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ToggleDe la manipulation ou, de l’art de convaincre. (Part 1/2)
Cet article sera en deux parties, publication de la partie 1 :
Convaincre et, ou manipuler.
Techniques de réthorique, sciences cognitives, et comportementales,
manipulations politiques,
aux services de l’art de convaincre.
Il était une fois Schopenhauer qui nous parlait d’Aristote qui, à la suite de Socrate, étudiait les techniques de démonstration.
«Aristote fait la différence entre :
I. la logique ou analytique, la théorie ou méthode menant aux véritables conclusions, l’apodictique ;
II. la dialectique, ou la méthode menant aux conclusions passant pour véritables … Qu’est-ce sinon l’art d’avoir raison, que l’on ait raison ou pas ? C’est-à-dire l’art d’attendre l’apparence de la vérité, ….
III. l’éristique, la méthode par laquelle la forme de la conclusion est correcte mais dont les phrases, le sujet, ne sont pas vraies mais paraissent vraies, et enfin :
IV. la sophistique, la méthode où la forme de la conclusion est fausse alors qu’elle paraît correcte.»
« Ces trois derniers appartiennent à l’art de la dialectique éristique car elles n’ont pas pour objectif de parvenir à la vérité mais seulement de se parer de son apparence, c’est-à-dire d’avoir raison. »
Schopenhauer, lisant Aristote in « l’art d’avoir toujours raison » (1)
Introduction
Cette étude, sur un mode d‘essai, vise à comprendre et analyser la façon dont nous utilisons nos connaissances, nos savoirs faire oraux, dits rhétoriques, pour convaincre ou pour manipuler.
Que ce soit dans les discours politiques, principal objet de cette étude, ou dans toute autre tentative d’entraîner la conviction d’un ou plusieurs individus. Nous employons des savoirs faire, des schémas démonstratifs, qui sont le support de la volonté de convaincre.
Même si les techniques oratoires sont aussi anciennes que la parole probablement, le sur-développement d’internet, des réseaux sociaux et de l’accès au « temps de cerveau », ont démultiplié nos possibilités d’influencer, de convaincre , de manipuler les individus, les groupes, et les masses.
Nous allons parcourir différentes faces de cet hydre moderne.
Précisons quelques éléments de ce champ d’investigation, pour en encadrer le travail.
Manipuler.
Nous définissons ainsi la manipulation : Manipuler c’est utiliser tous moyens tels qu’une technique oratoire, un mensonge, une technique de communication, un chantage affectif ou non… qui permettent d’amener, de conduire quelqu’un ou un groupe d’individus à adopter un comportement , une pensée, une attitude individuelle ou commune.
Cette manipulation correspondant à la volonté de celui ou de ceux qui manipulent le ou les individus en fonction d’objectifs définis au préalable, parfois inconscients. Lorsque ces objectifs sont atteints, constituent un résultat attendu, constaté.
A l’issue de la manipulation et la plupart du temps , cette attitude, ce comportement, cette pensée admise ne correspond pas à ce que l’individu, l’ensemble d’individus, visés par cette manipulation pensaient ou auraient fait sans cette manipulation.
Les techniques de manipulation courantes : (d’après TchatGpt, 3 fév 2025)
- La culpabilisation : Faire sentir à quelqu’un qu’il est responsable d’une situation négative.
Ex : « Si tu m’aimais vraiment, tu ferais ça pour moi. » - L’inversion des rôles . Consiste à se positionner en victime pour éviter toute responsabilité.
Ex : « C’est toi qui es méchant avec moi alors que j’essaie juste de t’aider. » - Le chantage émotionnel : Menacer de retirer de l’affection, de l’attention ou créer une peur pour forcer l’autre à obéir.
Ex : « Si tu pars, je ne vais pas m’en remettre. » - Le gaslighting (baisser la lumière) : Faire douter quelqu’un de sa propre perception de la réalité.
Ex : « Tu exagères tout le temps, ça ne s’est jamais passé comme ça. » - La flatterie excessive : Donner des compliments exagérés pour obtenir quelque chose en retour.
Ex : « Tu es le seul qui puisse m’aider, personne d’autre ne peut comprendre comme toi. » - L’effet d’engagement : Obtenir un petit « oui » d’abord, puis augmenter progressivement la demande. (Technique très utilisé en stratégie de vente.)
Ex : « Tu peux juste regarder mon dossier ? Oh, et pendant que tu y es, pourrais-tu m’aider à le rédiger ? »
Il y en a bien d’autres, et intuitivement nous en connaissons beaucoup d’autres.
La manipulation vise donc à obtenir quelque chose, un sentiment, une décision,…, d’un individu ou d’un groupe d’individus en utilisant une technique, un savoir-faire… sans avertir son, ses interlocuteurs de la technique, ou du savoir-faire utilisé. Il est très important de noter que manipuler révèle une volonté de cacher la stratégie propre à la manipulation. Le magicien n’explique jamais la technique de son tour de magie.
Tromperie, illusion, mensonges ?
Convaincre.
Lorsque nous cherchons à convaincre, notre discours prend une forme d’expression particulière, dont on peut décrire la façon de faire , qui visent une approbation, un retournement de situation ou d’opinion, une action, un choix…mais qui ne sera pas très différentes des moyens utilisés lorsque l’on veut manipuler.
Avec recul, nous devons admettre que nous utilisons des techniques, des savoir-faire très proches de celles de la manipulation , même si nous le faisons sans nous en rendre vraiment compte ou si nous sommes convaincus de la véracité de toutes nos assertions.
Nous ne nous attarderons pas sur les techniques utilisées dans un cadre inter-relationnel familial ou amical. Nous nous intéresserons aux convictions, fausses ou vraies, réelles ou imaginaires que nous souhaitons transmettre à une cible collective, que nous individualiserons plus ou moins dans le processus de conviction notamment en choisissant le média ou le médium qui permettra d’atteindre la cible visée.
Nous limiterons ce décryptage aux discours des partis et des institutions politiques ou plus globalement aux domaines de la sociologie.
Que veut dire convaincre et que veut dire manipuler ?
Comment peut-on convaincre un individu, une foule d’individus ?
Comment passe t’on de la volonté de convaincre à la manipulation ?
Qu’est ce qui distingue convaincre et manipuler ?
Précisons d’abord quelques points autour de notre question :
La Vérité
Il n’ y a aucune considération de la vérité historique, morale, philosophique dans le fait de convaincre ou de manipuler. Cette recherche de valeur, la vérité, la morale, est un autre processus qui transcende toutes les techniques qui permettent de convaincre ou de manipuler. En résumé, je peux manipuler pour dire la vérité, ou un mensonge. Je peux aussi convaincre d’une erreur ou d’une fake-news autant que d’une vérité scientifique, ou historique.
Convaincre ou manipuler ?
Il y a donc qu’une seule différence essentielle entre le fait de convaincre et celui de manipuler.
Dans le premier cas, la personne ou le groupe visé, connaissent et approuvent l’intégralité du processus qui les amène à comprendre, donner son accord, adopter un comportement, une attitude, une pensée.
Dans l’autre cas ce processus ne leur apparaît que dans la mesure où ils sont capable de relier tous les éléments qui concourent à la manipulation et donc à la constitution d’un résultat, qu’en tant qu’individu ou groupe d’individus ils constatent, ou qu’il est possible de constater, au travers de leur pensée, comportement, attitude.
Moyens et Techniques
Nous allons donc d’une façon globale nous intéresser plus aux moyens et techniques qui permettent de manipuler, ou de convaincre, un individu ou un groupe, une foule, d’individus.
