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ToggleJoyeux 2025.
Finalement en passant cette année 2024, 2025 nous fait réaliser que nous sommes déjà au premier quart de ce 21ème siècle.
Que nous apprennent ces 25 premières années ?
Le rêve de l’avant 2000.
Quand nous avons passé l’an 2000, nous étions encore tout émerveillés de cette fin de 20ème siècle qui avait été une période bénie de paix et de prospérité pour une majorité de pays de l’hémisphère Nord. Bien sûr nous savions , les passions tristes et les drames du début du siècle avec ses deux guerres mondiales. Mais les promesses de la science et de la technologie, même si elles nous avaient amené la bombe atomique, avaient enchanté notre monde, l’aviation, la télévision, l’homme sur la lune, la voiture individuelle, le téléphone portable.
Nous connaissions mieux la réalité du monde, physique, biologique, ses secrets nous paraissaient enfin se dévoiler même si les plus savants d’entre nous mesuraient la relativité et les nombreuses limites de nos connaissances.
Nous n’avions que peu de doute sur notre vision du monde , sa justesse, le mérite de notre conception universelle, qui apportait paix et prospérité. L’amélioration fulgurante de l’état de santé des hommes sur la planète qui se diffusait sur tous les continents et dans toutes les nations, les avantages de nos technologies et de nos connaissances, tels que l’occident les avaient conçus puis utilisés pour dominer le monde, allaient triompher pour le bien de tous. Rien de tout cela n’apparaissait comme une folie, comme finissant ou même dangereux.
Alors dans un rêve encore plus fou nous imaginions que cela continuerait presque éternellement. Nous lisions les progrès de la démocratie, de la science, des idées de liberté, d’égalité, dans un miroir sans tain où le reste du monde nous observait pantois, en colère, parfois désabusé, et au fond triste. Alors ce rêve est devenu un cauchemar.
Les premières , les jeunes générations de cette époque mesuraient bien les limites du consulmérisme, de la violence de la colonisation, du racisme, du pouvoir blanc. il y a eu mai 68, il y a eu le pop-art, il y a eu la “french theory” et les beatnik ou hippies mais rien n’y fit, la grande illusion perdurait.
Cela ne veut pas dire que tout disparaît ou s’effondre, cela veut juste dire que nos yeux commencent à s’ouvrir sur la réalité du monde. Cela veut dire que la mer se retire découvrant le sable. Que la carte enfouie apparaît à certains moments, à certains endroits.
Cela ne veut pas dire que tout ce que nous avons cru ou fait soit mauvais ou à supprimer, mirage de la cancel-culture, cela veut dire que nous devons réévaluer notre compréhension du monde et de son évolution, le progrès n’est plus cette notion universelle qui justifiait tout. Non pas que le progrès soit en soit une mauvaise chose , mais que ce que nous considérions à un moment donné comme le progrès, doit être réévalué , débattu, orienté différemment. Le progrès lui-même ne peut plus être la mesure de toute chose, l’orientation de nos volontés, la clé de notre vision du monde en évolution. Ce progrès des lumières doit être à son tour déconstruit.
A la fin du 20éme siècle et dans les premières années du 21éme siècle, notre mauvais rêve, si j’ose dire, s’effondre donc.
C’est le premier fait notable.
Qu’avons nous compris depuis l’an 2000 ?
En 1990 le GIEC a publié son premier rapport en 3 groupes de travail.
Groupe de travail I – Évaluation scientifique de l’évolution du climat; Groupe de travail II – Incidences potentielles de l’évolution du climat; Groupe de travail III – Formulation de stratégies de parade.
Et c’est en 2003 qu’a lieu la première COP (Conférence des parties) en 1995.
Quand débute le 21ème siècle nous savons que le problème est grave et que nous allons devoir agir, et ça commence plutôt bien puisque qu’en 1997 est ratifié le protocole de KYOTO, le premier traité contraignant pour les parties. En 2002 ce protocole entre en vigueur. Première vraie victoire.
A force de persuasion depuis 1995 , il y a eu 21 COP. L’une des plus importantes fut celle de Paris en 2015. Lors de cette conférence les États du monde décident de faire tout leur possible pour limiter le réchauffement à 2 degrés et si possible le maintenir à 1,5 degré.
Mais nous sommes déjà en 2015 et pour arriver au 1 janvier 2025 , il ne reste que 10 ans.
2018, une jeune fille de 15 ans nous interpelle, à La Tribune des Nations-unis. “Comment osez-vous ?”
Durant ces 10 années, la prise de conscience s’accélère , tellement d’ailleurs que les acteurs économiques puis politiques s’inquiètent des conséquences objectives de tous ces efforts.
- Les pays à fortes émissions de carbone, US, Chine, Inde , Afrique, Moyen-Orient et disons le sud global, qui mesurent alors la somme des efforts, notamment financiers et techniques et l’ensemble des contraintes qu’imposent des réductions drastiques de l’usage des énergies fossiles sur leur développement, résistent. Les pays les plus pauvres commencent alors à parler de compensations financières de la part des pays riches, puis demandent des aides à la transition énergétique et à l’adaptation climatique.
- Dans les pays très développés, même si la décarbonation peut être considérée comme réellement en route, les conséquences des modifications d’usage et de production , sur la voiture par exemple en passant à la voiture électrique, ou sur l’agriculture en diminuant fortement les intrants et en produisant moins et plus local, provoquent la résistance des industriels, des agriculteurs et de la population dans son ensemble. Le mouvement des gilets jaunes en France nait d’une augmentation prévue de la taxe carbone sur les produits pétroliers.
