la preuve. La répétition sert de moteur de confirmation et de raison à la « vérité » énoncée. Un pur mensonge devient le point d’appui d’une vérité relative ou alternative.
L’anathème de wokisme, qui pourrait lui aussi faire l’objet d’une étude similaire de son idéologie , couvre alors toute pensée réfractaire. Toutes les tentatives de compréhension d’un phénomène social ou politique, deviennent des justifications et non plus des faits exposés.
La vérité scientifique est dénoncée comme volonté de soumettre le peuple à la volonté d’une élite corrompue, voire de l’empoisonner , ou de lui injecter une puce de traçage en le vaccinant.
Le retrait des règles sociales, la société à minima.
Toute organisation sociale est considérée comme oppressive. Les règles, les lois doivent être minimales car la rivalité humaine doit toujours permettre aux meilleures de s’imposer. Le Primat de l’individu est la règle absolue. La lutte contre « l’état profond » devient une urgence.
Dans ce cadre général dérégulation et illibéralisation s’imposent :
- Dérégulation et déréglementation comme obsession.
Vient alors le grand principe de l’action politique. Déréguler , déréglementer, comme seul moyen de rendre aux acteurs économiques leur véritable pouvoir de faire. Grâce à la concurrence, il ne peut en sortir que les produits qui sauront satisfaire les acteurs économiques et sociaux dans les meilleures conditions de performance et qui produiront donc leur propre norme et standard.
A aucun moment l’individu acteur puissant ne doit être “empêché”. Car si un produit, un service, se révèle mauvais, insupportable, alors il sera rejeté par le marché ou l’individu est le seul juge, en dernière instance, de ce qu’il faut ou ne faut pas.
- La démocratie illibérale comme modèle
La démocratie libérale n’est qu’un concept mou. Il faut aller au-delà, casser tout ce qui perturbe la marche vers la concurrence absolue. Concurrence qui permet en économie, comme au niveau social, de libérer les énergies et de faire que chacun puisse faire ce qu’il veut . C’est l’émergence de la démocratie illibérale. L’image de Javier Milei maniant la tronçonneuse pour couper dans les dépenses publiques et détruire l’état profond est de ce point de vue un coup génial du marketing politique de Milei.
La peur tous azimuts
L’Ordre Noir utilise nos peurs, il s’appuie dessus, il les transforme en moteur de l’action politique. La peur ayant étendu son emprise sur les hommes, elle sert à faire agir l’individu au delà de ce qu’il ferait normalement.
Peur des autres
L’Ordre Noir prospère sur la peur de l’altérité. Migrants, minorités, dissidents sont désignés comme perturbateurs de l’ordre social. La peur de l’autre alimente les replis identitaires, justifie les politiques sécuritaires, et permet l’émergence de gouvernements autoritaires. La xénophobie devient un outil de normalisation.
Peur de l’avenir
Le récit de l’effondrement, sans projet alternatif mobilisateur, engendre une paralysie collective. Le climat, l’intelligence artificielle, la guerre, tout devient source d’angoisse. L’avenir est perçu comme menaçant, opaque, inéluctable. L’Ordre Noir capte cette peur pour légitimer son emprise et décourager les mobilisations.
Peur de mourir
Dans une société numérisée où l’individu est isolé, la peur de la mort n’est plus transcendée par la religion ou le collectif. L’obsession de la santé, la quête de contrôle total sur le corps, la biopolitique deviennent des terrains d’expérimentation pour les oligarchies. La médecine prédictive, les régimes de surveillance sanitaire, l’eugénisme résultant des algorithmes de sélection, renforcent l’individu soumis, apeuré, dépendant.
Des moyens et méthodes de l’Ordre Noir.
Le Monde : La fin de la démocratie internationale et des instances internationales comme objectif.
La mise en cause systématique des instances internationales vise à s ‘affranchir des règlements et des contraintes qu’elles ont établis.
- La logique mortifère du droit de véto, ou Pourquoi De Gaulle parlait-il du « machin » pour décrire l’ONU ?
Ce n’est pas une tentation, ni une volonté très récente , depuis longtemps certains États en contestent la légitimité. Le général de Gaulle parlait de machin au sujet de l’ONU, pourtant la France, avec son droit de veto, y a une place de choix. Son opinion était fondée sur l’expérience de la Société des Nations notamment qui n’avait pas réussi à empêcher ni la première ni, encore moins , la seconde guerre mondiale. Même en ayant amélioré les techniques de fonctionnement de l’ONU, il reste qu’aujourd’hui par exemple, avec 5 pays disposant d’un droit de véto, il n’est plus possible d’avancer et de décider quoi que ce soit. Dans la période de la guerre froide, une forme de consensus mou avait maintenu un semblant de négociation à l’ONU , principalement autour de la décolonisation des anciens colonisés.
Pour l’ON, l’ONU ne peut plus être le l’instance d’une quelconque démocratie planétaire et encore moins le lieu ou des décisions communes sont appliquées à tous. La diplomatie doit être transactionnelle. - Préférence pour la diplomatie transactionnelle.
Dans un contexte de multilatéralisme dynamique régional et de dérégulation mondiale, la diplomatie transactionnelle s’impose pour les tenants de l’ON.