Nous verrons que ces façons de faire ne sont pas récentes, qu’elles ont toujours été plus ou moins sophistiquées. Nous en avons la trace écrite dès les philosophes grecs, certainement bien avant, jusqu’aux influenceurs modernes.
Pour se diffuser cette volonté, de convaincre ou de manipuler, a besoin de support, de médium, c’est a dire un support de communication, afin d’atteindre son public. Un journal, une émission radio ou tv, une affiche, Tik Tok, ou Instagram, ou tout autre médium développé ou non avec l’usage d’internet. Pour cette part manipulatoire tous ces médiums ne sont que des avatars techniques permettant de s’adresser, en une seule fois, à un grand nombre d’individus.
L’usage des médias, présentant tous types de support, journal, tv,… employés par un individu ou un groupe d’individus, vise et atteint essentiellement un but et une cible. Un but qui cherche à entraîner un mouvement social, populariser une idée, impliquer une action comme une manifestation, un vote, un achat… et une cible, et ce quelque soit le bénéficiaire/victime, composée d’individus, regroupés ou non sous un identifiant taxinomique, c’est-à-dire qui classifie.
Ce but et cette cible se déploient dans le cadre d’un intérêt personnel ou collectif.
Les trois piliers de l’art de convaincre ou de la manipulation.
Pour emmener notre propos sur cet art nous utiliserons trois axes de réflexions qui constituent en quelque sorte les trois outils fondamentaux de cet art et sa finalité sociale recherchée.
- L’art Rhétorique et la notion du vrai dans le discours. De la vérité relative ou illusoire à la vérité alternative.
- Les apports des sciences cognitives, des béhavioristes et de l’école des relations publiques américaines. La fabrique du consentement.
- Les stratégies postmodernes, du discours politique. L’ingénierie sociale : La logique du Chaos et la fabrique du mensonge et du dissentiment.
Les trois piliers.
Au commencement était l’art de la rhétorique
Les Principes de la démonstration, Socrate, Aristote, Schopenhauer.
Schopenhauer nous dit dans son livre, « l’art d’avoir toujours raison » (1) :
«Aristote fait la différence entre :
I. la logique ou analytique, la théorie ou méthode menant aux véritables conclusions, l’apodictique ;
II. la dialectique, ou la méthode menant aux conclusions passant pour véritables … Qu’est-ce sinon l’art d’avoir raison, que l’on ait raison ou pas ?
C’est-à-dire l’art d’attendre l’apparence de la vérité, ….
III. l’éristique, la méthode par laquelle la forme de la conclusion est correcte mais dont les phrases, le sujet, ne sont pas vraies mais paraissent vraies, et enfin :
IV. la sophistique, la méthode où la forme de la conclusion est fausse alors qu’elle paraît correcte.
Ces trois derniers appartiennent à l’art de la dialectique éristique car elles n’ont pas pour objectif de parvenir à la vérité mais seulement de se parer de son apparence, c’est-à-dire d’avoir raison. »
Voici pour illustrer quelques exemples
- Apodictique (Logique/Analytique) : Raisonnement rigoureusement démonstratif, menant à une vérité certaine.
- Tous les hommes sont mortels. Socrate est un homme. Donc, Socrate est mortel. Le raisonnement est valide et les prémisses sont vraies, donc la conclusion est nécessairement vraie. ( Cette est un des plus célèbres syllogisme)
- Tous les carrés ont quatre côtés. Cette figure est un carré. Donc, cette figure a quatre côtés. Le raisonnement est valide et basé sur des définitions mathématiques incontestables.
- Dialectique : Raisonnement menant à une conclusion qui semble vraie, mais qui peut être discutée.
- Les personnes bienveillantes sont aimées. Pierre est généreux et aide souvent les autres. Donc, Pierre est aimé. Cela semble vrai, mais ce n’est pas nécessairement une vérité absolue : on peut être généreux sans être aimé.
- Les étudiants qui travaillent dur réussissent. Paul et Giulia travaillent dur. Donc, ils vont réussir. Probable, mais pas garanti : d’autres facteurs peuvent influencer la réussite.
- Éristique : Raisonnement où la forme est correcte, mais les prémisses sont fausses ou trompeuses.
- Tous les extraterrestres parlent anglais. Bob est un extraterrestre. Donc, Bob parle anglais. La logique du raisonnement est correcte, mais la prémisse est fausse (on ne sait pas si les extraterrestres existent ni s’ils parlent anglais).
- Les licornes vivent dans les forêts. Cette créature vit dans une forêt. Donc, cette créature est une licorne. Raisonnement structuré correctement mais basé sur une prémisse fausse.
- Sophistique : Raisonnement où la forme est incorrecte mais qui semble correcte.
- Les oiseaux ont des ailes. Les avions ont des ailes. Donc, les avions sont des oiseaux. Sophisme basé sur une fausse analogie.
- Les criminels vont en prison. Jean est en prison. Donc, Jean est un criminel. Faux raisonnement : il existe des innocents en prison (erreurs judiciaires, détention provisoire…).
Ces exemples illustrent bien les distinctions qu’Aristote établit entre le raisonnement démonstratif, l’argumentation plausible, la manipulation argumentative et la tromperie logique.
Cette classification en vaut une autre , il reste que l’on voit bien les formes utilisées :
- De l’apodictique qui reste dans une logique de vérité de la démonstration, la méthode, logique, doit être la bonne, les prémisses ou affirmations sont vérifiables, les conclusions sont non seulement logique mais exactes.
- A la dialectique qui a déjà oublié la contrainte de la vérité pour ne s’intéresser qu’à sembler avoir raison dans le débat.
- Puis l’éristique , ou l’on respecte simplement la forme de la conclusion vraie et ou les arguments, stratagèmes, donnent l’illusion du vrai.
- Et enfin la sophistique, ou la conclusion paraît vrai alors qu’elle est fausse.
Et, comme le dit Schopenhauer, seule l’apodictique ce souci de la forme et du fond.
Les grandes règles et stratagèmes de l’art oratoire de Schopenhauer
Toujours dans son livre, « l’art d’avoir toujours raison » (1) Schopenhauer décrit des stratagèmes , 32 au total, qui peuvent permettre de paraître avoir raison quelque soit la réalité ou la vérité de la thèse soutenue par un adversaire. Nous allons illustrer certains de ces stratagèmes, les plus connus ou les plus employés pour illustration.
*Pour le plaisir, il faut voir le film d’Yvan Attal, “Le Brio” avec Camélia Jordana et Daniel Auteuil.
A noter que Schopenhauer reprend des stratagèmes, pour la plupart, déjà énoncés par Aristote et Socrate.
1. Extension excessive (exagérer les propos de l’adversaire)
Principe : Exagérer ou déformer les propos de l’adversaire pour les rendre plus facilement réfutables.
Exemple d’un débat sur l’écologie : A : « Il faudrait réduire la consommation de viande pour limiter l’impact environnemental. » B : « Donc, selon vous, tout le monde devrait devenir végétalien du jour au lendemain et interdire l’élevage ? C’est absurde ! ». B caricature la position d’A pour la rendre extrême et irréaliste.
2. Attaque ad hominem (attaquer la personne plutôt que ses arguments)
Principe : Au lieu de réfuter l’argument, on attaque la crédibilité de la personne qui le défend.
Exemple d’un débat sur les réformes fiscales : A : « Il faudrait augmenter l’impôt sur les grandes fortunes. » B : « Tu dis ça parce que tu es pauvre et jaloux des riches. ». Plutôt que de discuter du fond, B attaque A personnellement et va l’obliger à se défendre, plutôt que d’argumenter.