Nous avons compris qu’il fallait agir mais nous avons peur.
C’est le deuxième fait notable.
Heureusement nous nous sommes dotés d’un organe mondial de réflexion, de négociation et des engagements réels ont été pris par chaque État pour atteindre des objectifs chiffrés.
Très logiquement s’ensuit une période de doutes et d’hésitations qui montre que nous n’avons pas su convaincre suffisamment et, peut être plus grave, que nos façons de faire doivent être interrogées. Car si elles provoquent autant de résistance, outre le fait que ce soit normal étant donné l’importance et la pression que nous mettons sur ces efforts, c’est aussi parce que nous avons confondu idéologie et rigueur politique et scientifique. Nous n’avons pas besoin de slogan, nous avons besoin de choix et de réflexions ouvertes. Tout ce qui permet de décarboner, de réduire les usages excessifs, d’intégrer la prise en compte de la dette climatique, de la rareté des ressources et donc de leur économie, au sens premier du terme, est utile et doit être mis en avant.
En fait, aujourd’hui nous avons fait une partie importante du chemin. Les premiers résultats des efforts sont bien là, dans les pays très développés, mais aussi dans les pays en émergence , comme la Chine , ou l’Inde. Leurs populations y sont d’ailleurs pour beaucoup. Les Chinois ou les Indiens vivant en ville ont bien compris que des limites avaient été dépassées.
Sans sombrer dans un techno-solutionnisme, ce qui serait une très grave erreur, nous pouvons affirmer que les technologies bas-carbones et les initiatives économiques climatico-responsables se développent très vite, et des progrès gigantesques sont faits … même aux US.
C’est le troisième fait notable.
Ces efforts ne sont certes pas suffisants et surtout il semble que certains pays souhaitent les remettre en cause ou les différer, à commencer par les US. Cette tendance est naturellement générale. Dans tous les pays, pas seulement européens, les partis populistes progressent en surfant notamment sur le rejet des contraintes imposées par les accords comme celui de la COP 21 dit accord de Paris , mais aussi des réglementations visant à protéger les consommateurs et à préparer l’adaptation climatique et la décarbonation.
Que faire ?
Nous avons renoncé à notre rêve égoïste et dangereux, mais nous peinons à imaginer l’avenir.
Nous avons compris qu’il fallait agir, mais nous avons peur.
Nous avons trouvé et nous cherchons encore des voies et moyens pour l’avenir.
Jacques Attali, dans un podcast “Sens politique, – nous vivons un chaos comique -, avec Astrid de Villaines sur France-Culture” , formule cette question du “Que faire“ ainsi : “ supprimer tout ce qu’on produit avec des choses qui détruisent les conditions de vie de nos petits-enfants,… les énergies fossiles, le sucre artificiel, toutes les formes de drogues … 60%, du PIB mondial… sanctuariser des activités de l’économie de la vie : La culture, l’éducation, la santé,… et faire que l’économie de la vie soit plus rentable que l’économie de la mort,…. taxe, réglementation, fiscalité, … Un coût de 7 à 8% du PIB mondial.” dit-il. C’est à notre portée.
Proposons donc d’introduire dans le capitalisme une nécessité( Spinozienne), des causes aux effets, qui induira un changement de cap. Il existe une économie moderne, possible, intégrant de nouveaux paradigmes comme celui de la “dette écologique” de nos activités humaines, comme avec la taxe carbone, les réglementations protectrices de la nature,,,, intégrant la prise en considération de la rareté, par la sobriété, l’économie systématique des ressources.
Ainsi prendre la mesure dans ce que nous produisons de ce qui abîme, de ce qui est de l’économie de la mort au profit de ce qui devient une économie de la vie, durable , soutenable, protégeant notre biodiversité, et s’adaptant aux conséquences inéluctables et néfastes du changement climatique.
Faut-il le faire par de nouvelles normes , taxes, accords ? C’est à nos organisations politiques de tous niveaux du local à l’international de le dire et de le faire .
Faut-il choisir les bons moyens, les formes acceptables qui évitent de rendre ces adaptations, ces décisions, ces mutations insupportables à la fois pour les plus fragiles, mais aussi pour respecter la nécessité de notre activité économique ? C’est de notre responsabilité collective de l’exiger et de le soutenir.
A ces questions la réponse est “Oui” :
- Il faut donc s’asseoir autour d’une table, décider de mesures immédiates mais raisonnables et efficaces.
- Il faut évaluer et réévaluer nos résultats.
- il faut Viser le moyen et le long terme,
- Soutenir ceux auxquels on demande des efforts , citoyens , entreprises, organisations politiques et sociales.
- Il faut convaincre, expliquer, reposer les termes d’un vrai débat, refuser le nihilisme, les affrontements idéologiques.
Je vous souhaite donc une bonne et heureuse année 2025. Je vous souhaite de vous inscrire dans nos projets d’avenir, là où vous êtes, simplement mais avec détermination pour que nous construisions un nouveau rêve , plus humain, solidaire, inclusif, à la mesure de nos incroyables capacités et de notre amour du monde.
Il le faut aussi pour nos enfants et petits-enfants.
Paul de l’isle.
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