Dans les instances internationales, il n’est pas possible de négocier de façon individuelle, ce système protège les petits états contre les plus gros, qui évidemment, dans une négociation directe un contre un, seront défavorisés. C’est ce que souhaite l’administration Trump. Les plus forts ont intérêt à négocier en position de force avec les plus faibles et non en face d’un groupe plus résistant et averti. L’ON représente l’ordre des plus forts. - Les entreprises Nations/Etat.
Une autre forme de nation naît sous nos yeux. Ce n’est pas qu’il n’y avait pas de grands groupes internationaux, c’est qu’aujourd’hui leur ampleur, leur force et leurs méthodes de travail sont faites pour des salariés qui ne sont plus dans une logique de dépendance salariale, mais de servage économique. Vous vendez votre travail à un employeur dont vous n’êtes pas le salarié mais une sorte de sous-traitant autonome. Uber est un exemple des ces logiques de dé-salarisation. Mais plus loin encore, la dimension mondiale des groupes de la Tech, notamment des GAFAM américaines , ou des BATX Chinoises …. , en font des entreprises dont le pouvoir dépasse celui de beaucoup d’États. Starlink l’entreprise de télécommunications d’Elon Musk n’intervient elle pas dans la géopolitique mondiale en offrant une couverture satellite de type militaire à l’Ukraine . D’autres pays utilisent pour leur besoin en tant qu’État ces services hypersensibles, offrant ainsi un immense pouvoir à ces entreprises Nation-État qui déjà imposent leur loi en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud.
Les Hommes : La diffusion mondiale pour asseoir le pouvoir des oligocrates de l’ON.
La diffusion mondiale.
Une partie importante de cette oligocratie moderne, composé des magnas milliardaires des entreprises et de certaines élites politiques, ne se contente plus de contrôler un État : elle cherche à imposer un modèle global. Par des vecteurs économiques (multinationales, fonds d’investissement), technologiques (plateformes numériques), politiques (réseaux d’influence transnationaux), les oligocrates de l’ON créent un système autoréférentiel et autorenforçant. La mondialisation n’a plus pour but la prospérité partagée, mais l’organisation d’un monde fracturé selon les intérêts de ceux qui détiennent les leviers de la puissance.
Pour asseoir durablement leur pouvoir, ils ont mis en place une stratégie d’expansion globale par le biais des technologies numériques, de la financiarisation des économies, et du contrôle des flux culturels tel NetFlix, Amazon…
Cette diffusion s’opère via des institutions internationales, des réseaux sociaux, des plateformes de streaming et des circuits de l’influence idéologique. Le modèle anglo-américain du capitalisme numérique s’est ainsi progressivement mué en norme mondiale, exportant un mode de vie, une logique de domination, et une conception ultralibérale de la réussite. Seule la Chine aujourd’hui résiste , mais en reprenant à son compte ses codes et ses outils et en les incorporant dans le modèle politique chinois.
Les oligocrates et les disruptions politiques
Les oligocrates prospèrent dans les crises. Le chaos devient un levier d’accélération politique. En favorisant l’instabilité — qu’elle soit économique, sociale, climatique ou culturelle — ils peuvent déstabiliser les États, faire vaciller les démocraties libérales et légitimer leur propre pouvoir comme ultime recours contre la décadence. C’est le règne de la disruption, celui de la vérité fluide, des institutions délégitimées et de l’État affaibli.
Les disruptions politiques ne sont plus des accidents historiques, mais des tactiques délibérées. Créer du chaos, fragiliser les institutions, alimenter la polarisation sociale : ces méthodes permettent de transformer les démocraties en vitrines sans pouvoir réel. L’idéologie de la « start-up nation » et la fascination pour l’innovation permanente cachent une destruction systématique des structures et institutions de médiations politiques et sociales. Le désordre devient méthode, et la crise un outil de gouvernance.
Le partage du monde ou le nouveau Yalta des oligocraties
Ce n’est plus un Yalta entre superpuissances, mais entre oligarchies. Le nouveau partage du monde s’opère dans l’opacité : entre oligarques de la tech, magnats de l’énergie, seigneurs de l’information et maîtres de la finance. Ces alliances mouvantes construisent des zones d’influence : un cloud américain, une Eurasie énergétique, un cyberespace chinois, un Sud global monétisé. Ce monde n’est plus multipolaire, il est multicorporatif.
l’influence se partage entre grandes familles oligarchiques, consortiums technologiques et blocs numériques : la Silicon Valley contrôle les imaginaires, le Kremlin les contre-récits, Pékin les infrastructures, et les grands fonds souverains gèrent les dépendances économiques.
Ce partage du monde se fait sans débat démocratique, dans l’opacité des alliances stratégiques, des participations croisées et des ententes géoéconomiques.
La fin des États-nations et les stratégies mondialistes de l’Ordre Noir
Les États-nations, pris en étau entre dettes souveraines, dépendances numériques et démembrement identitaire, voient leur légitimité grignotée. L’Ordre Noir, sous couvert de gouvernance mondiale, œuvre à la dilution de la souveraineté. Il ne s’agit plus de gouverner les peuples, mais de gérer des flux (de données, de capitaux, de migrants, de consommateurs). Le projet mondialiste repose sur des normes dépolitisées, sur le pilotage algorithmique de la société, sur le déclin de la démocratie parlementaire.