3. Argument d’autorité (faire appel à une autorité plutôt qu’à la logique)
Principe : Au lieu de justifier un argument par des faits, on le fonde sur la parole d’une autorité.
Exemple d’un Débat sur la médecine alternative. : A : « Cette pratique n’a pas été prouvée scientifiquement. » B : « Mais le docteur X, qui a 30 ans d’expérience, dit que ça marche. ». L’argument repose sur l’autorité du Dr X plutôt que sur des preuves concrètes. Nous avons vu cela au moment de la covid et le fameux docteur Didier Raoult.
4. Argument par intimidation (forcer l’adversaire à se taire par la pression sociale)
Principe : Utiliser la peur du ridicule ou de l’opprobre sociale pour disqualifier un argument.
Exemple d’un débat sur un sujet sensible :A : « Je pense qu’il faut discuter des effets secondaires des vaccins. » B : « Ah, donc tu es complotiste ? Tu veux nous ramener au Moyen Âge ? » Au lieu d’argumenter, B discrédite A par intimidation.
5. Fausse analogie (comparer deux choses qui ne sont pas comparables)
Principe :Faire une comparaison trompeuse pour défendre son point de vue.
Exemple d’un débat sur le port du masque : A : « Le masque aide à limiter la transmission des virus. ». B : « Si le masque était efficace, c’est comme si on disait qu’un filet de pêche peut arrêter du sable ! ». La comparaison est trompeuse car les particules virales et les mailles du masque n’ont pas le même fonctionnement.
6. Détourner la discussion (changer de sujet pour éviter une réponse)
Principe : Au lieu de répondre à un argument difficile, on parle d’un autre sujet.
Exemple d’un débat sur la corruption politique : A : « Ce ministre a détourné des fonds publics. B : « Peut-être, mais regardez ce que l’opposition a fait il y a 10 ans ! ». B évite de répondre en détournant l’attention.
7. « Post hoc ergo propter hoc » (confondre corrélation et causalité)
Principe : Supposer que parce qu’un événement B suit un événement A, A est la cause de B.
Exemple d’un débat sur les jeux vidéo et la violence : A : « Après avoir joué à des jeux vidéo violents, certains jeunes deviennent agressifs. » B : « Donc, les jeux vidéo rendent violents ! ». Ce n’est pas parce que deux faits se suivent qu’il y a un lien de cause à effet.
8. Fausse dichotomie (forcer à choisir entre deux options simplistes)
Principe : Présenter une situation comme si elle n’avait que deux solutions, alors qu’il existe d’autres alternatives.
Exemple d’un débat sur l’éducation : A : « Il faudrait une réforme du système éducatif. » B : « Ah, donc tu veux supprimer l’école publique ? ». B présente faussement la situation comme un choix binaire.
9. Argument par la majorité (appel au peuple)
Principe : Affirmer qu’une idée est vraie simplement parce que beaucoup de gens la croient.
Exemple d’un débat sur la médecine traditionnelle : A : « Il n’y a pas de preuve scientifique que cette plante guérisse. » B : « Des millions de personnes l’utilisent depuis des siècles, donc ça fonctionne forcément ! ». Le fait qu’une croyance soit populaire ne la rend pas nécessairement vraie.
10. Sophisme de la pente glissante (exagérer les conséquences d’un choix)
Principe : Prétendre qu’un petit changement entraînera inévitablement des conséquences extrêmes.
Exemple d’un débat sur la légalisation du cannabis : A : « On pourrait légaliser le cannabis pour usage médical. ». B : « Si on commence comme ça, bientôt on légalisera toutes les drogues et tout le monde sera drogué en permanence ! ». B exagère les conséquences pour discréditer l’argument d’A.
11. Faire diversion (divertir l’attention sur autre chose)
Principe : Si on ne peut pas répondre à un argument, on change complètement de sujet.
Exemple d’un débat sur la hausse des impôts : A : « Pourquoi le gouvernement augmente-t-il les impôts des classes moyennes ? » B : « Ce qui est vraiment important, c’est la menace du terrorisme ! ». B esquive la question en parlant d’un sujet émotionnellement fort.
12. Utiliser des termes vagues ou ambigus
Principe : Employer des mots flous qui peuvent être interprétés différemment selon les besoins.
Exemple d’un débat sur l’économie : A : « Votre programme prévoit-il d’augmenter les impôts ? ». B : « Nous allons optimiser la répartition des ressources fiscales pour le bien commun. ». B évite de répondre directement en restant vague. Il utilise ce que nous appelons souvent « la langue de bois ».
13. Généralisation abusive
Principe : Tirer une conclusion générale à partir d’un cas particulier.
Exemple d’un débat sur les jeunes et le travail : A : « Mon cousin a 25 ans et refuse de chercher un emploi. ». B : « Voilà bien la preuve que tous les jeunes d’aujourd’hui sont des fainéants ! ». Un cas particulier ne suffit pas à prouver une généralité.
14. Jouer sur l’émotion plutôt que sur la logique
Principe : Émouvoir le public pour éviter un débat rationnel.
Exemple d’un débat sur l’immigration : A : « Analysons les chiffres de l’impact économique de l’immigration. ». B : « Comment osez-vous parler de chiffres alors qu’il y a des familles qui souffrent ? ». B fait appel à l’émotion pour éviter une analyse rationnelle.
15. Utiliser un faux dilemme (forcer à choisir entre deux options extrêmes)
Principe : Faire croire qu’il n’y a que deux solutions possibles, alors qu’il existe des alternatives.
Exemple d’un débat sur l’énergie nucléaire : A : « On devrait réduire notre dépendance au nucléaire. » B : « Ah bon ? Tu préfères qu’on retourne à l’époque des bougies ? » B ignore volontairement les alternatives comme les énergies renouvelables.
16. Argument par la répétition (répéter un mensonge jusqu’à ce qu’il soit cru)
Principe : Répéter une affirmation encore et encore pour la faire passer pour une vérité.
Exemple d’un débat sur un candidat politique : A : « Il n’a jamais été condamné pour corruption. ». B : « Tout le monde sait qu’il est corrompu ! On le dit partout ! ». Aucune preuve n’est apportée, mais la répétition finit par convaincre. Nous verrons que ce stratagème comme beaucoup repose sur nos faiblesses cognitives.
17. Déformer les mots de l’adversaire pour les rendre ridicules
Principe : Faire dire à son adversaire ce qu’il n’a pas dit, puis s’en moquer.
Exemple d’un débat sur l’écologie : A : « On devrait limiter l’utilisation des plastiques à usage unique. » B : « Ah oui, donc tu veux qu’on interdise toutes les bouteilles et qu’on meure de soif ? ». B déforme la proposition initiale pour la tourner en ridicule.
18. L’attaque indirecte (dénigrer l’adversaire sans le nommer)
Principe : Critiquer une position sans s’attaquer directement à la personne qui la défend.
Exemple d’un débat sur la religion : A : « Je pense que la laïcité est une bonne chose. ». B : « Il est toujours amusant de voir des gens qui ne connaissent rien à l’histoire prétendre comprendre ces sujets. ». B insinue qu’A est ignorant sans jamais l’attaquer directement.
19. Énoncer une proposition absurde pour tourner l’adversaire en dérision
Principe : Pousser la logique de l’autre à l’extrême pour la rendre absurde.
Exemple d’un débat sur l’éducation : A : « On devrait réduire les devoirs à la maison pour alléger la charge des élèves. ». B : « Pourquoi pas supprimer l’école aussi pendant qu’on y est ? ». B exagère la proposition d’A pour la ridiculiser.
20. Attaquer l’argument par une anecdote
Principe : Utiliser un cas isolé pour contredire une règle générale.
