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ToggleDe l’Education scolaire en collège et en lycées
Bien sûr ce n’est pas une question que nous pouvons régler en quelques lignes et quelques réflexions. Nous allons uniquement apprécier la situation globale et regarder quelques principes qui pourraient transformer cette situation.
Ce qui a changé :
- Le monde dans lequel nous évoluons et particulièrement les moins de 20 ans a été transformé radicalement sur la façon dont nous vivons en société, c’est à dire comment nous communiquons les uns avec les autres, comment nous gérons nos relations affectives ou professionnelles et sur la façon dont nous pouvons acquérir tout type de connaissance par la révolution des télécommunications et des outils qui y sont associés, smartphone, tablettes, PC , IOT (Internet of Things)….et bien d’autres appareils et solutions technologiques
- La mise à disposition massive dans un réseau mondial, Internet, des connaissances multiformes accumulées par les hommes depuis des générations , a rendu un accès total, ou presque, par tous, à l’ensemble des connaissances humaines connues à ce jour. Il n’y a pas un domaine de la vie culturelle, de la connaissance scientifique qui ne soit pas en très grande majorité couvert par ce que nous pouvons trouver sur ce réseau mondial. Outre le fait que ces connaissances sont accessibles sans contraintes de géographie ou de temps, elles finissent par connecter l’ensemble de nos cerveaux dans un vaste réseau neuronal. Décuplant nos capacités à trouver des solutions, à réfléchir, …
- Cette réalité à la fois sensorielle et cognitive, transforme notre façon de penser, de réfléchir, mais aussi très probablement grâce à l’incroyable plasticité de notre cerveau , notre cerveau lui-même. ( voir Petite Poucette de Michel Serres) Pour nos plus anciens, ceux nés avant 1990, cette transformation quasi physiologique ne s’est pas faite ou se fait plus lentement. Peut-être peut-on comparer cette évolution à celle de l’imprimerie qui change le média de lecture, le volume accessible, la diffusion , la façon de réfléchir, d’étudier. Peut-on faire un parallèle, par exemple, avec le rôle important de l’imprimerie dans la diffusion des idées de Luther et qui entraînera l’apparition des guerres de religion. Posséder une bibliothèque de plus de 100 livres était à la Renaissance un signe de très grande culture voire de richesse. Aujourd’hui tous les enfants du monde peuvent regarder, lire des milliards de « contenus »..
- Le contenu lui-même est un sujet , il devient protéiforme, visuel, auditif, mixte, avec des formats, extrêmement variés, la bibliothèque nationale , l’ INA, le Musée du Louvre, … tous réunis dans votre appendice social et cervical, votre smartphone.
Ainsi notre environnement qui permet l’acquisition des connaissances, le développement affectif a évolué et a déjà des conséquences importantes sur nos vies et sur le développement psycho-cognitif de nos enfants. C’est un fait, il est inutile de le contester ou de le regretter.
Le point important est plutôt comment en acquérir la maîtrise et l’intelligence, voilà la question à laquelle nous devrions plutôt réfléchir…
Imaginons ce que pourrait être une école du futur.
Ce matin Martin, Myriam, ou Youssef, comme il vous plaira, ne va pas à l’école comme son papa, il se connecte via sa tablette à son espace collaboratif d’apprentissage. Là, un adulte à 10h20, prépare avec lui sa journée d’étude. Il propose à Youssef,8 ans, de lire le petit chaperon rouge sur le livre interactif, et tout en le lisant d’en utiliser les possibilités de collaboration avec Martin et Chloé, pour rédiger un texte moderne sur ce conte….. À onze heure, Youssef et Chloé tous deux de niveau G en mathématiques auront un échange avec leur professeur sur les équations du second degré, ils se mettent à préparer cet échange car ils devront proposer leur compréhension du problème et les solutions,façons, dont ils ont vu que cette question était résolue sur Internet. Pendant ce temps Martin, très bon basketteur, ira rejoindre son équipe sur le terrain pour préparer leur match de dimanche avec leur professeur d’EPS. A 17h, Angelina , l’italienne, et Marcus l’allemand rejoindront Chloé dans leur groupe de Chinois avec Tsun et Tai leurs correspondantes chinoises.
Nous pourrions continuer cette fable longtemps… , nous pourrions y ajouter les “serious games” par exemple.
Monde idyllique, cauchemar des professeurs ?
Revenons sur quelques idées sous-jacentes.
Nouveaux principes :
- Pédagogie différenciée, nous n’apprenons pas tous au même rythme et nous ne sommes donc pas à un moment donné au même niveau. La pédagogie doit pouvoir s’adapter à chaque capacité et type d’apprentissage et la différence c’est qu’ aujourd’hui les outils dont nous disposons, qui ne sont donc plus le cahier et la règle uniquement, vont nous aider à la pratiquer réellement.
- Déstructuration de l’espace d’apprentissage, École, Collège, Lycée… Le lieu de vie “Ecole, Collège, Lycée, devient de moins en moins un espace d’apprentissage. La crise sanitaire de 2020-2021 montre que l’apprenant peut apprendre, travailler de son lieu habituel de vie. Que l’enseignant peut parfaitement être distant… Alors même que nous en avons mesuré quelques limites, il faut développer et créer les pratiques, les techniques pédagogiques et les outils numériques pour ce faire.