Les États-nations, réduits à de simples gestionnaires de flux, se dissolvent progressivement. La fiscalité, la législation, et même la défense sont de plus en plus déléguées ou contournées. Les stratégies mondialistes de l’Ordre Noir s’appuient sur la captation de la souveraineté par les outils technologiques, les accords commerciaux, et les standards internationaux dictés par des intérêts privés. Les GAFAM (Américains) ou BATX (Chinois), les banques centrales , les maitres des *cryptomonnaies deviennent les nouveaux pouvoirs régulateurs d’un ordre post-national.
*Cryptomonnaies : ce sont des monnaies , basées sur une technologie particulière, les blockChain, qui permettent de se passer d’une instance régulatrice en certifiant automatiquement toutes les formes de transaction réalisées, en créant leurs propres moyens de paiement, indépendamment des pouvoirs régaliens des états.
De l’ordre Trumpiste et Poutinien : le gouvernement par le chaos
Rappel sur les stratégies du Chaos
Inspiré des doctrines militaires et de la guerre informationnelle, le chaos est ici pensé comme stratégie délibérée. L’indécision, l’ambiguïté, la saturation d’informations contradictoires deviennent des armes de gouvernance. Gouverner, ce n’est plus stabiliser, c’est sidérer, désorienter, fragmenter, diviser — pour mieux contrôler. La vérité devient optionnelle, la peur devient systémique, la confusion devient fertile.
Trump versus Poutine, le chaos roi
Selon les moments historiques les rois du chaos utilisent alternativement ou conjointement à des fins internes ou externes le Chaos.
Trump a utilisé, dès son élection, le chaos à des fins internes : décrédibiliser les institutions, démembrer l’état profond, transformer l’État en machine de communication narcissique, faire de la post-vérité une norme.
Poutine, lui, instrumentalise actuellement le chaos à l’échelle internationale : guerre hybride, subversion des opinions publiques, subordination des électeurs, neutralisation des normes internationales.
L’un brouille le jeu démocratique, l’autre le jeu géopolitique. Tous deux incarnent une forme de souverainisme chaotique, où la guerre devient permanente, multicanale, hybride, mais aussi floue. Les adversaires sont toujours multiples.
Le changement de pied permanent , la trahison politique des alliés sont leurs outils quotidien. La sidération est l’arme des autocrates, explique Giuliano da Empoli dans « L’heure des prédateurs » (2025)
Les Autres : De la Chine à la France
De la Chine comme nouveau leader du monde émergent
La Chine se présente comme l’alternative au modèle occidental : capitalisme d’État, autoritarisme technologique, néo-confucianisme stratégique. Elle attire de nombreux États du Sud global par ses investissements, son discours d’équité multipolaire et son refus de l’ingérence. Elle propose un ordre mondial non libéral mais efficace, où l’État redevient central, et le numérique un outil de régulation des masses.
La Chine dans l’Ordre Noir
Mais la Chine ne rejette pas l’Ordre Noir, elle y participe à sa manière.
Elle développe un capitalisme de surveillance, fondé sur :
- Le principe d’un “crédit social” quantifié en points et attribués à chaque individu selon sa soumission aux règles qu’elles imposent, et qui autorise l’accès à certains services et libertés, comme celle de voyager.
- Le contrôle algorithmique au travers de tous les moyens de surveillance électronique permet de traquer chaque individu, et de déterminer les écarts individuels.
- L’effacement des oppositions, par une répression farouche des opposants, ou même des entrepreneurs trop influents ou s’écartant des lignes fixées par le parti communiste.
Elle intègre les logiques de rente, exploite le cloud et l’intelligence artificielle comme outils de pouvoir, tout en prônant la souveraineté numérique. Son autoritarisme algorithmique devient un modèle pour d’autres régimes.
Leader du monde émergent et du Sud global
En Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine, la Chine construit une toile d’influence. Elle utilise pour cela sa politique dite des “routes de la soie”, des partenariats commerciaux, de la mise à disposition d’infrastructures numériques. Elle vend une stabilité autoritaire et une prospérité dirigée.
Le Sud global lui s’émancipe des diktats occidentaux, mais entre dans un nouvel ordre d’interdépendances dominées par Pékin.
La dette, les ressources, les réseaux deviennent autant de leviers de domination.
Grâce à une politique d’investissement massif et à une stratégie d’endettement calculée, la Chine devient le garant de la stabilité pour de nombreux pays du Sud. Elle offre une vision technocratique du développement, fondée sur l’efficacité, la souveraineté et la verticalité du pouvoir. Le Sud global y voit une alternative crédible à l’impérialisme occidental, même si elle s’accompagne de nouvelles dépendances structurelles.