Exemple d’un débat sur le tabac et la santé : A : « Fumer réduit l’espérance de vie. ». B : « Mon grand-père a fumé toute sa vie et il est mort à 95 ans, donc ce n’est pas vrai ! » Un cas particulier ne suffit pas à réfuter une tendance général.
Les plus grossiers sont les suivants :
- L’argument d’autorité, Affirmer ou contredire sans preuves, faire état de sa position sociale ou de son pouvoir. “En tant que député , je peux vous affirmer que c’est faux.”
- L’extension , généraliser ce qui porte sur des cas précis “ Nous voyons bien dans cette exemple que la nature humaine est mauvaise”
- Faux arguments, arguments sans rapport direct voire contradictoire. “Puisque les ânes sont majoritairement gris, on peut penser que les animaux sont très souvent gris”
- Postuler ce qui n’a pas été prouvé, utiliser une hypothèse plausible ou non. “ la terre tourne autour du soleil, et donc on peut supposer que tous les astres tournent autour du soleil”
- Clamer victoire malgré la défaite, “ Nous avons gagner, les français ont approuvé à 25% nos idées”
- Argument ad hominem, s’en prendre à la personne. “ Vous êtes donc antisémite, vous ne pouvez nous parler de justice sociale”
- Convaincre le public et non l’adversaire, ne pas s’intéresser aux arguments de l’adversaire mais répéter ses propres arguments ou faux-arguments.
Il y a bien d’autres stratagèmes. Vous pouvez vous amuser à trouver vous même des exemples, écouter attentivement un débat public, quel que soit le sujet. Peu importe que ce qui est dit soit vrai ou faux à ce stade, ça n’a pas d’importance , imaginer le comme la mise en oeuvre de différents types de stratagèmes rhétoriques et trouver lesquels. Attention, quelques fois , il y en a plusieurs en même temps.
Lorsque l’on dit d’un personnage politique, c’est un “animal politique” on veut probablement dire que cette personne sait utiliser tous ces stratagèmes.
Souvenez-vous : “Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du coeur”. Dans cette phrase il n’y a aucun argument mais une conclusion exact , qui est incontestable. Aucun rapport avec les propositions politiques qui la justifieraient. Elle vise uniquement à crédibiliser son personnage comme humain et généreux, puisque cette qualité est accordée en priorité à son adversaire simplement parce qu’il est de Gauche.
Cet art du discours, dont on expose ici les techniques pour convaincre à tout prix , même celui de tromper ou de dissimuler, fait partie de notre culture.
De l’apport des sciences du comportement à la critique illibérale.
En un peu plus d’un siècle, la psychologie et la socio-psychologie, la neurologie, ont décortiqué l’être humains et ses interactions avec son environnement. En partant de cette compréhension nous pouvons donc tenir un discours qui va s’appuyer sur les caractéristiques de nos comportements pour entrainer notre adhésion.
Béhavioriste et instinct primaire, pyramide de Maslow
Les sciences du comportement sont d’une aide précieuse pour comprendre comment nous réagissons et comment on peut nous influencer ou nous manipuler. La compréhension par exemple de nos façons de réagir, de décider, de rechercher la sécurité , la reconnaissance ,… donnent autant de moyens pour s’appuyer sur ces attitudes innées ou acquises dans un argumentaire. Nous en verrons des exemples plus loin.
La pyramide de Maslow et les concepts de béhaviorisme et d’instinct primaire peuvent être mis en relation pour mieux comprendre comment nos besoins influencent nos comportements, qu’ils soient appris ou instinctifs.
Le béhaviorisme est une approche psychologique qui considère que le comportement est principalement déterminé par des influences extérieures, comme l’environnement et le conditionnement, plutôt que par des instincts innés ou des processus mentaux internes. Il met l’accent sur l’apprentissage par conditionnement.
Deux célèbres expériences illustrent leurs travaux :
- Expérience de Pavlov (Conditionnement classique) : Un chien apprend à saliver en entendant une cloche, car il associe ce son à l’arrivée de nourriture.
- Expérience de Skinner (Conditionnement opérant) : Un rat appuie sur un levier pour obtenir une récompense (de la nourriture), renforçant ainsi ce comportement.
Abraham Maslow a lui produit des outils de compréhension de la hiérarchie des besoins humains.
1. Pyramide de Maslow : Une hiérarchie des besoins humains
Abraham Maslow (3) a proposé une hiérarchie des besoins humains sous forme de pyramide à cinq niveaux, où les besoins les plus fondamentaux doivent être satisfaits avant de pouvoir atteindre les niveaux supérieurs.
- Besoins physiologiques (survie) : nourriture, eau, sommeil, reproduction
- Besoins de sécurité : protection, stabilité, santé, emploi
- Besoins sociaux (appartenance et amour) : famille, amitié, relations affectives
- Besoins d’estime : reconnaissance, statut, accomplissement
- Besoins d’accomplissement personnel : créativité, développement personnel, épanouissement
2. Instincts primaires et les besoins fondamentaux
Les instincts primaires correspondent aux deux premiers niveaux de la pyramide de Maslow, car ils sont liés à la survie biologique et à la sécurité, un manipulateur va s’infiltrer dans ces « faiblesses » et besoins:
- Besoins physiologiques :
- L’instinct de faim pousse un individu à chercher de la nourriture.
- L’instinct sexuel est essentiel pour la reproduction et la survie de l’espèce.
- L’instinct de sommeil permet la récupération du corps.
- Besoins de sécurité :
- L’instinct de fuite ou de défense face au danger assure la survie (réaction de peur face à un prédateur, instinct de protection des parents envers leurs enfants).
- L’instinct territorial amène les humains et les animaux à défendre un espace ou une ressource.
Ces instincts sont innés, présents chez tous les êtres humains et même chez les animaux, on voit bien l’usage simple qui peut en être fait, comme l’utilisation de la peur.
3. Béhaviorisme et les besoins acquis
Les niveaux supérieurs de la pyramide (besoins sociaux, estime et accomplissement personnel) sont souvent influencés par l’apprentissage et le conditionnement, qui sont au cœur du béhaviorisme.
- Besoins sociaux (appartenance et amour) :
- Un enfant apprend à socialiser en observant ses parents et en recevant des récompenses ou punitions pour ses comportements (conditionnement opérant).
- Dans un groupe, un individu peut modifier son comportement pour s’intégrer (ex. : apprendre à sourire pour être accepté).
- Besoins d’estime :
- Une personne qui reçoit des éloges après un bon travail aura tendance à vouloir reproduire ce comportement (renforcement positif).
- Si quelqu’un est moqué après un échec, il peut perdre confiance et éviter certaines situations (renforcement négatif).
- Besoins d’accomplissement personnel :
- La motivation à apprendre un instrument, à exceller dans un sport ou à entreprendre un projet peut être influencée par l’environnement (exemple : un professeur encourage un élève, qui persévère grâce à des renforcements positifs).
4. Interaction entre instinct et apprentissage
- Un besoin primaire peut être renforcé par l’apprentissage :
- Un bébé à l’instinct de succion, mais il apprend avec le temps à reconnaître les signes indiquant qu’il va être nourri (béhaviorisme).
- Un comportement appris peut influencer un besoin primaire :
- Une personne peut modifier ses habitudes alimentaires en fonction de la culture et de l’éducation, bien que l’instinct de faim soit universel.
- L’auto-discipline et le dépassement des instincts :
- Grâce au conditionnement et à l’apprentissage, un individu peut contrôler ses instincts (exemple : un moine pratiquant la méditation pour surmonter la douleur ou la faim).