- Création des espaces de collaboration. La classe était cet espace dans le système classique que nous connaissons, aujourd’hui la classe devient virtuelle, non seulement dans son existence, c’est-à -dire qu’elle existe au travers d’un groupe dans un logiciel spécialisé, mais que cette classe change de participant , d’intitulé constamment. Il n’y a plus d’unité de groupe de lieu, de temps…
- L’apprentissage passe par le principe de la classe inversée…l’apprenant devient acteur de son apprentissage. Comme la “pédagogie différenciée” C’est une idée déjà assez ancienne pour les étudiants de sciences de l’éducation ou les enseignants mais encore peu diffusée dans le grand public. Elle butte aujourd’hui , outre sur la difficulté à accepter et conduire le changement, sur les modalités pratiques de sa mise en œuvre dans le concept de classe unique qui prévaut aujourd’hui. Mais même l’organisation physique des établissements scolaires, quel qu’en soit le niveau, primaire, secondaire et à un moindre niveau supérieur l’empêche, ou le rend difficile à mettre en œuvre.
Sans compter les obligations et règles fixées par les autorités d’État et relayées par la division territoriale en académie par exemple pour la France. - La réalité multi-culturelle c’est imposée, l’apprentissage des langues est devenu naturel, il s’attache surtout à faire connaître la culture de l’autre. Au niveau professionnel les systèmes de traduction évitent les incompréhensions et leurs erreurs d’interprétation. L’apprentissage des langues est plus naturel quand vous communiquez au quotidien avec la planète entière… Pourquoi nos enseignements ne se basent-ils pas sur ce principe simple, communiquer avec la planète?
Eh bien Mesdames, Messieurs, ce monde existe déjà, c’est celui des moins de 20 ans…
Ce qui ne change pas :
Qu’est ce que tout cela ne veut pas dire :
- Il y a toujours une grille de connaissance attachée à un programme , à des évaluations, à des niveaux de compétence.
- Il y a toujours des professeurs, mais leur mode de travail et leur relation aux apprenants a changé
- Il faut toujours apprendre à lire, à compter, à écrire,
- Les livres existent toujours et nous produisons toujours autant de livres, format papier ou électronique… les livres électroniques sont devenus aussi collaboratifs, d’ailleurs excusez mon impolitesse mais je dois répondre à ce groupe bizarre autour de « la raison dans l’histoire » de HEGEL.
- Il faut toujours des écoles et un contact direct avec des enseignants pour les moins de 10 ou 12 ans. Cette relation change, les apprentissages évoluent notamment pour tenir compte du nouveau monde numérique, de l’évolution de la relation d’apprentissage. Mais un des nouveaux objectifs est de préparer les élèves à la deuxième partie de leur éducation ou le lieu de vie « école » ou « Collège » va se transformer radicalement comme dans la fable décrite ci dessus.
MN :Toutes ces nouvelles techniques qui s’annoncent sont enthousiasmantes aussi; sont-elles déjà envisagées, espérées ainsi par le corps enseignant, les parents?
PDI : Déjà beaucoup de ces techniques numériques ou pédagogiques, ont des contenus ou des expérimentations existantes importantes, significatives.
Ils sont d’ailleurs, pour être objectif, déjà utilisés par nombre d’enseignants, mais ils ne sont pas devenus le quotidien, notamment pour des questions d’organisation matérielle, et de philosophie globale de l’enseignement professoral, qui rend encore complexe la mise en oeuvre par exemple de la classe inversée.
Nous pourrions dire que la classe inversée est devenue une nécessité qui fera loi. Non pas par le seule vertue pédagogique de rendre l’élève actif et moteur dans son apprentissage, mais simplement parce que c’est le meilleur moyen de reprendre la main sur l’éducation cachée qui se fera de fait par Internet, et de revenir sur le terrain de l’accès direct à la connaissance par tous.
Que croyez-vous que font les élèves à partir d’une dizaine d’années, certainement même avant, quand un enseignant leur donne une leçon, ou un exercice qui leur paraît compliqué, au moment même du cours pour les petits futés , ou au retour à la maison ?
Et bien ils vont chercher la solution de cet exercice de physique ou de mathématiques sur Internet, et ils le trouvent.
Nous avons la chance que notre vision de l’école par nécessité évolue, elle doit permettre de retrouver la construction du commun et pour cela il n’y pas d’autres moyens que d’utiliser les richesses dont nous disposons et de ce point de vue , Internet , les réseaux sociaux sont aussi des richesses.
Nous, adultes, nous avons réalisé très tard , pas trop tard, l’importance et l’impact de ses nouvelles technologies mais aussi de ces nouvelles pratiques de ces technologies par les plus jeunes. Sans notre appui, notre intelligence des faits, toutes les dérives sont possibles, elles permettent a certains démiurges de prendre le pouvoir sur le cerveaux de tous , mais surtout des jeunes. Interdire ou supprimer ces réseaux dans le contexte scolaire n’aura qu’un effet d’apparence , derrière se développera une éducation souterraine, cette éducation est celle qui convient à Elon Musk ou Jeff Bezos, à vous de choisir.
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