Un exemple français : PÉRICLÈS comme outil de planification de l’Ordre Noir
En France, certains projets politiques s’alignent insidieusement sur les logiques de l’Ordre Noir. Le projet PÉRICLÈS, animé par Paul-Edouard Stérin, illustre cette volonté d’organisation idéologique globale, sous prétexte de cohérence stratégique. Son architecture en 8 pôles permet une segmentation fine des aspirations identitaires et politiques, en instrumentalisant les contradictions internes à la société française , permettant de structurer les discours, de capter les colères et de recomposer l’offre politique dans un cadre conforme à l’Ordre Noir.
Rappel : Projet Périclès — 8 axes stratégiques
- Patriotes : attachement au drapeau, à l’armée, à la souveraineté nationale
- Enracinés : valorisation des territoires, des traditions locales
- Résistants : opposition aux élites mondialisées, appel à la révolte civique
- Identitaires : affirmation ethnique, culture nationale, défense civilisationnelle
- Chrétiens : retour aux valeurs religieuses, morale conservatrice
- Libéraux : foi dans l’entreprise, autonomie individuelle, économie de marché
- Européens : volonté d’une Europe puissance, critique du fédéralisme
- Souverainistes : rejet des transferts de souveraineté, préférence national
Ces axes stratégiques se consolident sur deux pôles :
Le pôle Identitaire et Nationaliste :
- Reposant sur la réactivation des mythes nationaux, religieux et ethniques, ce pôle constitue une réponse émotionnelle au désenchantement démocratique. Il cherche à fédérer les affects autour de la mémoire, du sol et des origines.
- Il est très facile à déployer, il apparaît comme le moyen de reprendre force , “ensemble nous vaincrons, nous défendons notre patrie, nos coutumes, notre religion, notre territoire local….”
Le pôle Politique :
- Les « Résistants », « Libéraux », « Souverainistes » et « Enracinés » incarnent les tensions du politique postmoderne. Entre la défense des libertés et la volonté d’État fort, entre localisme et impératif national, ce pôle cherche à stabiliser l’ordre tout en critiquant les élites déterritorialisées.
- Il incarne la recomposition politique autour de la critique de l’État technocratique et du globalisme libéral.
La lutte contre l’Ordre Noir
Attaquer et affaiblir ses supports
La mère des batailles : Le temps de cerveau disponible
Il s’agit de reprendre le contrôle sur l’attention, devenue la ressource la plus convoitée de l’ère numérique. Les plateformes sociales et les moteurs de recherche utilisent des algorithmes optimisés pour capter le plus longtemps possible l’attention des individus, en exploitant les biais cognitifs, les émotions et les mécanismes de gratification. Pour contrer ce monopole cognitif, il faut instaurer des obligations de transparence algorithmique, développer des interfaces dites de sobriété attentionnelle, et rendre techniquement possible l’arrêt ou le remplacement des algorithmes privés par des alternatives open source ou neutres.
Ouvrir les plateformes des réseaux sociaux
Les grandes plateformes fonctionnent en silos fermés, interdisant toute interopérabilité ou régulation externe. Il faut :
- Rendre interopérables les réseaux pour permettre aux utilisateurs de communiquer entre plateformes, réduisant ainsi l’emprise d’un seul acteur.
- Permettre la création de filtres externes à la place des algorithmes de recommandation propriétaires.
- Favoriser des modèles coopératifs, associatifs ou publics qui placent l’intérêt général avant le profit.
Limiter l’accès aux moins de 15 ans
Les enfants et adolescents sont particulièrement vulnérables aux effets cognitifs et émotionnels des réseaux sociaux. Il convient de :
- Interdire strictement la collecte de données personnelles des mineurs.
- Instaurer un temps d’écran limité et contrôlable par les parents.
- Imposer des obligations de conception éthique à destination des mineurs (design non addictif, limite du nombre de *swipe, transparence des données et des algorithmes).
*Swipe : Mouvement du doigt vers le haut d’un écran de smartphone qui permet de passer très vite à la vidéo , ou au contenu ,suivant.
Une modération libre et pluraliste
La modération actuelle est opaque, centralisée et soumise aux intérêts des actionnaires. Pour la rendre démocratique :
- Créer des instances de modération indépendantes, à l’image de tribunaux citoyens du numérique, ou la possibilité de publié des avis de modération par un tiers certifié sur un contenu.
- Imposer la transparence des critères de modération, avec publication régulière des décisions et de leurs justifications.
- Intégrer les usagers dans la gouvernance des communautés, en leur donnant un pouvoir de décision sur les règles applicables.
Révolutionner ses structures
Lutter contre le techno-féodalisme*.
Le capitalisme numérique impose une logique féodale où les travailleurs et fournisseurs dépendent entièrement des plateformes numériques qui utilisent ou emploient leurs services :
- Interdire la possession exclusive des données utilisateurs par les plateformes.
- Lutter contre la féodalisation des travailleurs et des fournisseurs : l’Ubérisation, et l’accaparation des données utilisateurs rendent caduc la relation de travail salarié. Provoquant un déficit de protection et un asservissement des travailleurs, des fournisseurs ou sous-traitants.
- Valoriser les communs numériques, comme alternative aux infrastructures privatisées, autorisant la *neutralité du net.
- Assurer une protection sociale des travailleurs ubérisés : droit à la négociation collective, salaires minimums, accès à la sécurité sociale.