L’apprentissage par renforcement, en proposant plusieurs fois les mêmes types d’assertions, vont créer des comportements, des réflexions qui deviennent habituels.
L’instinct primaire est la base de nos comportements liés à la survie (bas de la pyramide de Maslow), tandis que le béhaviorisme explique comment nous apprenons et adaptons nos comportements pour satisfaire des besoins plus complexes (appartenance, estime, accomplissement). Les deux approches se complètent pour expliquer comment les humains agissent et évoluent dans leur environnement.
Jouer, sur la peur , le sentiment de déclassement, flatter le sentiment de territoire national, participent de l’utilisation de ces connaissances sur les comportements types et les ancrages profonds. En répétant ces appels aux besoins profonds, la sécurité, par exemple, on conduit les individus à se penser en danger et à vouloir se protéger en adhérents aux thèses proposées par exemple.
Partant de cette connaissance nous voyons bien comment les stratèges des relations publiques ont su en tirer partie pour mettre au point des stratégies marketing, commerciales et politiques.
Les expériences de Milgram, Zimbardo et Jones , la soumission aux injonctions de l’autorité.
Il est des expériences qui marquent une génération.
Alors qu’Annah Arendt dans son ouvrage Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal 1963, tentait de comprendre ce qui permettait à un homme normal, sans psychose particulière, de devenir un bourreau, des expériences menées sur des étudiants sélectionnés par petites annonces allaient secouer nos convictions.
L’expérience de Milgram (1961) visait à étudier la soumission à l’autorité. Des participants, dans le rôle d’enseignants, devaient administrer des chocs électriques à un élève (complice) en cas de mauvaise réponse. Sous la pression d’un expérimentateur en blouse blanche, 65 % des participants sont allés jusqu’au choc maximal de 450 volts, malgré les cris simulés de douleur. Cette expérience a démontré que l’autorité peut pousser des individus à commettre des actes immoraux, même contre leur propre conscience.
L’expérience de Stanford (1971) de Zimbardo explorait l’influence des rôles sociaux en transformant des étudiants en gardiens et prisonniers dans une prison simulée. Très rapidement, les gardiens ont adopté un comportement autoritaire et abusif, tandis que les prisonniers sont devenus passifs et soumis. L’expérience, prévue pour 14 jours, a dû être arrêtée après 6 jours en raison des graves dérives psychologiques.
Vous avez aussi surement entendu parlé du film la vague de Denis Gansel en 2008. Ce film est librement inspiré d’une étude « La troisième vague » réalisée en Californie à Palo Alto par le professeur Ron Jones, en 1967, sur la façon dont adviennent les régimes autocratiques, comme le régime nazi. On retrouve la également les principes de soumission à l’autorité, et d’obéissance au groupe, à la foule.
Ces expériences montrent que le contexte et l’autorité influencent fortement le comportement humain, parfois jusqu’à l’extrême. L’obéissance aveugle et la soumission aux rôles sociaux peuvent conduire des individus ordinaires à commettre des actes injustes ou violents. Elles soulignent l’importance de la responsabilité individuelle et de la résistance à l’autorité abusive pour éviter les dérives autoritaires et les injustices.
L’apport des sciences cognitives, neurologique et biologiques.
Les sciences cognitives, celles qui s’attachent à la façon dont nous comprenons le monde, ont permis d’adapter des stratégies en vue de convaincre ou de manipuler. La compréhension plus fine des biais cognitifs en est un exemple. La neurologie également renforce cette approche en expliquant les mécanismes profonds de notre cerveau.
Biais cognitifs
La notion de biais cognitifs est arrivée avec les sciences du comportement. En étudiant la façon dont nous nous réagissons à, acceptons, tenons pour vrai, les spécialistes de cette discipline ont détectés des probabilités fortes d’acceptation ou de refus d’une proposition en fonction des règles simples comme accréditer ce que nous pensions déjà, suivre une règle par défaut qui est proposé, choisir une récompense immédiate et non différée. Ils ont appelé ses réactions spontanées les « biais cognitifs »
Voici le lien vers un article de Psychomédia qui énumère les biais cognitifs les plus courants et il y en a un certain nombre, l’auteur en relève 30.
Pour notre réflexion sur convaincre ou manipuler on devine que la mise en œuvre naturelle ou provoquée de ces biais accroît les chances d’une proposition, d’un argument, d’un comportement, d’être accepté facilement.
Prenons quelques exemples:
- Le biais de confirmation. Nous préférons toujours les informations qui confirment notre opinion.
- Le biais de simplification. Nous retenons les informations simples et facilement accessibles.
- Le biais d’optimisme, qui veut que nous préférons les informations positives et favorables. Nous n’aimons pas les informations négatives. Même si ces dernières nous attirent.
- Le biais de la répétition* : Un biais très utilisé en politique et en communication, notamment publicitaire, c’est ce que les analystes de la cognition appellent :“ les effets de la répétition sur la vérité illusoire”. Ce Biais de répétition est aussi celui utilisé dans l’éducation. Nous apprenons par coeur , et ce sera pour nous une vérité bien ancrée.
Nous verrons ci-dessous que ces mécanismes relèvent comme la plupart des biais cognitifs du fonctionnement même de notre cerveau.
*NB : De façon très résumée ce biais vient du fait que, par expérience, nous croyons qu’une vérité, une règle d’analyse, une affirmation, qui se répète plusieurs fois a plus de chance d’être vraie qu’une situation, un événement qui n’a qu’une seule occurrence.
Je vous conseille cette article sur les effets de la répétition et un cas pratique celui de D.Trump décrit dans un article du monde où est analyser la stratégie des discours de D,Trump . (accés autorisé aux abonnés de Le Monde) En résumé, des mots simples répétés mille fois, l’utilisation de fausses nouvelles. La répétition des idées et des exemples pour convaincre même d’un mensonge.
Il y a de très nombreux biais cognitifs. Voir cet article : https://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/biais-cognitifs
Neurologie et fonctionnement du cerveau
Le fonctionnement du cerveau explique que nous ayons des biais cognitifs communs à tous les humains.
Daniel Kahneman, montre que le cerveau fonctionne selon un système dual de pensée Il y cohabite, et quelques fois entre en lutte, deux systèmes de pensée, chacun étant adapté a un besoin différent pour agir, choisir, décider, notamment selon l’urgence.
- Système 1 (pensée rapide, intuitive, automatique)
- Fonctionne de manière inconsciente et rapide
- Repose sur des associations et des heuristiques
- Impliqué dans les biais cognitifs car il privilégie l’efficacité à l’exactitude
- Système 2 (pensée lente, analytique, contrôlée)
- Mobilise l’attention et l’effort cognitif
- Moins sujet aux biais mais plus énergivore
- Souvent contourné par le cerveau pour économiser de l’énergie
D’autres parties du cerveau jouent un rôle majeur comme l’amygdale qui gère l’émotion et la peur. Elle joue un rôle clé dans les réaction émotionnelles rapides du système 1, et renforce le biais de négativité, ou de fuite, de déni, même si nous sommes attirés par les informations menaçantes.
Le lobe préfrontal : la rationalité et l’autorégulation . Il tente de contrôler des impulsions et la prise de décision logique en mettant en action le système 2, il est sensible au stress, à la surcharge mentale, à la fatigue.
Enfin le circuit de la récompense, le striatum, il est impliqué dans les comportements répétitifs, les addictions comme celles que nous avons aux réseaux sociaux, ou aux fausses nouvelles. C’est un moteur du biais de confirmation.
L’amygdale et le cortex orbitofrontal influencent la perception des valeurs et la première information reçue devient un point de référence, c’est ce qu’on appelle l’effet d’ancrage. Très utilisé en vente, il explique pourquoi les prix initiaux influencent nos décisions d’achat.
Le biais d’optimisme est lui activé par l’hippocampe et le cortex cingulaire antérieur qui favorisent la suppression des scénarios négatifs et permet de maintenir une motivation élevée mais peut mener à des décisions risquées.
L’amygdale et le système limbique favorisent l’attirance pour les stimuli familiers, ils expliquent pourquoi nous avons tendance à préférer ce que nous avons déjà vu plusieurs fois, d’où la stratégie de répétition en politique, même d’une fake-news.
Après avoir parcouru ce qui constitue nos mécanismes de penser individuelles, il faut s’intéresser à la mise en oeuvre des ses connaissance dans nos techniques de discours modernes
L’analyse du comportement des foules selon Le Bon.
Gustave Le Bon publie en 1895 un livre intitulé “Psychologie des foules”
Les conceptions de Le Bon nous conduisent à l’idée que l’individu se retrouve en groupe. Et que lorsqu’il intègre ce groupe, il perd certaines de ses caractéristiques réactionnelles en tant qu’individu, et acquiert une appartenance particulière.
Le Bon comprend que les foules ont une forme de corps social. C’est la découverte d’une autonomie de la foule, et de la soumission de l’individu à la foule, une forme de dissolution de l’individu dans la foule, qui adoptera des comportements qu’il n’aurait pas eu seul. Idées et émotions se propagent très vite dans la foule.
Enfin une foule est facilement manipulable par des leaders qui jouent sur les émotions et moins sur la raison.
Les décisions prises par une foule sont donc plus dans l’irrationnel que le rationnel, dès lors que des meneurs en prennent le contrôle la foule est difficilement maîtrisable.
Le Bon montre que les foules peuvent être destructrices (émeutes, lynchages, révolutions irrationnelles) ou constructives (mouvements sociaux, mobilisations pour des causes justes).
Ses idées restent d’actualité on les voient à l’oeuvre notamment dans les exemples suivants :
- Réseaux sociaux : propagation rapide des idées, cancel culture, fake news, harcèlement.
- Émeutes et manifestations : réactions collectives parfois violentes sous l’effet de la foule.
- Propagande politique : discours populistes, simplistes et émotionnels influençant les masses.
- Bulles financières : emballement irrationnel pour certaines tendances économiques.
L’avènement des techniques globales de manipulation en politique.
Les précédentes techniques décrites portent sur la façon dont nous réagissons, ce qui est inné , c’est à dire lié a notre ADN, et ce qui est acquis par l’individu , dans son apprentissage, ou acquis par notre connaissance collective du monde. Elles portent donc sur l’indivudu.
Il faut donc maintenant s’intéresser aux techniques qui concernent les groupes d’individus, une société , un pays dans son ensemble. Toutes ses techniques s’appuient sur les comportements individuels, même si les individus en foule ont leur propre comportement lié à la foule.
Pour illustration, nous avons choisi d’étudier un axe majeur d’utilisation des techniques de manipulation autour du discours politique. Il reste que toutes ses techniques s’appliquent également dans bien d’autres situations, entreprises, religions …
Néo libéraux et illibéraux en économie politique contre la démocratie.
Illibéralisme
Le libéralisme économique est celui de la liberté individuelle et du choix rationnel des acteurs économiques.
La main invisible d’Adam Smith , celle qui assure l’équilibre des marchés dans la mécanique de l’équilibre de l’offre et de la demande autour d’un prix en est une règle fondamentale. Si chaque acteur fait un choix rationnel alors le marché s’équilibre.
Les principes posés par l’économie politique comme la supposée rationalité de l’homo-oecumenus ont conduit au rejet total de cette rationalité supposée par illiberalisle. En effet, très peu d’agents économiques agissent spontanément de façon rationnelle, seule garantie de vraies équilibres et du bon fonctionnement envisagé par l’économie politique libérale.
Une fois ce constat fait, il faut donc imposer de fait la rationalité économiques aux acteurs économiques selon deux voies, l’autoritarisme et l’ultra libéralisme. Il faut donc décider, à leur place ou les forcer à avoir un type de comportement conforme à la logique économique par tous moyens utiles, soft par des incitations , ou hard par des obligations.
Pour redonner de la fluidité aux marchés et permettre à la concurrence de s’exprimer, il faut supprimer toutes les barrières légales.
La démocratie devient alors un handicap aux yeux des illibéraux.
Mon sujet n’est pas de montrer l’inanité de ses théories économiques, mais de montrer comment elles vont fonctionner en déstabilisant la démocratie , puis en obligeant une dérégulation totale qui permettra d’asservir les forces sociales et politiques autour d’une caste d’homme de pouvoir. De la Russie à l’Inde ou l’Argentine, entre Poutine à Mileï en passant par Orban ou Modhi, la technique est la même et nous en avons de tristes exemples.
Comment procède l’illibéralisme ou Comment discréditer la démocratie ?
On peut résumer l’action des tenants de l’illibéralisme en deux actes.
Acte 1 : Décrédibiliser la démocratie.
- On utilise le slogan du “tous pourris” . Diffuser l’idée que la démocratie ne marche pas, que nous vivons dans un complot permanent et qu’à la fin nos responsables politiques sont bien “pourris” et indignes de confiance.
Tout est bon, vrai ou faux, pour impliquer un homme politique par ses faiblesses, erreurs, bassesses et discréditer tout ce qu’il fait ou dit. Nous avons des exemples très récents. On ne laisse pas la justice enquêter, on discrédite d’abord, aucune présomption d’innocence ou relativisation de la gravité des faits.
Qu’ils soient fondés ou non n’a aucune importance. On ne s’excusera pas de ses erreurs..
- Arrive alors le nationalisme et la chasse à l’identitaire.
On cherche à mobiliser des groupes d’individu par une de leurs caractéristiques, immigrés, étrangers, LGBT+ ,… , à les soutenir, même faussement, pour donner à chaque individu, le sentiment d’une appartenance un un groupe et de victimiser ses membres ou de les désigner comme coupable de nos malheurs.
On s’appuiera surtout sur le « ressentis » ou les « réalités apparentes » peut importe.
Ce sont ces mécanismes qui désignent les boucs émissaires, les communautés honnies.
Apparaît alors le citoyens national et conforme, non déviant, patriote… qui s’identifie bien dans son groupe.
Acte 2: Etablir un pouvoir autoritaire auto-entretenu.
- Régénérer un culte de la personnalité, grâce à un désordre existant, éventuellement fantasmé ou pire organisé, provoqué, pour rassurer ensuite avec un homme providentiel. (Technique de l’arrivée au pouvoir de Poutine, très bien montré par le livre “Le mage du Kremlin” de Giuliano da Empoli.)
- S’appuyer sur le faux peuple , le faux peuple c’est celui qu’on utilise pour montrer qu’on a raison , sans tenir compte du principe de représentativité. Par exemple en utilisant un mouvement, une opinion liker sur les réseaux sociaux.
- Créer une machine électorale, pour gagner par tous les moyens des élections, du bourrage des urnes , en passant par l’achat direct ou indirecte de voies , la diffusion de fausses nouvelles…En cas de perte lancer la contestation de toutes élections qui accentue le sentiment du « on nous ment, tous pourris »
Acte 3: L’arrivée au pouvoir : Créer une forme de Chaos: Désactiver les protections de la démocratie , Déréguler les activités , saturer l’espace public et médiatique,
- Il faut alors rendre impossible un retour arrière et pour cela on utilisera l’attaque systématique des organes de protection de la démocratie, séparation des pouvoirs , cours suprême, organe de protection des citoyens.