*Techno-féodalisme : Système économique et politique dans lequel quelques grandes entreprises numériques (les seigneurs technologiques) détiennent le contrôle de l’infrastructure, des données et des flux attentionnels, transformant les usagers en serfs qui travaillent gratuitement (en fournissant données, contenus, créativité, attention) tout en étant dépendants de ces plateformes pour exister, travailler, communiquer ou vendre.
*La neutralité du net est un principe selon lequel tous les données sur Internet doivent être traitées de manière égale par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les gouvernements. Cela signifie que les FAI ne doivent pas bloquer, ralentir ou donner la priorité à certains contenus, applications ou services par rapport à d’autres.
Restructurer le système financier.
Le système actuel favorise la rentabilité de court terme et les rentes :
- Réformer les indicateurs de performance en y intégrant des critères environnementaux, sociaux et démocratiques. Ne plus travailler avec le seul PIB par exemple.
- Imposer la comptabilisation du coût écologique dans les comptes des entreprises. par exemple sur le principe de la *dette écologique des entreprises.
- Mettre en place une fiscalité incitative à l’investissement long terme et à l’innovation durable.
- Réformer la fiscalité de l’héritage et le droit des successions, pour tenir compte des concentrations capitalistiques et des rentes abusives. Il faut rendre à la société les captations abusives de richesse, obtenues grâce à l’investissement social : Santé, Éducation, Infrastructure, Protection.
*La dette écologique d’une entreprise est le passif environnemental qu’elle laisse à la société et aux générations futures, en raison de ses activités, sans réparation, compensation ni internalisation des coûts.
Consolider nos structures
Renforcer la démocratie.
La démocratie est fragilisée par la concentration des pouvoirs et la défiance populaire, les manipulations sur le web… :
- Garantir l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire pour lutter contre le risque des gouvernements autoritaires et accroître la résistance aux lobbies.
- Développer des mécanismes de démocratie participative (budgets citoyens, assemblées locales, consultations citoyennes).
- Reconnecter le citoyen à la décision politique en renforçant la démocratie locale : soutien aux mairies, aux conseils municipaux, aux initiatives citoyennes territoriales.
Développer une éducation populaire.
Face aux manipulations informationnelles et à l’ignorance numérique :
- Enseigner, ré-enseigner, dès le primaire à l’école les principes scientifiques et la méthode critique.
- Intégrer l’apprentissage du fonctionnement des algorithmes, des IA et des plateformes numériques.
- Créer des maisons de la culture numérique : lieux d’apprentissage ouverts, gratuits, et intergénérationnels, indépendants des logiques marchandes.
Renverser ses paradigmes.
L’ON repose sur quelques paradigmes qui fondent sa logique, la perpétuent et l’autorisent.
Paradigme 1 : la gratuité des ressources naturelles. — Réintroduire la Terre.
Pour l’économie libérale le coût d’une ressource naturelle n’est que celui de son extraction, de son transport et de sa distribution, il comporte également un très faible coût payé comme une rente au propriétaires de la ressources en tant qu’elle est sur un territoire qui lui appartient, une personne, un état, une communauté.
Pour la mer ou l’espace, cette notion de gratuité de la ressource utilisée est totale.
Toute consommation s’assimilant à une destruction d’un stock, cette façon de comptabiliser la valeur ne tient aucun compte d’une dette à l’égard des ressources de la planète ou dette écologique. En fait on peut dire qu’ une ressource première ne coûte rien, aujourd’hui c’est son exploitation et sa commercialisation sur un marché qui lui donne sa valeur.
Il faut renverser ce paradigme et parler de dette écologique et évaluer ce montant sur la base d’une exploitation de long terme et de la compensation des coûts écologiques de réparation, remise en état, régénération, dépollution, récupération-recyclage en plus de la compensation carbone , ou d’autres taxes par exemple pour tenir compte des atteintes portés à la biodiversité.
Nous l’avons fait pour l’empreinte carbone, pourquoi ne pourrions-nous pas aller plus loin ?
Évidemment réflexion et progressivité sont indispensables.
Il faut donc établir une nouvelle Économie Politique.
Paradigme 2 : La performance comme critère d’évaluation des modèles , des résultats et des hommes — Aller vers la robustesse
La société moderne, à travers le prisme économique, scolaire, entrepreneurial ou même sportif, a sacralisé la performance : être le plus rapide, le plus visible, le plus rentable, le plus compétitif. Ce culte de la performance produit une hiérarchisation brutale des individus, valorisant l’instantanéité, l’efficacité apparente, au détriment de la durabilité, de la coopération ou de la résilience.
Cette obsession du résultat mesurable alimente la rivalité mimétique (Cf René Girard): chacun veut faire mieux que l’autre, et chacun devient potentiellement un concurrent, un obstacle ou un bouc émissaire en cas d’échec. Le système produit ses exclus tout autant qu’il célèbre ses champions.
Or, dans un monde soumis à des chocs répétés — climatiques, technologiques, sociaux — il ne s’agit plus de « performer » mais de durer, de résister, de se transformer sans s’effondrer, d’être robuste. La performance est une notion linéaire, court-termiste ; la robustesse est une notion systémique, temporelle et collective.