- En supprimant, sous le prétexte des libertés individuelles, les règles de régulation et de contrôle dans tous les domaines, on libère les contraintes imposées aux extrêmes, économiques, politiques et on génère un chaos qui paralyse les organisations humanistes ou démocratiques.
- Pour imposer le plus vite de nouveaux paradigme, il faut imposer un rythme insoutenable de changement et de mise en cause , auprès de l’opinion publique et des médias. Chaque mesure annoncée servant de paravent ou de diversion aux autres. Les opposants ne sont plus en mesure de contester et d’organiser une riposte point par point. Ils sont dépassés.
Manipulation politique : Analyse du processus numéro 1 du discours partisan.
La matière politique est-elle si spéciale ?
En tous cas vous pourrez remarquer que très souvent elle va utiliser des principes récurrents. Principalement elle utilise quelques techniques de construction et de structurations du discours politique qui sont assez facilement reconnaissables.
Nous les nommons ici par deux verbes, « Essentialiser », « Polariser » et deux actions qui vont s’en déduire ou s’en suivre « trianguler » ou « projeter ».
Ces trois ou quatre temps du discours politique vont principalement permettre de créer un discours de conviction. qui va entrainer une modification des comportements des individus et démontrer une forte efficacité politique, même dans le camp adverse.
Essentialiser
Essentialiser , réduire à sa seule identité, faire d’une caractéristique, humaine par exemple, couleur de peau, sexe, l’alpha et l’oméga de l’explication de nos actes, de notre pensée, du fonctionnement du monde.
De même avec une identité ou un groupe social, les migrants, les arabes, ou avec une pratique sexuelle. Un des archétype repoussoir d’une essentialisation multiple est « le Mâle, blanc, hétérosexuel de plus de 50 ans ». Ainsi est créé un groupe identitaire qui va servir à essentialiser l’explication de l’état du monde , des combats , des échecs des autres groupes identitaires, et même d’une forme de bouc émissaire.
L’essentialisation identitaire est par définition clivante, vous êtes dedans ou dehors.
L’essentialisation permet ensuite de réduire le monde et de l’expliquer au travers de cette identité essentialisée. Prenons comme exemple le féminisme, donc l’essentialisation par le sexe. Nous pourrions dire par exemple : « Puisque les femmes sont des êtres qui donnent la vie , elles ont, de façon innée ou acquise, des caractéristiques psychologiques, qui les portent au soin, à l’attention permanente à leur environnement…« . Peut être, admettons que oui, partons de ce principe adopté par une partie du féminisme. Nous pourrions en conclure : » qu’elles ont donc une meilleure capacité que les hommes à comprendre et à résoudre l’état du monde, à lui porter plus de soin, et à comprendre la réalité de son écosystème« .
Voilà l’Eco-Féminisme est né, par nature les femmes sont plus à même que les hommes à bien se conduire vis à vis du vivant, à résoudre les questions écologiques en prenant pleinement conscience de leur féminité.
! Il ne s’agit pas de nier des réalités, ou de commencer une polémique mais simplement de voir ici la mécanique proposée par l’essentialisation. En effet, de
l’essentialisation du sexe on déduit une compétence, une explication, opposable à tous et dans presque toutes les situations.
Un exemple pris dans le discours d’extrême droite:
“… Vous n’avez pas de travail, c’est parce que les immigrés prennent le vôtre”, sous-entendu ce n’est pas parce que vous êtes mal formés , ou trop âgés, ou qu’il y a très peu de postes, ou que nous sommes en récession…
Ou « … Si il y a un déficit de la sécurité sociale c’est à cause de l’argent donné aux immigrés« , sous entendu ce n’est pas parce que vous sur-consommez des médicaments , ou que la population vieillit…
Bien que l’argent donné et le travail revenant aux immigrés puissent avoir un impact, on ne mesure pas, on n’évalue pas , la seule cause évoquée ou suggérée est celle-là.
Essentialiser est le point de départ le plus simple pour la suite, polariser.
Polariser.
Essentialiser peut permettre la mise en œuvre d’une deuxième technique qui s’enchaîne avec l’essentialisation ; la polarisation.
Polariser c’est réduire tous les sujets d’une discussion, ou un très grand nombre de sujets, à une opposition totale entre deux points de vue, ou entre deux clans, réputés irréconciliables d’office.
L’essentialisation ayant montré son efficacité, Il est simple de réaliser des Clash, des disputes violentes, de manier les insultes, qui en utilisant les émotions comme la colère, la haine, la jalousie, vont rendre les oppositions étanches aux critiques, interdire toutes négociations, ne laisser aucune place au(x) doute(s).
Dès lors une concession est une trahison, un compromis devient une soumission.
Le résultat en est la détestation mutuelle, ad hominem ou contre un groupe plus ou moins identifié.
La haine raciale, de classe, sexiste, remplace tout jugement ou appréciation et discussions des positions de chacun. “Vous avez trahi les classes populaires, en ne faisant pas barrage à l’extrême droite vous reniez vos origines.” ou encore “En refusant de voter la loi travail vous condamnez des milliers de salariés, et vous satisfaites le patronat archaïque, les hyper riches sont heureux avec vous.” ou “ Cette loi laisse des meurtriers et des violeurs dans les rues”.
Il est aussi évident que la discussion dans une assemblée politique, pousse aux excès, parfois animée par des stratégies personnelles, électorales. Et que dans toute l’histoire des parlements démocratiques les poussées de fièvre sont communes. Néanmoins en polarisant excessivement la vie politique , on ne laisse aucune chance à une réflexion apaisée et constructive, à des compromis, ou à la recherche de solutions innovantes.
En politique nous assistons très régulièrement à ces polarisations, mon seul propos est d’en montrer les limites et la nécessaire compréhension des causes-effets qui permet de bien identifier les moments et les origines.
Cette rhétorique polarisante n’a pas comme seule vocation le test des équilibres, des rapports de force, afin de préparer un compromis. Pour que cela soit vrai il faudrait qu’elle aboutisse à une négociation, mais en réalité elle a bien comme objectif de radicaliser les opinions. C’est une technique essentiellement manipulatoire.
Triangulariser ou Projeter.
Il reste qu’en polarisant , on clive et que du coup une partie des exclus de votre camp pèse sur votre capacité à regrouper suffisamment de voix et d’opinions favorables en vue d’un résultat.
La prochaine étape c’est donc d’utiliser, cette polarisation à son profit.
Pour rendre inopérant les arguments de l’adversaire on peut d’utiliser une des deux techniques suivantes :
- La triangularisation est une technique qui consiste à s’approprier les arguments de son adversaire pour les retourner contre lui ou faire perdre a ses arguments leur aspect exclusif. Pour cela on peut changer le périmètre de la question.
Par exemple dans un débat sur l’écologie nous allons nous approprier les arguments écologistes en disant , « Nous sommes bien-sûr pour une écologie, locale, celle des circuits courts qui montre bien la force et l’importance du terroir et des bons produits Français« . - La projection est une autre technique qui consiste à utiliser les arguments de son adversaire pour se mettre en valeur, marquer ainsi l’aspect universel et donc non pertinent de l’argument dans le clivage cherché, par exemple en disant « Qui n’est pas écologiste, nous aimons et nous respectons tous la nature ? »
De la même façon , en projetant, en généralisant un argument apparemment contraire, il est possible d’atteindre une proposition absurde qui paraîtra idiote ou impossible voire burlesque et de conclure par exemple. » finalement vous nous dites que nous préférons nos enfants à nos voisins. Mais alors cela veut dire que nous sommes tous des racistes… »
En utilisant des arguments purement rhétoriques, trianguler et, ou projeter vont permettre de transformer un ou des arguments apparemment forts du discours adverse en argument favorable à sa propre thèse. Souvent c’est une question de renversement de l’énoncé ou de travestissement des intentions.
L’adversaire perdant ses arguments, le pari pourrait être de réussir à convaincre ses partisans de la non validité des arguments qu’il utilise et de tenter de convertir ces partisans.
En fait, très souvent, ce n’est pas le but recherché, cette façon de faire vise surtout à renforcer ses propres partisans dans la croyance qu’ils ont fait le bon choix, en montrant que les arguments des adversaires ne leur sont pas exclusifs et, ou clivant.
La fenêtre d’Overton (Joseph Overton) ou comment dépasser les limites en politique ?
Le concept de fenêtre d’Overton est récent, il apparait dans les années 1990, c’est Joseph Overton qui l’exprime le premier vers 1980. Depuis d’autres travaux similaires ont été faits et proposent cette idée de ramener dans le champ du normal ou de l’acceptable, ce qui au départ apparait comme impossible ou insupportable, déviant, absurde.
ChatGpt définit ainsi le concept de Fenêtre d’Overton. (Sources ChatGpt. Prompt : “ La fenêtre d’Overton”, 5/03/2025) :
“ La fenêtre d’Overton est un concept qui décrit la gamme d’idées acceptables dans la société à un moment donné. Ce qui est en dehors de cette fenêtre est perçu comme trop radical ou inacceptable. Mais cette fenêtre peut bouger avec le temps, sous l’influence des médias, des politiciens ou de l’opinion publique. Ainsi, une idée autrefois impensable peut devenir normale et même être adoptée par la loi.”
Pour permettre ce déplacement des idées de l’inacceptable vers l’acceptable Joseph Overton propose des étapes par glissement.
Les étapes du déplacement dans cette fenêtre sont décrites alors celle-ci :
- Impensable (Tabou, interdit)
- Radical (Extrême, choquant, inacceptable)
- Acceptable (Commence à être discuté)
- Sensible (Débat structuré, arguments rationnels)
- Populaire (Soutenu par une partie significative de la population)
- Politique en vigueur (Adopté par les institutions)
L’élargissement de la fenêtre d’O. devient la stratégie courante des communicants.
La réalité de cette règle est contestée, mais elle en dit long sur cette logique manipulatrice. Elle consiste à tester les limites supportées par l’opinion publique en agrandissant toujours un peu plus le champ de ce que peut accepter cette opinion.
Par exemple, en disant que les chambres à gaz sont un détail de l’histoire , Jean-Marie Le Pen a atteint une des limites de la fenêtre à l’époque , mais lorsqu’il lance « la préférence nationale » , il élargit considérablement le champ des possibles à dire. Il a agrandi la fenêtre d’Overton.
Scientifiquement il reste que définir « l’opinion publique » est une gageure et que l’acceptation d’une idée repose sûrement sur le fait qu’elle est déjà présente, au moins peut-elle être mesurée.
Il est vrai que certaines idées tabous à une époque le sont moins ou plus du tout, quelque temps plus tard simplement parce que les mœurs évoluent.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fen%C3%AAtre_d%27Overton)
La technique dite du ballon d’essai, très couramment utilisée en politique par un gouvernement, par exemple, relève pour partie de cette technique.
La suite dans la Partie 2 .
Dans la suite nous allons étudier les usages récents avec Internet, les médias, et les réseaux sociaux des techniques de manipulation. Fabrique du mensonge, du consentement ou du dissentiment ?
Le monde de la vérité alternative ou illusoire, entre Trump, roi du mensonge et Poutine roi du chaos, que devons nous faire ?
Annexes
Lexique.
Nous reprenons ici quelques termes qui permettent de préciser le champ lexical dans lequel se situe cette étude.
Discours et énoncés
À l’origine il y a le discours, celui qui nous parvient sous la forme d’un énoncé, ou d’une suite d’énoncés, qui se veulent normatifs, explicatifs, et dont les contenus peuvent être scientifiques, politiques, artistiques, historiques, que sais je ?
Le discours recouvre un certain nombre d’énoncés assertifs, exclamatifs ou interrogatifs.
La performance de l’énoncé peut être de plusieurs types : informatif, argumentatif, poétique …
Elle traduit alors son objet , sa performance est induite par son objet . nous pouvons dire que l’énoncé réalise son objet, il performe.
Médiums et Médias.
Pour se diffuser, un énoncé, un message, a besoin d’un lieu, un moyen, un moment où il s’expose à un public. Le discours qui porte un message a besoin d’un support, nous dirons un médium. (journal, livre, télévision, radio, enseigne et désormais le web et ces outils sites, réseau sociaux…)
Un médium est donc un support de diffusion quel qu’il soit. Pour la diffusion des messages, outre la parole portée dans les agora(s) ou meeting, nous avons besoin des supports de diffusion massifs comme, la télévision, les réseaux sociaux, la presse écrite,.. .
Mac Luhan, linguiste canadien, dira : «le message c’est le médium» en effet le type de médium est en soi l’expression d’un rapport au monde, à la connaissance, d’une forme de pensée. Dans ses réflexions il distingue les médiums dits “chauds” ceux qui font appel à un sens en haute définition , la radio, le cinéma, des médiums dits froids comme le téléphone ou la télévision par exemple. L’utilisation des médiums dits chauds a un impact considérable sur notre cerveau, il confuse les sensations et modèle le message, comme le fait très bien le cinéma.
Les médias sont les organes, organisations, qui utilisent et gèrent les médiums.
Dans le langage courant, les deux termes, médium et média sont souvent utilisés pour le même usage.
Déconstruire
Tout énoncé s’inscrit dans un ensemble d’autres énoncés qui constituent, en quelque sorte son environnement, ses références.sa terre nourricière.
Jacques Dérrida, Michel Foucault, et bien d’autres “déconstructeurs”, ont montré le rôle primordial de ces ensembles de références sous-jacentes qui structurent ou définissent un mode de pensée, une culture , un champ de pouvoir. Ainsi et surtout dans ce qui nous paraît si évident à dire, à penser , se cache une origine, une vision du monde, une structuration du champ cognitif. Nous y reviendrons pour éclairer le sens, les efforts de vérité et ne pas sombrer dans un nihilisme ou un complotisme.
Références :
- l’art d’avoir toujours raison, Schopenhauer : https://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/l-art-d-avoir-toujours-raison.pdf
- Pour comprendre les médias, Marshall Mc Luhan,Elise Chauvat (8 avril 2016).
https://acolitnum.hypotheses.org/523 - Abraham Maslow (https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Maslow)
- article de Psychomédia , les biais cognitifs
Bibliographie :
- Gustave LE BON : Psychologie des foules”, nouvelle édition Quadrige 2013, première édition en 1895.
- Edwards Bernays , “Propaganda” , Presse de la fondation nationale des Sciences Politiques 2018, Première publication 1929.
- Marshall Mc Luhan, “Pour comprendre les médias,”
- David Chavalarias, “Toxic Data” 2018 , Directeur de recherche CNRS, au centre d’analyses et de mathématiques sociales, et directeur de l’institut des systèmes complexes de Paris.
Émissions Tv ou radio :
Ingénierie du Chaos : Les ingénieurs du chaos, quand les réseaux manipulent nos opinions | France Inter , Zoom Zoom Zen, Mathieu Noel, autour du livre Toxic Data, de D. Chevalerias.
Paul de l’Isle.
SUITE Partie 2 : De la manipulation , la vérité alternative , la fabrique mensonge crédible.
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