Il faut inverser le critère d’évaluation : valoriser les systèmes *robustes, c’est-à-dire capables de faire face à l’incertain, à la complexité, à la diversité. Cela implique de récompenser la capacité à coopérer, à intégrer les signaux faibles, à absorber les chocs, à transmettre aux générations futures.
*Dans un monde qui se caractérise de plus en plus par son instabilité, les systèmes vivants, biologiques, nous ont déjà montré que c’est en pariant sur la robustesse et non la performance instantanée, c’est à dire sans jamais atteindre les limites d’une performance absolue que l’ont dure dans le temps. Olivier Hamant dans « Antidote au culte de la performance » développe cette idée comme nécessité pour survivre-vivre dans le monde instable qui s’annonce.
Paradigme 3 : L’identitaire-sécuritaire — Redonner un sens politique à l’appartenance
La montée des tensions identitaires est la conséquence d’un double processus : l’effondrement des récits collectifs fédérateurs (comme la République, l’humanisme, l’universalisme…) et la fragmentation accélérée des sociétés. Dans ce vide de sens, l’identitaire devient un refuge, un miroir dans lequel les individus cherchent reconnaissance et protection.
Mais ce regroupement identitaire est instrumentalisé. Il ne vise pas à enrichir la pluralité, mais à produire du soupçon, du tri, du rejet. Il crée des blocs homogènes, destinés à être opposés les uns aux autres au nom de la sécurité ou de la préservation culturelle. *Le visage de l’autre devient une menace, un marqueur d’altérité insurmontable. Cette logique sert les stratégies de pouvoir, en détournant les colères sociales vers des ennemis de proximité : migrants, minorités, opposants internes.
Ce paradigme doit être renversé. L’appartenance ne peut être fondée sur l’exclusion mais sur la coopération. Le lien identitaire doit être dépassé par le lien politique, au sens noble : faire société. Il faut réhabiliter les institutions du commun, repolitiser les débats de l’intégration, du vivre-ensemble, de la diversité, et réinventer des formes d’universalité concrète.
Cela suppose aussi une politique de l’espace public, du langage, de l’éducation civique, qui ne délègue plus à l’émotion et à la peur le monopole de la cohésion sociale.
*Lévinas a beaucoup travaillé sur cette notion du “Visage de l’autre” précisément pour montrer que si nous n’acceptons pas de reconnaître notre commune origine en regardant ce visage , alors commence la possible ignorance , l’effacement, le mépris, la haine de l’autre. Il va même jusqu’à considérer que c’est l’origine de la capacité à tuer l’autre, à le torturer sans émotions. « Le visage, c’est ce qui nous interdit de tuer. » (Totalité et Infini, 1961, p80)
Paradigme 4 : Le refus de la limitation — Revaloriser la mesure et la finitude
Le paradigme dominant de la modernité repose sur l’illimitation : croissance infinie, innovation permanente, désir sans borne, expansion technologique continue. L’homme s’est cru affranchi de toute contrainte : biologique, temporelle, écologique. Ce fantasme prométhéen fonde aussi bien le capitalisme d’accumulation que le transhumanisme, l’extractivisme ou la finance dérégulée.
Mais le réel nous rappelle à l’ordre : limites planétaires, épuisement des ressources, effondrement des écosystèmes, saturation psychique et sociale. Le refus de la limitation devient une pathologie collective — addiction à la consommation, infantilisation politique, déni écologique.
Il faut donc réhabiliter la notion de mesure. Non pas comme une contrainte punitive, mais comme une sagesse de la durée. La finitude n’est pas une faiblesse : c’est ce qui permet l’équilibre, l’arbitrage, le soin du monde. La sobriété devient un principe actif, une manière d’habiter la Terre avec lucidité et justice.
Cela implique une transformation des indicateurs économiques pour passer de la croissance au bien-être durable, une redéfinition des droits et devoirs humains face au vivant, une éthique de la limitation choisie plutôt que subie.
« Ce n’est pas la nature qu’il faut sauver, mais le Terrestre, c’est-à-dire ce dont nous dépendons et qui dépend de nous. » écrit Bruno Latour dans « Face à Gaïa » (2015).
Ce changement d’orientation est géopolitique autant qu’ontologique : il faut rompre avec l’idéologie de l’ascension vers un progrès infini pour revenir à une horizontalité partagée avec les êtres vivants et non-vivants.
Agir et Construire : Produire de la vie sociale au quotidien
Agir contre l’Ordre Noir, ce n’est pas seulement s’y opposer ou le dénoncer : c’est surtout construire autre chose. Pour mémoire ci-dessous je vous propose une série d’actions concrètes, ancrées dans le quotidien, capables de recréer du commun, du sens, du collectif.
Briser la spirale individualiste
L’Ordre Noir prospère sur la fragmentation des individus, l’isolement dans des catégories définies par l’algorithmique, et la concurrence généralisée. Briser l’individualisme, ce n’est pas nier l’autonomie, mais restaurer une capacité à penser et agir avec les autres. Cela passe par la revalorisation des pratiques collectives : jardins partagés, repas de quartier, coopératives, médiathèques, entraides locales. Chaque lieu de vie peut devenir un espace de lien retrouvé.
Cette action se fait aussi dans l’éducation des jeunes bien sûr, il faut favoriser les projets communs, interdisciplinaires et inter établissements, Internationaux.
Recréer du lien et du corps social
Il faut reconstruire les solidarités horizontales : intergénérationnelles, interculturelles, interprofessionnelles. L’enjeu est de dépasser les identités segmentées et les bulles numériques pour retisser des relations de confiance dans la réalité tangible. Cela implique une politique de l’espace public conviviale, l’encouragement à des formes de convivialité dé-hiérarchisées, et la réhabilitation des corps intermédiaires (associations, syndicats, collectifs citoyens).
Avancer sur la participation démocratique au pouvoir
Réduire la citoyenneté au vote périodique est insuffisant. Il faut ouvrir les processus de décision à la participation réelle des citoyens : *budgets participatifs, référendums locaux, assemblées citoyennes, comités de quartier. Ces dispositifs doivent être dotés de moyens et connectés aux institutions. La participation ne doit pas être un simulacre mais une forme de co-pilotage.
*Un budget participatif est un processus démocratique dans lequel les citoyens décident de la façon de dépenser une partie du budget d’une collectivité publique (souvent une mairie), en proposant et en votant pour des projets concrets à réaliser.
Revitaliser les tissus locaux
Les territoires sont les premiers espaces de résistance et d’innovation sociale. Communes, quartiers, villages doivent redevenir des pôles actifs de démocratie, de culture, de solidarité. Soutenir les élus locaux, les régies de quartier, les entreprises sociales, c’est renforcer les capacités d’action proches des habitants. Il s’agit aussi de réhabiliter le rôle des mairies, bibliothèques, maisons de jeunes, dans la construction d’un projet de société de proximité.
Dans « Où atterrir ? » ,2017, Bruno Latour écrit : « Il faut apprendre à redescendre sur Terre. ». Il critique l’idéal de globalisation abstraite, celui des élites déterritorialisées, des flux financiers et logistiques sans ancrage. Il propose à la place de se réorienter vers le « Terrestre », c’est-à-dire ce à quoi nous tenons, ce qui nous fait vivre, dans notre milieu concret. Le Terrestre n’est pas un décor, mais un agent avec lequel nous cohabitons. Il est localisé, vulnérable, et engage une nouvelle « cosmopolitique », dit-il.
Réintégrer l’éducation comme populaire et tout au long de la vie
L’éducation ne peut être réduite à l’école obligatoire ni à la formation utilitaire. Elle doit redevenir populaire, c’est-à-dire émancipatrice, accessible, plurielle et permanente. Créer des universités populaires, des ateliers citoyens, des espaces de débat, c’est outiller chacun pour comprendre, critiquer et transformer le monde.
Apprendre à tout âge, dans tous les lieux, sur tous les sujets, est une condition pour sortir de l’ignorance organisée par l’Ordre Noir.
A titre d’exemple, Bernard Stiegler, philosophe, a développé une initiative locale appelée “Plaine Commune” dans le (93) de 2016 à 2020, une « expérimentation territoriale de politique de la connaissance », en partenariat avec les collectivités, les habitants et des chercheurs, qui se proposait :
– La mise en place d’ateliers contributifs avec les habitants (jeunes, travailleurs, retraités).
– Le développement d’outils numériques contributifs pour partager savoirs et expériences
– Un rôle de l’université comme « tiers lieu cognitif », entre ville, école et institutions
Produire un plan cohérent d’actions pour agir.
Agir et construire, c’est redonner du souffle à l’idée même de société et ne pas laisser le champ libre à des entités communautaires instrumentalisées à des fins politiques. L’obsession sécuritaire alimente ce repli : peur de l’autre, nationalisme de fermeture, paranoïa générée par la gestion algorithmique des plateformes numériques.
Un plan d’action face à l’Ordre Noir doit articuler résistance, transformation et construction. Il ne s’agit pas uniquement de protester, mais de proposer, incarner, organiser. Voici une proposition de plan structuré selon trois niveaux d’intervention :
Niveau individuel : Se libérer et se former
- Réapprendre à gérer son attention et sa consommation numérique (limitation, déconnexion, outils alternatifs).
- S’informer à partir de sources diversifiées, fiables, et développer une culture critique de l’information.
- Se former à la compréhension du monde contemporain : économie, numérique, écologie, histoire des luttes.
- Participer à des réseaux de savoirs partagés, à des ateliers citoyens ou à des universités populaires.
Niveau local : Tisser du commun
- Soutenir ou initier des projets de quartier, des coopératives, des régies de quartier ou des circuits courts.
- Organiser des espaces de démocratie participative (assemblées locales, budgets citoyens, référendums de quartier).
- Investir les lieux publics comme espaces de débat, de culture, d’éducation, de solidarité (bibliothèques, centres sociaux, tiers-lieux).
- Créer ou rejoindre des associations œuvrant pour la justice sociale, écologique ou démocratique.
Niveau structurel : Peser sur les institutions
- Militer pour des réformes structurelles : transparence algorithmique, taxation des géants du numérique, réforme des indicateurs économiques.
- Porter des propositions de loi citoyennes ou soutenir des campagnes d’initiatives populaires.
- Participer à des syndicats, partis, mouvements sociaux porteurs de véritables alternatives systémiques.
- Défendre une réforme de l’éducation, de la santé, de la culture, orientée vers la robustesse, la résilience et la justice.
Ce plan repose sur trois principes fondateurs :
- L’autonomie : construire des pratiques émancipatrices, déconnectées des logiques de domination.
- La coopération : tisser des alliances concrètes entre acteurs sociaux, culturels, économiques.
- La durabilité : viser la pérennité des structures sociales, écologiques et démocratiques, plutôt que la performance ou la croissance.
Il ne s’agit pas d’un programme figé, mais d’un cadre évolutif à adapter aux réalités locales, à enrichir collectivement, et à mettre en œuvre pas à pas.
Conclusion :
Evidemment l’ordre noir n’a pas de réalité physique, il s’agit d’un concept qui regroupe toutes les orientations, les principes, et même des péripéties chaotiques que nous essayons de comprendre dans le monde , pour leurs donner une certaine cohérence. Ce travail fait en 1980 se serait appelé , le “Nouvel Ordre Mondial” le NOM. ( il a d’ailleurs été fait)
L’ON n’est pas non plus un complot, il n’y a pas de malin génie qui le connaitrait et l’appliquerait, ses acteurs sont éphémères , à la fois fait de figures d’incarnation ou de groupes de nervis.
L’ON ne concerne pas toutes les élites politiques ou économiques , ou Oligocratie. Il concerne ceux qui ont accepté ces principes tels qu’ils sont décrits ci-dessus.
L’ON n’a pas de plan, c’est la forme aboutie d’un système chaotique piloté sur la base des principes énoncés ici, devenus les éléments de langage d’une sorte de pensée unique.
Une forme de pensée qui s’apparente elle même aux Grands Modèles de Langage (LML) qui aujourd’hui nous ont offert nos pseudo agents conversationnels, basés sur l’intelligence artificielle générative, comme notre perroquet stochastique préféré : “ChatGPT”.
En quelque sorte, l’Ordre Noir est une matrice générative de la pensée, propagée par les médias sociaux et non-sociaux, mais où la logique chaotique nous laisse encore le moyen de lutter, à condition de la connaître et de mettre en place une réelle stratégie de lutte.
Je terminerai par ce poème sur la danse macabre,
Ô créature raisonnable
qui désire vie éternelle,
tu as ici doctrine notable
pour bien finir vie mortelle.
La danse macabre rappelle
que chacun à danser apprend
à homme et femme est naturelle,
la mort n’épargne ni petit ni grand.
Probablement un poème de Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l’Université de Paris, non formellement attribué, où d’un anonyme qui sait ?
Paul de l’Isle.
Auteurs cités directement avec leur ouvrage :
Bruno Latour : Philosophe et sociologue des sciences, il a développé la théorie de l’acteur-réseau et milité pour une écologie politique repensée. « Nous n’avons jamais été modernes » (1991), « Où atterrir ? » (2017)
Bernard Stiegler : Philosophe, il a réfléchi aux effets des technologies sur la pensée, le désir et la société, fondant l’« ars industrialis ». « La technique et le temps » (1994), « La société automatique » (2015)
René Girard : Anthropologue et philosophe, il a théorisé le désir mimétique et le rôle du bouc émissaire dans la naissance de la culture. « La violence et le sacré » (1972), « Des choses cachées depuis la fondation du monde » (1978)
Emmanuel Lévinas : Philosophe d’origine lituanienne, il a placé l’éthique de la responsabilité envers Autrui au cœur de la philosophie. « Totalité et Infini » (1961), « Autrement qu’être ou au-delà de l’essence » (1974)
Yanis Varoufakis : Économiste et homme politique grec, ex-ministre des Finances, critique du néolibéralisme et défenseur de la démocratie économique. « Le Minotaure planétaire » (2011), « Les nouveaux serfs de l’économie » (2024).
Giuliano da Empoli : Essayiste et conseiller politique italo-suisse, il explore les coulisses de la manipulation et des stratégies d’influence contemporaines. « Les ingénieurs du chaos » (2019). « Le Mage du Kremlin » (2022), roman inspiré de l’univers de Poutine) . « L’heure des prédateurs » (2024)
Références bibliographiques complémentaires pour cette article :
Anne Alombert : Philosophe française, collaboratrice de Bernard Stiegler, elle travaille sur la technique, l’anthropocène et la pensée critique contemporaine. « La Vie algorithmique – Critique de la raison numérique » (2021). « La Société automatique » (coécrit avec B.Stiegler, 2015). « Schizophrénie numérique » (2024)
Pierre Bourdieu : Sociologue français, il a exploré les mécanismes de reproduction sociale et les structures de domination dans les champs culturels, politiques et économiques. « La Distinction – Critique sociale du jugement » (1979). « Sur la télévision » (1996)
Stephen Bannon : Stratège politique américain, ancien conseiller de Donald Trump et idéologue du populisme nationaliste américain. « Bannon: Always the Rebel « (par Keith Koffler, 2017 — biographie autorisée). « The Brink: Steve Bannon’s War Room » (documentaire + publication, 2019)
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